Origine et histoire de l'Église Saint-Gervais
L’église Saint-Gervais de Rouen se situe place Saint-Gervais et rue Claude-Groulard ; l’édifice actuel date du XIXe siècle, avec des travaux signalés entre 1868 et 1874 sous la direction de l’architecte Martin Pierre, une reconstruction en 1868–1869 étant aussi attribuée à Martin et Marical. Sous le chœur subsiste une crypte rectangulaire antérieure à l’an mil, traditionnellement considérée comme la sépulture des premiers évêques ; un grand cimetière antique et paléochrétien s’étendait jusqu’à la rue du Renard, ancienne voie romaine, et de nombreux sarcophages y ont été retrouvés, dont deux sont exposés dans l’église. La crypte fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840. L’édifice primitif fut donné par Richard II de Normandie à l’abbaye de Fécamp en 1020 ou 1026 puis transformé en prieuré en 1066. Le prieuré servit de résidence ducale : Guillaume le Conquérant y passa les derniers jours de sa vie et y mourut le 9 septembre 1087. Saint Thomas de Canterbury y séjourna lors d’une maladie, et le lieu reçut également les visites des rois Henri II d’Angleterre et Louis VII de France. Le prieuré subsista jusqu’au XVe siècle ; l’église fut démolie en 1418 avant le siège des Anglais pour empêcher qu’elle serve de refuge, puis rebâtie en 1434. L’édifice subit des mutilations pendant les troubles civils et religieux de 1560 et 1562 ainsi que lors du siège de Rouen par Henri IV en 1591 ; il fut restauré ou partiellement reconstruit en 1595 par François Lachausse. Le clocher, détruit en 1606, fut reconstruit en 1673 puis détruit à nouveau en 1683. À la Révolution, l’église fut conservée comme succursale en 1791, fermée en 1793, rouverte en 1806 et rétablie comme église paroissiale en 1846. Charles Marie Bouton réalisa un dessin de la crypte en 1823. L’édifice comprenait initialement une nef et un collatéral au sud ; un nouveau collatéral nord fut construit en 1838 par Laquerriere et le collatéral sud agrandi en 1846 par Cheruel. L’église fut finalement détruite, à l’exception de la crypte, puis reconstruite à la fin du XIXe siècle. La fresque du chœur est due au peintre Savinien Petit : un panneau central décoré d’une croix est entouré de six panneaux représentant saint Thomas Becket, saint Mellon, saint Gervais, saint Protais, saint Victrice et saint André. Le 12 mars 1876, l’édifice fut endommagé par un ouragan. L’église possède un orgue construit par Cavaillé-Coll en 1889, dont Pierre Labric a été le titulaire.
