Origine et histoire de l'Église Saint-Gervais
L'église Saint-Gervais se dresse à Pontpoint dans l'Oise, à l'ouest de la mairie, rue de la Longue-Haie, voie descendant du versant nord de la forêt d'Halatte. Classée monument historique par arrêté du 26 septembre 1902, elle dépend aujourd'hui de la paroisse Sainte-Maxence de Pont-Sainte-Maxence. Sa partie la plus ancienne est le clocher roman à trois étages, qui remonte au dernier quart du XIe siècle et dont la silhouette rappelle la tour de l'abbatiale de Morienval. L'essor du territoire à la fin du XIe siècle se traduit par la construction de plusieurs édifices religieux, parmi lesquels l'église Saint-Gervais vers 1070-1080. L'église primitive comprenait une nef non voûtée avec deux bas-côtés, un chœur à travée droite et une abside en hémicycle ; de cette phase, seul subsiste le clocher. Au second quart du XIIe siècle la nef et les bas-côtés sont remplacés, puis vers 1160-1170 le transept et le chœur sont reconstruits dans un gothique primitif présentant un chevet à pans coupés visible à l'intérieur tout en apparaissant en hémicycle à l'extérieur. Peu après, la nef est reprise en sous-œuvre et les grandes arcades romanes sont remplacées par des arcades brisées retombant sur des chapiteaux de piliers cylindriques isolés, tandis que le transept et le chœur sont voûtés d'ogives dès leur édification. La nef, elle, conserve une charpente en berceau et des plafonds lambrissés dans les bas-côtés, la voûte d'ogives n'ayant été réalisée que sur certaines travées et dans les chapelles. Au début du XIVe siècle une grande chapelle sud de quatre travées est ajoutée et voûtée, et au XVIe siècle une chapelle nord de deux travées est construite dans un style gothique flamboyant plus simple et moins décoré. Ces aménagements ont laissé à l'édifice un plan dissymétrique visible aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. L'intérieur présente une nef de six travées éclairée par cinq fenêtres hautes, un chœur composé d'une travée droite et d'une abside à pans peu marqués, deux chapelles latérales inégales et un clocher implanté au-dessus de l'ancien croisillon sud. Les grandes arcades en tiers-point, au nombre de cinq de chaque côté, sont constituées de claveaux chanfreinés qui retombent sur des chapiteaux pour la plupart ornés de crochets ou de feuilles dentelées et reposent sur des colonnes isolées aux bases carrées. Les fenêtres hautes, à simple double ébrasement et de dimensions modestes, sont proches des arcades et plusieurs d'entre elles ont été partiellement ou totalement obturées lors des campagnes de construction ultérieures et de l'ajout des chapelles. Le chœur est homogène stylistiquement, voûté d'ogives dont les nervures retombent sur de minces colonnettes ; l'abside compte cinq baies en plein cintre sans remplage, correspondant au vocabulaire du XIIe siècle. La chapelle sud, inspirée des chœurs-halle de la vallée de l'Oise, s'appuie sur deux piliers centraux en forme de tambour et favorise la continuité visuelle grâce à l'absence de formerets et à des supports réduits. La chapelle nord, à deux travées, comporte des clés de voûte sculptées et des culots ornés de petits anges et d'animaux fantastiques ; ses baies présentent un remplage flamboyant. À l'extérieur, les façades sont sobres et soigneusement appareillées, le portail occidental est abrité sous un porche et présente une triple archivolte en tiers-point décorée de tores et d'un cordon d'étoiles ; le tympan porte des rinceaux de feuillages formant trois arcatures. Le clocher latéral, haut d'environ 23 mètres, comporte trois étages d'arcades en plein cintre et se termine par une pyramide en pierre à quatre pans ; il est orné d'une corniche à modillons et de colonnettes aux angles. La cloche en bronze datée de 1779 porte les armes de l'abbaye Saint-Jean-Baptiste du Moncel et est classée au titre des monuments historiques depuis 1912. Le mobilier conserve des éléments remarquables classés : les fonts baptismaux monolithes du XIIe siècle en calcaire octogonal sculpté, le vitrail n°9 de la chapelle nord comportant un panneau du XVIe siècle représentant sainte Barbe et un petit vitrail montrant saint Jean-Baptiste, ainsi que d'autres vitraux anciens classés. L'église abrite également quinze pierres tombales dont sept datent du XIVe siècle ; cinq dalles funéraires à effigies datées des XIVe siècles sont classées depuis 1902. Trois autres objets classés sont une Vierge à l'Enfant polychrome du second quart du XIVe siècle, un aigle-lutrin en chêne du troisième quart du XVIIIe siècle et un cadre en chêne de l'époque de Louis XIII qui entourait autrefois un tableau du Christ en croix. La nef est couverte d'un lambris moderne et la réorganisation liturgique post-conciliaire a entraîné la suppression de l'ancien maître-autel ; la première travée du chœur accueille désormais la célébration eucharistique. Des messes dominicales anticipées sont célébrées le premier, le troisième et le cinquième week-end du mois à 18h30 de septembre à juin.