Origine et histoire de l'Église Saint-Gervais
L'église Saint-Gervais de Courteuil, située dans l'Oise en Hauts-de-France au cœur du village, est une église catholique paroissiale inscrite aux monuments historiques par arrêté du 20 février 1970. Son chœur à chevet plat constitue la partie la plus ancienne et relève d'un gothique primitif du début du XIIIe siècle. Au XVIe siècle, le bâtiment a été élargi en deux phases par l'adjonction de collatéraux nord et sud aux styles distincts, le premier de type flamboyant, le second marqué par des influences de la Renaissance. La nef courte, accompagnée d'un unique bas-côté au nord, présente encore un style propre qui traduit les remaniements successifs. Malgré cette diversité stylistique, les parties orientales conservent une unité spatiale remarquable. Le retable du chevet et au moins deux gisants proviennent probablement du prieuré de Saint-Nicolas-d'Acy implanté dans la même commune. Courteuil, attestée dès l'époque carolingienne, dépendait paroissialement du diocèse de Senlis jusqu'à la fin de l'Ancien Régime et la collation de la cure appartenait au prieuré clunisien de Saint-Nicolas-d'Acy. Les sources concernant l'histoire paroissiale sont rares : les registres paroissiaux ne subsistent qu'à partir de 1692 et les recherches du XIXe siècle portent surtout sur le prieuré. Le texte mentionne plusieurs curés anciens, dont Michel Pelins, Jean le Charon, Jean Matlyn, Gilles Noury, Jean-Louis Godard, Jean Cadot, Pierre Cléry, Nicolas de Saint-Leu et Joseph-Antoine Legat, ainsi que des éléments biographiques et funéraires les concernant. Au XVIIIe siècle la paroisse a connu la bénédiction de nouvelles cloches et la construction d'une sacristie, puis la Révolution entraîna la vente des biens de la cure et l'interruption du culte jusqu'au Concordat. L'église est aujourd'hui rattachée à la paroisse Saint-Rieul de Senlis et l'Association pour la sauvegarde de l'église a conduit d'importantes restaurations. Orienté, l'édifice se compose d'une nef de deux travées, d'un bas-côté nord, d'un chœur de deux travées flanqué de deux chapelles latérales se terminant toutes par un chevet plat, et d'une sacristie occupant l'angle entre la nef et la chapelle sud. L'ensemble est voûté d'ogives et le petit clocher en charpente, coiffé d'une flèche galbée, s'élève au-dessus de la première travée du chœur. La toiture du collatéral nord est perpendiculaire à celle de la nef et forme un pignon vers le nord ; la chapelle sud est couverte de façon analogue vers le sud et la chapelle nord présente deux toitures en bâtière distinctes, si bien que trois pignons se succèdent sur le flanc nord. La nef et le bas-côté montrent un gothique tardif et certains éléments évoquent la transition vers la Renaissance : nervures encore aiguës, ogives surbaissées, absence de formerets et clés de voûte décorées. Le bas-côté, partiellement englobé dans une propriété privée, manque de fenêtres et reste sombre et peu utilisé, n'abritant guère que le confessionnal. Le chœur, largement remanié lors de l'adjonction des collatéraux, conserve l'arc triomphal à double rouleau et des cul-de-lampe et chapiteaux sculptés ; certains supports ont été mutilés à la Révolution. Les chapelles latérales sont décorées selon leur époque : la chapelle nord, du premier quart du XVIe siècle, présente des culs-de-lampe sculptés variés, des clés de voûte flamboyantes et un remplage de chevet caractéristique, tandis que la chapelle sud affiche des profils et modénatures de voûtement proches de la Renaissance, avec ogives et fenêtres en plein cintre ornées de têtes trilobées. L'extérieur, de silhouette ramassée, est construit en moellons avec quelques éléments en pierre de taille pour les chaînages, contreforts et le portail occidental mouluré en anse de panier, qui comporte une niche à statue et un oculus. Le chevet plat révèle des contreforts à ressauts et des détails soignés, notamment des chaperons et des vases sculptés aux extrémités de la chapelle sud. Le mobilier comprend six éléments classés au titre des objets : une Vierge à l'Enfant du XIVe siècle, des fonts baptismaux du XIVe siècle, deux gisants (dont celui du chevalier Guy de La Tour), la dalle funéraire du curé Jean Matlyn datée de 1480 et la dalle de l'écuyer François de Waroquier datée de 1554. Plusieurs pièces portent des traces de polychromie ancienne et d'autres ont été mutilées pendant la Révolution. La pierre tombale de Jean Matlyn, fragmentée, présente un transi et une épitaphe latine partiellement illisible, tandis que la dalle de François de Waroquier conserve une longue inscription en gothique et plusieurs écussons. L'ensemble stylistique de l'église témoigne des phases de construction du XIIIe au XVIe siècle et des réfections postérieures, sans qu'un état primitif complet subsiste. Des messes dominicales sont célébrées le samedi précédant le premier dimanche des mois pairs à 18 h 30.