Origine et histoire de l'Église Saint-Georges
L'église Saint-Georges du Heaulme, située dans le Val-d'Oise au sein du Parc naturel régional du Vexin français, occupe la Grande-Rue (RD 188) au pied des buttes de Rosne, à proximité de Marines. Édifiée sur une terrasse avec mur de soutènement, elle est accessible par trois marches et son portail s'ouvre sous un porche moderne placé entre la façade occidentale et la mairie ; l'élévation nord est alignée sur la rue, tandis que la façade sud et le chevet donnent sur l'ancien cimetière municipal, aujourd'hui abandonné mais visible depuis la voie publique. L'édifice se compose d'une nef unique de trois travées, d'une petite chapelle Saint-Georges au nord de la deuxième travée et d'un chœur rectangulaire d'une seule travée, anciennement voûté d'ogives. Les maçonneries de la nef remontent en partie à la première moitié du XIIe siècle ; le chœur, daté stylistiquement de la fin du XIIe siècle, présente des éléments de la première période gothique. La voûte d'ogives du chœur a disparu, mais subsistent les formerets toriques, les départs d'ogives et des colonnettes à chapiteaux mutilés. Le clocher, octogonal et entièrement revêtu de bardeaux, est installé au-dessus du début du toit du chœur ; il a fait l'objet d'une consolidation et d'une réhabilitation en 1996. Le principal intérêt de l'église réside dans le tympan roman tardif du portail, sculpté dans un bloc de pierre dure et à la base en hémicycle, daté au regard du style du milieu du XIIe siècle. Ce tympan, l'un des deux seuls tympans romans historiés du Vexin français avec celui de Meulan, représente en bas-relief un cavalier armé d'une lance et plusieurs personnages ; à gauche figurent un évêque mitré et un personnage en longue robe, au-dessus apparaît un buste ailé tenant une hallebarde et, au-dessus du cheval, un grand oiseau, tandis qu'à l'extrémité droite se tient l'Agnus Dei tenant une croix processionnelle : ces trois derniers éléments sont interprétés comme la Sainte-Trinité. Le cavalier, placé en position dominante, est généralement assimilé au saint patron de l'église, saint Georges, mais le sens précis de la composition fait l'objet de débats. L'archivolte du portail associe des motifs de bâtons brisés d'influence anglo-normande, des claveaux et un rang de têtes de clous, décors caractéristiques de la région au XIIe siècle ; le portail a été partiellement restauré à la fin du XIXe siècle, avec la reconstitution du piédroit droit et la disparition d'une frise, tandis que d'autres éléments demeurent authentiques. Aucun document n'indique la date de fondation de la paroisse ; l'église a été inscrite aux monuments historiques par arrêté du 16 juin 1926, en raison de la valeur de son portail. L'intérieur, simple et sobre, présente une charpente masquée par un plafond plat et des murs en partie lambrissés ; la chapelle Saint-Georges, voûtée en berceau brisé, contient un petit autel de pierre et une niche qui peut évoquer une piscine liturgique. L'arc triomphal du chœur est à double archivolte reposant sur des colonnes engagées et des faisceaux de trois colonnettes aux chapiteaux sculptés de deux rangs de crochets, aujourd'hui mutilés et en partie badigeonnés ; les bases subsistent partiellement dans l'angle nord-est. Le porche, la sacristie et certaines maçonneries relèvent d'adjonctions modernes ; plusieurs corniches et contreforts ont été remaniés, d'où l'appréciation d'André Lapeyre qualifiant l'édifice de « très défiguré », malgré le charme du petit clocher octogonal et la valeur patrimoniale du portail. Parmi le mobilier, deux œuvres en pierre polychrome sont classées au titre des objets : un groupe de saint Georges combattant le dragon, avec figure de donateur, daté du XVIe siècle et classé depuis août 1963, et une Vierge à l'Enfant du XVe siècle (110 cm) classée depuis janvier 1959 ; on relève également un bâton de procession fragmentaire et un confessionnal sculpté. Sous l'Ancien Régime, la paroisse dépendait du doyenné de Meulan, de l'archidiaconé du Vexin français et de l'archidiocèse de Rouen ; elle a ensuite été rattachée au diocèse de Versailles à la Révolution, puis intégrée au diocèse de Pontoise lors de sa création, et aujourd'hui Le Heaulme est affilié à la paroisse Avernes et Marines. L'église célèbre des messes dominicales anticipées seulement deux fois par an, le samedi à 18 h 30. L'édifice a bénéficié d'une restauration intérieure vers la fin du XXe siècle et fait l'objet d'interventions ponctuelles de conservation depuis son inscription.
