Origine et histoire de l'Église Saint-Gervais-et-Saint-Protais
L'église Saint-Gervais-et-Saint-Protais se situe à Bessancourt, dans le Val-d'Oise, et occupe un emplacement dégagé le long de la Grande-Rue, la façade méridionale et le chevet donnant sur la rue, la façade occidentale sur le parvis, la place du marché et le parc Keller ; seule l'élévation nord est partiellement masquée par la maison paroissiale. Le village, érigé en paroisse en 1189, fut lié dès le XIIIe siècle à l'abbaye royale de Maubuisson, dotée de Bessancourt par Blanche de Castille, lien qui explique en grande partie la construction de l'actuelle église. Les parties les plus anciennes — le chœur, la croisée du transept et le croisillon sud — appartiennent au style gothique rayonnant et remontent vraisemblablement au milieu du XIIIe siècle. Le chœur, la croisée et le croisillon sud se distinguent par leur élancement, la finesse des supports et le remplage délicat des fenêtres, tandis que la nef et les bas-côtés sont d'une facture plus récente et moins raffinée. Les grandes arcades de la nef, avec des piliers cylindriques massifs, et certains détails décoratifs témoignent d'un langage flamboyant du dernier quart du XVe siècle, suivi d'un achèvement des élévations occidentales et du clocher vers 1527, date attestée par une inscription. Le croisillon nord a été entièrement rebâti, dans un style Renaissance, peu avant ou après le milieu du XVIe siècle ; sa décoration intérieure en partie en bois laisse supposer une réalisation restée inachevée. La nef a vraisemblablement été voûtée tardivement (dates différentes ont été relevées dans les sources : 1561 ou 1573), ce qui explique que les nervures s'appuient sur des consoles. L'édifice suit un plan cruciforme : une nef de quatre travées flanquée de bas‑côtés, un transept débordant, un chœur d'une travée avec abside à pans coupés ; la hauteur sous voûte atteint environ 13 m et la surface au sol, hors sacristie, est proche de 600 m². Les travées de la nef sont barlongues (8 m de large) et les bas‑côtés sont réunis sous des toits en appentis ; toutes les travées sont voûtées d'ogives, le chœur présentant une voûte sexpartite et le croisillon nord une voûte à liernes et tiercerons. À l'extérieur, le chevet et le croisillon sud conservent la sobriété propre au rayonnant, tandis que la façade occidentale et le clocher reflètent l'évolution vers le flamboyant et montrent des restaurations postérieures ; le clocher, inachevé, porte un toit en pavillon à la place d'une flèche prévue. L'ornementation intérieure associe motifs végétaux, chimères et petits animaux fantastiques, ainsi que des frises sculptées sur les piliers, témoignant d'influences superposées entre fin du Moyen Âge et Renaissance. L'église a subi des restaurations importantes à partir de 1860, avec des campagnes menées jusqu'au début du XXe siècle, puis une seconde grande série de travaux durant les années 1990 et 2000 ; elle est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 2 septembre 1921. Parmi le mobilier, cinq éléments sont classés : une Vierge à l'Enfant en bois en partie du XIVe siècle, une série de quinze panneaux en bas‑relief du dernier quart du XVe siècle remontés sur un coffre-autel, la clôture des fonts baptismaux en bois taillé du XVIe siècle, un banc d'œuvre du XVIIe siècle transformé en tambour de porte, et un groupe sculpté "L'Éducation de la Vierge" daté du premier quart du XVIe siècle, conservé dans le croisillon nord. L'ensemble de l'édifice illustre une histoire architecturale complexe, marquée par des campagnes de construction et de reconstruction s'étalant du XIIIe au XVIe siècle et par des interventions de restauration jusqu'à l'époque contemporaine.
