Origine et histoire de l'Église Saint-Germain-de-Paris
L'église Saint-Germain-de-Paris est une paroisse catholique d'Hardricourt, dans les Yvelines, située dans le Vexin français près de la rive droite de la Seine. C'est un petit édifice organisé autour d'un noyau de deux travées de style roman tardif, datées du second quart du XIIe siècle et non visibles depuis l'extérieur : la base du clocher et la première travée du chœur. Ces travées présentent deux des plus anciennes voûtes d'ogives du Vexin français, déjà tracées en tiers-point. L'édifice conserve une nef unique à charpente lambrissée, deux chapelles latérales et une abside en hémicycle dont le caractère primitif a été perdu lors de reconstructions modernes. Quatre grandes arcades bouchées au nord de la nef, également datées du second quart du XIIe siècle, constituent les derniers vestiges du bas-côté nord et témoignent de l'un des premiers emplois régionaux d'arcades retombant sur des piliers cylindriques isolés. L'élément le plus remarquable reste le clocher roman, construit avec grand soin et coiffé d'une flèche de pierre octogonale plus tardive. Seul le clocher a été classé monument historique par la liste de 1875.
L'église dépendait autrefois de l'archidiocèse de Rouen et, sous l'Ancien Régime, de l'archidiaconé du Vexin français ; la cure était collatée par l'abbaye Notre-Dame du Bec. La datation architecturale situe les parties les plus anciennes au second quart du XIIe siècle ; la flèche appartient à la première période gothique. Deux chapelles de deux travées ont été ajoutées au nord et au sud de la base du clocher ; leurs arcades en tiers-point indiquent une campagne gothique dont certains détails renvoient à la première période gothique. Une inscription relevée signale une nouvelle dédicace le 2 mai 1509, marquant la fin d'une phase de reconstruction après la guerre de Cent Ans ; à cette époque certains arcs et supports furent remaniés et une piscine liturgique aménagée. Une seconde campagne de travaux, identifiable aux fenêtres en anse de panier et aux moulures du plafond nord, appartient au XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle et a donné lieu à des reconstructions simples de la nef et de la chapelle sud. L'église a ensuite été rattachée au diocèse de Versailles depuis la Révolution ; elle est aujourd'hui affiliée à la paroisse de Meulan et les messes dominicales y sont célébrées un dimanche sur cinq à 9 h.
L'édifice est implanté au cœur du bourg ancien d'Hardricourt sur un coteau qui s'abaisse vers la vallée de la Montcient, en vis-à-vis de l'église Saint-Nicolas de Meulan distante d'environ un kilomètre. Il fait face aux rues qui l'encadrent : la rue de la Chesnaye arrive par l'ouest et se divise en une branche nord qui passe derrière l'église (rue Émile-Drouville) et une branche sud qui longe la façade méridionale (rue Guillaume-de-Beaumont) ; la rue Saint-Germain relie ces deux voies en passant devant le chevet. L'édifice est dégagé de constructions mitoyennes et accessible tout autour, mais les voies étroites laissent surtout la façade occidentale bien dégagée.
Sur le plan, l'église est à peu près symétrique : une nef rectangulaire couverte d'une charpente lambrissée en carène renversée, une base de clocher et une travée de chœur voûtées d'ogives, une abside en hémicycle à plafond plat et deux chapelles rectangulaires de deux travées à plafonds plats. La nef offre une belle perspective vers le sanctuaire et conserve une charpente lambrissée formant une voûte en berceau surbaissé ; seuls trois entraits et leurs poinçons demeurent visibles. Les grandes arcades bouchées au nord, bien conservées, reposent sur tailloirs carrés profilés et chapiteaux sculptés de feuilles d'eau ; leurs fûts sont appareillés et les bases présentent un petit et un gros tore aplatis flanqués de griffes. La base du clocher s'ouvre sur la nef par un arc-doubleau à double rouleau aux claveaux et profils soignés ; les chapiteaux sculptés d'acanthe et quelques culs-de-lampe (dont un atlante) témoignent d'un travail de qualité. Les voûtes d'ogives de la base du clocher et de la première travée du chœur sont légèrement bombées, leurs ogives sont larges et les clés portent de petites rosaces ; certains doubleaux ont été refaits à une date postérieure.
Dans le chœur, les ogives retombaient autrefois sur colonnettes obliques ; plusieurs supports originaux ont disparu ou été modifiés après la guerre de Cent Ans, mais les chapiteaux subsistants sont du même type que dans la nef. L'abside ne conserve que deux fenêtres en anse de panier latérales, une grande baie en plein cintre au chevet et un plafond plat décoré de quelques moulures ; une piscine flamboyante en niche trilobée se trouve au sud-est. Les chapelles sont basses sous plafond : le décor du plafond nord comporte caissons et moulures, tandis que le plafond sud est lisse, ce qui indique une reconstruction simplifiée de cette dernière.
Le clocher comporte trois étages — la base voûtée, un étage intermédiaire noyé dans les combles et l'étage de beffroi visible extérieurement —, et il est couronné par une flèche octogonale très élancée ; l'étage de beffroi s'ouvre par deux baies par face sous archivoltes toriques portées par paires de colonnettes. Les angles du beffroi sont ornés de groupes de colonnettes et de corbeaux, et la transition vers la flèche s'opère au moyen de trompes ; quatre pyramidons coiffent les angles de la flèche et sont pourvus de fleurons.
Le mobilier comprend cinq éléments classés monuments historiques au titre objet : trois tableaux à l'huile (dont la Nativité de Marie signée Giuseppe Rey, datée 1763 et classée en 2007, et deux autres tableaux classés en 1997), quatre stalles du XIVe siècle classées en 1905, et une cloche en bronze de 1638 portant une longue inscription.