Origine et histoire de l'Église Saint-Gilles
L'église Saint-Gilles, d'origine catholique, se situe à Argenton-les-Vallées (aujourd'hui intégrée à Argentonnay), dans le département des Deux-Sèvres. Son histoire débute avec un acte de donation en faveur de l'abbé de Bourgueil en 1069, confirmé par l'évêque de Poitiers et le vicomte de Thouars. Un long procès entre 1080 et 1100 oppose ensuite les moines de Bourgueil et ceux de l'abbaye Saint-Jouin de Marnes, qui obtiennent finalement la paroisse ; Raoul de la Fustaie, moine de Saint-Jouin, contribue à faire du lieu un prieuré. Peu d'éléments subsistent de la première église : des fragments de mur du chœur et le mur est du bras sud du transept. La façade occidentale est reconstruite au milieu du XIIe siècle et la nef pourrait avoir été modifiée, comme l'évoque le dossier de restauration de 1896-1898 qui mentionne des voûtes angevines. L'édifice subit des dommages durant la guerre de Cent Ans. Philippe de Commynes, seigneur d'Argenton de 1473 à 1511, fait reprendre la croisée sous le clocher, comme l'attestent des écussons sculptés. Entre 1528 et 1531, des travaux agrandissent l'église : le sanctuaire roman est transformé en chœur à chevet plat, l'absidiole nord est remplacée par une grande chapelle et une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié est édifiée au nord de la deuxième travée par Hardouin le Bascle, selon un accord de 1531. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le bras nord du transept est repris pour former un vaisseau de quatre travées. Pendant les guerres de Religion le château et la région connaissent plusieurs épisodes de pillage et de reprises d'occupation, et la famille de Châtillon entreprend des réparations de l'église. La guerre de Vendée cause des destructions importantes : l'édifice est pillé et incendié, la flèche en bois brûle et des voûtes s'effondrent, si bien que seuls subsistent quelques voûtes de chapelles et du transept, d'après l'historien Gustave Michaud. La voûte de la croisée est étayée en 1817 puis rétablie en 1819, la charpente et la couverture du chœur sont refaites en 1825-1827, et les voûtes de la nef et du chœur sont reconstruites en 1896-1897 avec un voûtement octopartite et une surélévation des murs gouttereaux nécessitant une nouvelle charpente. L'église a fait l'objet d'une restauration de 1996 à 2000 sous la direction de François Jeanneau, architecte en chef des monuments historiques. Le portail occidental est classé au titre des monuments historiques depuis 1907. Implanté sur un sous-sol granitique du Massif armoricain, le maître d'œuvre a réalisé une façade en granite intégrant un portail en tuffeau provenant de carrières situées à une vingtaine de kilomètres. Le portail s'inscrit dans un cadre rectangulaire entre les contreforts, avec un soubassement de colonnettes en granit et des colonnes en tuffeau montant jusqu'à la corniche à modillons ; une frise sculptée y est interrompue par les voussures. Dépourvu de tympan, comme la plupart des portails poitevins, il présente des figures rampantes le long des voussures, rapprochement fait avec les portails de Notre-Dame-de-la-Couldre de Parthenay, d'Aulnay-de-Saintonge, de Civray, de Fenioux et de Chadenac. L'arc d'entrée comporte cinq voussures en arc brisé ornées de figurines et d'archivoltes à feuilles d'acanthe, accompagnées d'inscriptions ; la lecture se fait de l'extérieur vers l'intérieur et les thèmes rappellent ceux du portail occidental de l'église Saint-Pierre d'Aulnay. La voussure extérieure représente les travaux des mois et les signes du zodiaque, identifiables malgré l'usure grâce aux inscriptions. La seconde voussure montre les apôtres disposés autour du Christ, la troisième illustre la parabole des dix vierges avec les cinq sages et les cinq folles et porte une inscription décrivant la scène, la quatrième oppose vices et vertus par paires, et la cinquième représente six anges tenant coupes ou phylactères, la clé mettant en scène l'Agneau de Dieu. Les frises latérales, très abîmées, permettent toutefois d'identifier au moins la parabole de Lazare et du riche et une scène de jugement dernier. Un vitrail de l'église a été réalisé par Abel Pineau (1895-1976).