Origine et histoire de l'Église Saint-Gervais
L'église Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Saint-Gervais-les-Bains, dédiée aux martyrs Gervais et Protais, se situe dans la commune de Saint-Gervais-les-Bains en Haute‑Savoie. Les reliques des saints sont inventées au IVe siècle par Ambroise de Milan et leur culte se diffuse notamment au IXe siècle grâce aux échanges entre l'espace savoyard et le Milanais. La paroisse semble active dès le XIIe siècle : deux cloches détruites en 1792 porteraient les dates 1108 et 1159, et une première mention de l'église apparaît peut‑être en 1137. Au XIIIe siècle, Saint‑Gervais figure dans une donation de Béatrice de Faucigny. En 1440, le vicaire sollicite le rattachement de la paroisse à la collégiale Saint‑Jacques de Sallanches en raison de l'état de pauvreté et de ruine de l'église, rattachement confirmé en 1576 par une bulle de Grégoire XIII ; à partir de cette date, l'édifice est desservi par un religieux du chapitre de Sallanches. Seul le clocher témoigne encore de la construction médiévale : ses quatre premiers étages datent des XIVe‑XVIe siècles.
L'église actuelle, de style baroque savoyard, est édifiée à la fin du XVIIe siècle ; la commande est passée en 1696 pour 1 400 florins et les maîtres architectes et tailleurs de pierre sont Jean de la Vougniaz et Pierre de L'Esglise, originaires de La Riva en Valsesia. Jean de la Vougniaz est également maître d'œuvre de la chapelle Notre‑Dame‑de‑la‑Gorge et de l'église de Chamonix. L'édifice est consacré en 1702 par l'évêque de Genève Michel‑Gabriel Rossillon de Bernex ; la croix de consécration associée a été retrouvée en 2016 sur le mur sud lors de travaux de restauration de peintures. Le clocher médiéval reçoit un étage supplémentaire puis une flèche en 1764, cette dernière étant détruite par la foudre en 1792. Un nouveau clocher à bulbe est construit en 1819. En 1822, le sculpteur Jean Eichorn réalise le maître‑autel et les décors d'inspiration néo‑classique. L'église fait l'objet d'une restauration en 2016 ; des vitraux du verrier coréen Kim En Joong y sont alors ajoutés.
La façade, rythmée par des pilastres, s'ouvre par un portail plein cintre surmonté d'un fronton et d'une statue de la Vierge ; un auvent peint représente la Résurrection et les martyrs saint Laurent et saint Étienne. L'édifice est une église‑halle orientée est‑ouest, composée d'une nef flanquée de deux bas‑côtés et répartie en quatre travées séparées par des piles cruciformes. Le chœur, long de deux travées, s'ouvre sous une poutre de gloire ornée d'un Christ en croix en bois ; une chaire à prêcher se trouve à gauche du chœur. Le mur de chevet est occupé par un monumental autel et retable néoclassique, tandis que deux autres autels sont placés aux extrémités des bas‑côtés.
Le clocher, désaxé au sud‑est de l'édifice, comprend cinq étages coiffés d'un bulbe ; il présente au rez‑de‑chaussée deux portes en arc en tiers‑point, l'une donnant sur l'intérieur et l'autre sur l'extérieur, et des baies jumelées ainsi qu'une horloge aux quatrième et cinquième étages. L'église est classée parmi les monuments historiques depuis 1987 et conserve plusieurs objets protégés : une chaire à prêcher du XVIIe siècle, un Christ en croix du XVIIIe siècle, un ostensoir du XVIIIe siècle et un autel‑retable du XIXe siècle restauré en 1958. Parmi les éléments remarquables figurent le clocher, la façade ornée et ses fresques sous l'auvent, le portail et la couverture du clocher, souvent mis en valeur lors des illuminations hivernales, tandis que l'intérieur offre la nef, le retable du maître‑autel, l'autel de la Vierge, les sculptures de la chaire, le bas‑côté sud et la charpente et voûtes mises en évidence lors de la restauration de 2016.
