Origine et histoire de l'Église Saint-Germain de Saint-Germain-en-Laye
L'église actuelle, située face au château de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), est la quatrième édifice élevé sur l'emplacement d'une première église paroissiale du XIVe siècle dédiée à saint Germain. À la seconde moitié du XIVe siècle fut érigée la première église paroissiale et royale ; des adjonctions importantes suivirent, notamment une tour en 1660 après la démolition des deux clochers et le portail occidental de 1676. Après un effondrement partiel en 1681 et un rapport de Colbert, Jules Hardouin-Mansart construisit une nouvelle église, remplacée ensuite parce qu'elle devint insuffisante. En 1746 fut prise la décision royale d'édifier un bâtiment plus vaste ; le projet de Nicolas Potain fut adopté en 1765 et, en 1766, on démolit le chœur et la nef de l'édifice antérieur et posa la première pierre de la troisième église, dont l'orientation fut inversée. Les travaux furent rapidement abandonnés pour des raisons financières et suspendus en 1791 ; le chantier avait alors permis d'élever jusqu'aux archivoltes le portail oriental, les murs latéraux et les colonnes côté sud, ainsi que partiellement les murs latéraux et la colonnade septentrionale dans leur partie est. En 1816 la municipalité confia la reprise du chantier à l'architecte Henri Trou ; son projet fut approuvé en 1817 mais n'obtint pas de subvention gouvernementale et Trou démissionna en 1823. Après des choix successifs d'architectes, la municipalité retint finalement le projet de Jean Aimé Moutier et d'Alexandre Jacques Malpièce ; la construction de la quatrième église commença en 1824 et l'édifice fut consacré en 1827. Dès 1830 des désordres apparurent et, en 1842, la municipalité engagea un procès contre Moutier et Malpièce pour vices de construction, le tribunal de Versailles commettant Lecointe pour évaluer les réparations à effectuer. Un concours lancé en 1847 fut remporté par Joseph Nicolle, qui dirigea les travaux de gros-œuvre entre 1848 et 1852 ; la restauration confiée à Nicolle se poursuivit au XIXe siècle pour s'achever totalement en 1881. Classée monument historique le 23 juillet 1937, l'église est représentative du style néo-classique inspiré des basiliques paléochrétiennes, contemporain des églises Saint-Symphorien de Versailles et Saint-Philippe-du-Roule de Paris. Sa façade présente un fronton triangulaire reposant sur six colonnes doriques, dont quatre en alignement et deux en retour. L'architecture se caractérise par une quasi-absence de lignes courbes, excepté les arcades à la croisée des transepts et l'arrondi de l'abside ; l'édifice n'est pas voûté mais couvert d'un plafond. Le mobilier recèle plusieurs œuvres remarquables : une Descente de Croix attribuée à Benedetto Antelami, dont l'origine fait l'objet de discussions et qui fut offerte en 1994 par une famille locale ; la Vierge à l'Enfant dite Notre-Dame du Bon Retour, datée du XIVe siècle et découverte au XIXe siècle lors des travaux, pour laquelle une indulgence plénière fut accordée par le pape Pie IX ; un Christ en croix du XVIIe siècle de style baroque ; une chaire baroque donnée par Louis XIV provenant de la troisième chapelle du château de Versailles ; et Le Baptême du Christ de Charles-Joseph Natoire (1750), tableau classé monument historique. S'y ajoutent le groupe en marbre L'Au-delà d'Honoré Icard (1913), le mausolée de Jacques II et des fresques du Nouveau Testament réalisées par Amaury-Duval et achevées en 1857 qui ornent les murs de la nef et de l'abside. Le grand orgue, commandé à Alexandre Thierry en 1698, fut reconstruit par Aristide Cavaillé-Coll qui conserva les éléments anciens récupérables, puis refait en 1903 par Charles Mutin (quarante-quatre jeux) et restauré en 1967 par Haerpfer-Erman qui réinstalla le positif de dos. Le buffet a été classé monument historique en 1930 et la partie instrumentale en 1975 ; Marie-Claire Alain en fut titulaire de 1971 à 2010, puis Hubert Haye lui a succédé en novembre 2010. L'orgue de chœur a été construit par Aristide Cavaillé-Coll en 1889. L'église, appelée au début du XVIIIe siècle Saint-Germain-de-Paris, constitue, avec l'église Saint-Léger, l'une des deux paroissiales de Saint-Germain-en-Laye et a été liée à plusieurs personnalités : Claude Debussy y fut baptisé en 1864, Albert Alain y officia comme organiste entre 1924 et 1971, Jacques Fesch y a été baptisé en 1930 et y a eu ses obsèques en 1958, et les obsèques du peintre Maurice Denis y furent célébrées en 1943.