Origine et histoire de l'Église Saint-Gervais-et-Saint-Protais
L'église Saint-Gervais-et-Saint-Protais, paroissiale catholique, se situe au centre du village de Saint-Gervais dans le Val-d'Oise, au sein du Parc naturel régional du Vexin français. Sa fondation paraît remonter à l'époque carolingienne, des indices d'une implantation chrétienne ancienne étant apportés par des cercueils de pierre découverts à la fin du XVIIIe siècle. Selon la tradition, une chapelle destinée à abriter des reliques des saints Gervais et Protais existait dès le IXe siècle et le village prit ensuite le nom de Saint-Gervais. La paroisse a vraisemblablement été fondée par l'abbaye de Saint‑Germer‑de‑Fly ; l'abbé Vital Jean Gautier situe son érection en 1119, et le clocher roman avec sa pyramide de pierre et ses chapiteaux archaïques correspond au XIIe siècle. La première église romane aurait été achevée vers le milieu du XIIe siècle et le chœur primitif fut remplacé au XIVe siècle par trois nouvelles travées. Après les ravages de la guerre de Cent Ans, l'édifice fut largement reconstruit grâce aux libéralités de Nicolas III de Neufville ; subsistent cependant la base du clocher et quelques élévations plus anciennes. L'édifice actuel date pour l'essentiel du second quart du XVIe siècle, le gothique flamboyant y étant dominant tout en coexistant avec des éléments de style Renaissance particulièrement visibles dans la nef et la façade occidentale. Le portail et le porche occidental, commencé par Robert Grappin et achevé par son fils Jean, constituent l'une des principales réalisations de la Renaissance dans le Vexin français ; des consoles portent les dates 1549 et 1550. La nef, intérieurement de style Renaissance, surprend par son élégance qui contraste avec l'aspect trapu extérieur, tandis que la base du clocher roman conserve sa voûte d'arêtes d'origine. L'église présente un plan cruciforme avec une nef de quatre travées, bas‑côtés, transept à croisée sous le clocher et un chœur de trois travées flanqué de collatéraux, l'ensemble restant de dimensions modestes. Une sacristie adjointe au chevet est le seul ajout notable postérieur, daté de 1874. L'édifice a été classé monument historique par arrêté du 8 avril 1909. Pendant la Révolution, les cloches furent descendues et trois d'entre elles envoyées à la fonte ; seule la plus grosse, datée de 1755, fut conservée, se cassa lors de l'hiver 1879–1880 et fut refendue la même année, une seconde cloche arrivée en 1900 complétant le jeu. L'abbé Jean‑Baptiste Verdière, curé de 1779 à 1817, prêta le serment à la constitution civile du clergé, fut brièvement emprisonné et resta actif dans la commune après la Révolution. Au XIXe siècle, des réparations (toiture, murs, piliers) et des vitraux financés par Paul de Magnitot sont attestés, tandis que des interventions ponctuelles sur le clocher figurent dans les archives de la fabrique. L'église subit des dégâts au cours de la Seconde Guerre mondiale : des vitraux furent abîmés en 1940 et à nouveau en 1944, puis restaurés par la maison Grüber entre 1947 et 1948 ; le reliquaire en bois de l'autel de saint Gervais fut détruit. Depuis les années 1960 l'église dépend du diocèse de Pontoise et elle est desservie par le curé de Magny‑en‑Vexin ; les messes dominicales n'y sont célébrées qu'irrégulièrement, environ deux fois par an. Le site de l'église, établi en surplomb de la rue principale, s'accompagne d'une terrasse correspondant à l'ancien cimetière déplacé en 1880 ; lors du transfert une galerie souterraine conduisant à un caveau et à plusieurs passages fut découverte. Le mobilier compte de nombreux éléments classés au titre des objets, parmi lesquels plusieurs statues et groupes sculptés des XIVe–XVIe siècles, des vitraux du XIXe siècle, un Christ en bois provenant de l'ancienne poutre de gloire et des boiseries du XVIIIe siècle conservées en sacristie. L'ensemble architectural et mobilier illustre les continuités et les remaniements du XIIe au XIXe siècle et témoigne de l'importance des chantiers locaux et des bienfaiteurs dans l'état actuel de l'église.