Origine et histoire de l'Église Saint-Germain-l'Écossais
L'église Saint-Germain-l'Écossais, située à Amiens (Somme), est, après la cathédrale Notre-Dame et l'église Saint-Leu, l'une des plus anciennes de la ville. La première mention d'une chapelle dédiée à saint Germain le Scot remonte à 1131. L'édifice actuel résulte de campagnes de construction et d'agrandissement menées principalement aux XVe et XVIe siècles : clocher hors-œuvre au début du XVe siècle, nef au milieu du XVe siècle, chœur à la fin du XVe siècle et extension du bas-côté nord vers 1550. En 1477, l'agrandissement utilisa des matériaux provenant des anciennes fortifications de la ville. Plusieurs acquisitions de maisons et de terrains permirent d'allonger la nef et d'aménager le chœur, la sacristie et la tour-clocher. L'édifice fut endommagé lors du siège d'Amiens en 1597 ; les réparations dirigées par le maître maçon Pierre Legaucher s'achevèrent en 1604. De nombreuses confréries y tenaient leurs assemblées, notamment la Confrérie du Port. Une importante campagne de restauration dut être menée de 1855 à 1877 sous la conduite de l'architecte communal Henry Antoine : voûtes refaites en réemployant les clefs et nervures d'origine quand cela était possible, piliers repris en sous-œuvre, ravalement intérieur, remplacement des pinacles et consolidation des arcs-boutants, pose de tirants de fer et reconstruction partielle de la tour, la peinture murale de saint Nicolas ayant été déplacée puis restaurée par Désiré Le Tellier. Vers 1878, les armes des papes Pie IX et Léon XIII furent sculptées sur les vantaux du portail occidental. Classée au titre des monuments historiques en 1906, l'église fut à nouveau endommagée par les bombardements de 1918 puis très gravement touchée par l'incendie du 19 mai 1940, qui détruisit le pignon sud et une grande part du mobilier. Les travaux de restauration se sont poursuivis de 1957 à 1965 (chaînage des murs en béton armé, réfection des arcs-boutants, de la couverture et des fenestrages), puis en 1972-1974 (dallage) et en 1992 (clocher). Désacralisée, l'église est aujourd'hui fermée au public pour des raisons de sécurité ; de nouveaux travaux de restauration sont prévus. Architecturalement, l'édifice présente un style gothique flamboyant et un plan en croix latine ; il comporte trois nefs voûtées sur croisées d'ogives dont les clefs sont décorées, et un clocher fortement incliné surmonté d'une haute toiture à pavillon. L'église conserve plusieurs œuvres protégées : une mise au tombeau polychrome et dorée datée de 1506 et donnée par Pierre Le Coustellier, des statues du XVIe siècle (un Christ de pitié en pierre, un Christ en croix en bois polychrome, saint Nicolas et sainte Catherine), six chandeliers de style Louis XVI attribués à Louis Duthoit, ainsi que l'autel de la Vierge comprenant une statue de la Vierge à l'Enfant et un bas-relief de la Passion réalisés par Louis Duthoit et Viollet-le-Duc en 1867. Une fresque des Actes de saint Nicolas offerte en 1584 par la Confrérie du Port, classée en 1907, a aujourd'hui disparu. Dans les sources et monographies locales, l'église est présentée comme un bel exemple d'architecture de la fin du Moyen Âge pour la ville d'Amiens.