Origine et histoire de l'Église Saint-Géry
L’église Saint-Géry, édifiée de 1648 à 1745 à Cambrai (Nord), est classée au titre des monuments historiques depuis le 26 novembre 1919. Ancienne abbatiale Saint-Aubert, elle est la plus ancienne des églises de la ville ; des fouilles archéologiques ont mis en évidence de faibles mais réels liens avec l’époque gallo-romaine. Au fil des siècles, l’édifice a reçu des apports romans, gothiques, Renaissance et classiques, et a subi les dégâts d’incendies et des guerres. Au Ve siècle, il portait le nom de Saint-Pierre et Dagobert en fit une abbaye ; elle conserva une vie monastique jusqu’à la Révolution, puis fut brièvement cathédrale avant de devenir église paroissiale Saint-Géry, du nom de l’évêque fondateur du diocèse de Cambrai. L’église renferme un jubé en marbre polychrome présenté comme l’œuvre du Cambrésien Jaspar Marsy, attribution que l’on voit également portée à Gaspard Marsy (né à Cambrai en 1624, mort en 1681). Elle conserve surtout une Mise au tombeau de Rubens, datée de 1616 et commandée par le chapitre métropolitain, que le peintre apporta lui‑même à Cambrai. Cette œuvre représente saint Joseph d’Arimathie et Nicodème portant le corps du Christ, accompagnés de saint Jean et de trois saintes femmes : la Vierge en bleu et la Madeleine en vert, cette dernière peinte aux traits d’Isabella Brant. Le chanoine Sébastien Briquet acheta ce tableau et le donna en 1616 aux capucins de Cambrai pour l’ancienne Saint-Aubert. Rubens avait initialement peint le Christ nu ; selon Eugène Bouly, un voile fut ensuite appliqué et la retouche est attribuée à l’Anonyme d’Anvers. Le Mercure de France rapporte qu’avec colère Rubens aurait réagi à cette retouche en blessant la toile. La Mise au tombeau faisait partie d’un ensemble de trois œuvres, dont un Saint François et une Sainte Claire, apportées depuis la Rubenshuis d’Anvers en faisant halte à Lille et Aniche. Une toile représentant le Baptême du Christ est attribuée à Charles Poerson et a été classée le 23 avril 1993. Les grandes orgues, construites par Merklin en 1867, furent restaurées en 1933 par Jacquot, reconstruites en 1978 par René Godefroy qui les fit passer d’un style romantique à un style classique nord‑européen du XVIIIe siècle ; l’instrument compte 41 registres répartis sur trois claviers. Des travaux complémentaires ont été réalisés en 1998 par Michel Garnier (réharmonisation et dépoussiérage) puis en 2007‑2008 par Daniel Decavel (relevage de sommiers). L’église abrite également l’ancien maître-autel de l’abbaye de Vaucelles, partiellement détruite pendant la Révolution. À la fin de 2010, le clocher a bénéficié d’une restauration importante (réfection des couvertures de la flèche et reprise des maçonneries) en raison de signes de faiblesse liés à la proximité des routes et à d’anciens souterrains sous les fondations. Des notices et ressources en ligne (Mérimée, PSS, Structurae, Clochers de France, Observatoire du patrimoine religieux), ainsi que des notices spécifiques sur l’église sur le site de l’ASPEC et sur les orgues de Cambrai, fournissent des compléments documentaires.