Origine et histoire de l'Église Saint-Georges
L'église Saint-Georges, anciennement dédiée à saint Janvier, se situe à Saint-Jeanvrin dans le sud du département du Cher. Elle se compose d'une nef de trois travées sans bas-côtés, d'un double transept avec croisée centrale soutenant le clocher, de deux absidioles et d'un sanctuaire en plan demi-circulaire précédé d'une courte travée droite formant le chœur. La nef est couverte d'un berceau ogival à doubleaux du même profil ; le reste de l'édifice présente des voûtes en berceau plein cintre, sauf le transept nord dont la voûte d'ogive en nervures a été refaite au XVe siècle, tandis que les absidioles et l'abside sont voûtées en cul-de-four. Daté globalement du XIIe siècle, l'édifice a subi des transformations au XVe siècle, notamment le renforcement des contreforts de la nef, l'agrandissement des fenêtres des absides, la réfection de la voûte du transept nord et l'établissement d'un tombeau dans le mur nord du transept. L'église dépendait de l'abbaye de Déols et figure dans la bulle du pape Pascal II de 1115 ; elle prit progressivement le vocable de saint Georges. Parmi les interventions postérieures, on relève la reprise des fenêtres de l'abside centrale et des absidioles, le voûtement de la chapelle nord et l'ouverture d'une porte dans le mur sud de la nef au dernier quart du XVe siècle par les seigneurs de Blanchefort. À la fin du XVIIIe siècle le clocher avait disparu et son emplacement était recouvert de tuiles ; il a été reconstruit vers 1852 et les toitures restaurées en 1905, sans correspondre au plan des toitures d'origine. L'édifice est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 8 juillet 1911. La façade s'ouvre par un portail en plein cintre sans tympan, logé dans un avant-corps dont les voussures composées de trois rangs de claveaux et de deux gros boudins reposent sur des chapiteaux, dont l'un porte des oiseaux aux cous enlacés. La fenêtre centrale de l'abside, percée à la fin du XVe siècle, conserve un vitrail de la même époque représentant l'archange Gabriel et la Vierge Marie, et porte les armes de la maison de Blanchefort, seigneurs de Saint-Jeanvrin de 1485 à 1606 environ. Dans la nef subsistent une fenêtre de chaque côté ; une seconde fenêtre au sud a été bouchée lors de l'ajout de la sacristie. La fenêtre encore ouverte est soutenue par deux colonnettes aux chapiteaux sculptés de feuillage et de têtes, et sa voussure torique est encadrée, au-dessus, de petites têtes d'hommes ou d'animaux. La chapelle nord abrite un tombeau armorié des Blanchefort qui est sans doute celui de François de Blanchefort, chambellan du roi, mort en 1540 ; il aurait été édifié par son fils Gilbert de Blanchefort, seigneur de Saint-Jeanvrin et baron de Sainte-Sévère, époux de Marie de Créquy, mort en 1580, qui avait longtemps habité à Saint-Jeanvrin. Sur le mur nord-est séparant la nef du transept, une fresque représente une crucifixion : le Christ sur la croix est entouré des deux larrons, la Vierge est à gauche, saint Jean à droite, Marie-Madeleine est agenouillée au pied de la croix, et le soleil et la lune figurent au-dessus. Un grand personnage en habit épiscopal pose la main sur l'épaule d'un donateur agenouillé ; il pourrait s'agir de l'abbé Hubert de Prie, cousin des Blanchefort, et de son patron, l'évêque de Liège Hubert. Sous cette composition, dans un cartouche appartenant à une autre scène, figurent un homme et une femme nimbés tenant une croix. Le transept est relié à la nef par des arcades en plein cintre : le croisillon sud est voûté d'un berceau brisé, tandis que le croisillon nord reçut, au début du XVIe siècle, une voûte d'ogives à quatre branches moulurées reposant sur des culs-de-lampe ornés de masques. Les absidioles présentent des traitements distincts : celle du nord s'ouvre par un arc brisé et est précédée d'une partie droite à triple décrochement dont l'arcade repose sur deux colonnettes d'angle, tandis que celle du sud s'ouvre en plein cintre sans partie droite. Les deux absidioles et l'abside ont des fenêtres remaniées à l'époque flamboyante, reconnaissables à leur tracé en tiers-point et aux motifs de soufflets, mouchettes et quadrilobes sur compartiments tréflés visibles au chevet extérieur. L'élévation latérale sud est soutenue par des contreforts repris au XVIe siècle ; dans la seconde travée, une porte latérale du XVIe siècle en accolade, surmontée d'un chou et flanquée de deux pinacles, ouvre sur le mur sud.