Origine et histoire de l'Église Saint-Hilaire
L'église Saint-Hilaire se situe au cœur du bourg de Paillet, en Entre-deux-Mers (Gironde), à proximité de la rivière Artolie. De fondation romane, elle se composait à l'origine d'une nef unique terminée par une abside semi-circulaire ; seuls le chœur et l'abside subsistent de cette phase. L'abside extérieure offre une variante des absides romanes d'Aquitaine et s'éclaire par des fenêtres simples et des fenêtres géminées dont les arcs reposent sur des colonnettes accouplées. Les cinq pans du chevet, séparés par des colonnes, sont percés de baies ornées d'archivoltes dont les chapiteaux constituent le programme figuré principal ; les modillons ont été refaits au XIXe siècle. L'édifice a été agrandi au XVIIe siècle par l'adjonction d'une chapelle dédiée à saint Antoine et d'un bas-côté nord ; la sacristie date également du XVIIe siècle. Au XIXe siècle la nef et le bas-côté sud ont été remaniés ; la nef est aujourd'hui couverte d'une fausse voûte en berceau brisé et les bas-côtés sont plafonnés. La reconstruction menée par l'architecte Mathieu Valence a eu lieu en 1846 et le mur pignon daté 1680 a été détruit ; le clocher a été restauré vers 1870 par l'architecte Mondet et présente, sur sa face ouest, les armoiries de Monseigneur Donnet. L'abside et le chœur ont été inscrits au titre des monuments historiques en 1925. Une croix de mission, érigée sur un socle de pierre portant l'inscription « Mission 1956 », marque l'emplacement de l'ancien cimetière à l'est de l'église. À l'intérieur, la chapelle Saint-Antoine, aménagée dans le bas-côté sud au XVIIe siècle, a été financée par le comte de Vassan qui acquit ainsi le droit de banc et de sépulture. Le retable, inscrit à l'inventaire général du patrimoine culturel, se compose d'un corps encadré de colonnes à chapiteaux corinthiens et cannelées, d'une contre-table centrale occupée par un tableau, et d'ailes obliques à deux niveaux dont la partie basse s'ouvre par des portes et la partie haute porte des statues sur consoles. Le tableau central, peint en 1846 par le Bordelais Jean-Baptiste Dubourdieu, est une copie d'une œuvre de Jérôme Langlois conservée dans la sacristie de la cathédrale Saint-André de Bordeaux et représente saint Hilaire ; la Vierge du retable date du XVe siècle et la statue de saint Michel du XIVe siècle. Le programme figuré roman est peu abondant : intérieurement, deux corbeilles remployées ornent la baie sud du chevet, remises en place dans la seconde moitié du XIXe siècle à partir d'éléments rapportés d'une autre église ; extérieurement, trois baies de l'abside conservent des chapiteaux historiés. Les chapiteaux et corbeilles livrent des scènes variées et fortement érodées : l'une montre un oiseau à long bec et, sur l'autre, une scène probable de David lançant une pierre contre Goliath. Sur la baie géminée centrale, deux corbeilles juxtaposées montrent des animaux dévorés par des prédateurs ; le tailloir représente une femme nue disputée par deux hommes aux attributs virils, scène observée en meilleur état par Léo Drouyn au XIXe siècle. Les impostes et le cul-de-lampe de la baie géminée portent des images de condamnation morale : l'imposte occidentale représente un grand crapaud armé d'une tenaille qui maltraite un homme nu, tandis que le culot montre un homme accroupi, nu sauf un ceinturon, associé traditionnellement à l'image du sodomite. Les autres baies offrent des motifs divers : la baie sud-est est très dégradée ; la corbeille ouest montre des coqs affrontés sur fond de spirales végétales et la corbeille est représente un porteur accablé par un cervidé, image du fardeau des péchés. Le chapiteau axial sud, partiellement usé, semblait autrefois représenter une rixe autour d'une femme nue, récit en accord avec des thèmes figurés médiévaux présents sur d'autres églises de la région. Les modillons du chevet, refaits au XIXe siècle, sont de facture simple et présentent peu d'intérêt comparé aux éléments romans remployés.
