Origine et histoire de l'Église Saint-Jacques de Pirmil
L'hôpital Saint-Jacques de Pirmil occupe l'emplacement d'un ancien prieuré bénédictin dont l'église, mêlant roman et ogival, date vraisemblablement de la fin du XIIe siècle ; deux ailes conventuelles ont été rebâties au début du XVIIIe siècle par les Mauristes. À la Révolution le prieuré est vendu et l'église devient paroissiale; les bâtiments connaissent des usages variés jusque dans les années 1800, servant notamment de refuge, de prison et, après restitution à l'État, de dépôt de mendicité aménagé d'après des plans d'Ogée. Ouvert en 1815, ce dépôt se révèle coûteux et inadapté, puis ferme en 1819. Au début du XIXe siècle l'ancienne grande propriété est choisie pour remplacer le vétuste Sanitat et accueillir vieillards indigents, aliénés et orphelins selon les principes en vigueur à l'époque. Le projet reçoit des subsides de l'État et un financement complémentaire obtenu par la vente du Sanitat; la première pierre est posée en 1832 et la construction, supervisée par Louis‑François de Tollenare et menée par les frères Douillard, s'achève progressivement, l'hôpital étant considéré comme terminé en 1845. Lors du transfert des résidents en 1833, des malades participent aux travaux sous la direction du médecin‑chef Camille Bouchet, et des aménagements importants sont nécessaires pour assainir le terrain et assurer l'alimentation en eau. À son achèvement l'établissement comporte plus de mille lits et trois hospices distincts pour les aliénés, les vieillards et les orphelins ; le quartier des aliénés respecte alors les principes d'isolement et d'aération préconisés par la psychiatrie du siècle. Les bâtiments principaux, organisés autour de la chapelle, sont l'œuvre néoclassique des frères Douillard et la partie dite « de la Providence » conserve des éléments du couvent du XVIIIe siècle ; la chapelle abrite des stalles en bois du XVe siècle provenant de l'ancienne église. Au fil du XIXe siècle l'hôpital s'étend : ferme et dépendances sont créées à La Gréneraie, de nouveaux pavillons sont construits et des baraquements provisoires sont installés pour faire face aux épidémies et à la surpopulation. Durant la Première Guerre mondiale l'enceinte accueille un hôpital complémentaire qui reçoit de nombreux blessés, et après 1918 l'établissement poursuit ses agrandissements et modernisations. Entre les deux guerres s'ouvrent des pavillons médicaux et un bâtiment pour les contagieux ; pendant la Seconde Guerre mondiale la destruction de l'Hôtel‑Dieu en 1943 fait de Saint‑Jacques l'hôpital principal de Nantes et entraîne l'ouverture rapide de services de médecine et de chirurgie. Après 1944 l'hôpital développe des services spécialisés (réanimation, centres de rééducation, services pour brûlés, etc.), accueille des fonctions universitaires et renforce son rôle en psychiatrie et en gériatrie ; la réorganisation hospitalière des décennies suivantes conduit à la création d'un nouvel hôpital et à la redéfinition des missions de Saint‑Jacques, désormais centré sur la psychiatrie, la gériatrie et la rééducation. Sur le plan architectural, les interventions récentes associent constructions contemporaines et restauration du patrimoine : une plate‑forme logistique moderne a été ajoutée en 2006 et la réorganisation du pôle psychiatrie en 2009 a cherché à relier les parties hétérogènes du site par des liaisons couvertes et des aménagements contemporains. Aujourd'hui Saint‑Jacques fait partie des établissements du CHU de Nantes ; il abrite des services cliniques et médico‑techniques spécialisés, des structures de formation et des fonctions logistiques et pharmaceutiques, tout en conservant des éléments remarquables de son histoire architecturale et hospitalière.