Origine et histoire de l'Église Saint-Jacques-le-Majeur-et-Saint-Ignace
L'église Saint-Jacques-le-Majeur-et-Saint-Ignace est un édifice catholique situé rue de Saint‑Omer, au centre d'Aire‑sur‑la‑Lys (Pas‑de‑Calais). De style baroque tardif (XVIIe siècle), ancienne église du collège jésuite, elle est aujourd'hui paroissiale et classée monument historique depuis 1942. Les jésuites ouvrent le collège Sainte‑Marie en 1612 et entreprennent rapidement la construction d'une église destinée à leurs activités pastorales et spirituelles. Les plans du frère Jean Du Blocq sont envoyés à Rome le 22 mars 1620 et retournés le 11 juillet avec des corrections. Par manque de ressources, les travaux sont différés ; les legs et dons de la famille de Caverel permettent l'ouverture du chantier environ soixante ans plus tard, et la famille impose le double vocable Saint‑Jacques‑le‑Majeur et Saint‑Ignace‑de‑Loyola. Les travaux, dirigés par le frère Jean Bégrand (1623‑1694), commencent en 1682 et s'achèvent en 1688, date portée sur la façade ; Bégrand apporte des modifications au plan initial. En 1763, les jésuites sont expulsés du collège et de leur église. Pendant la Révolution, l'église est fermée au culte et sert de salle de réunion aux "Amis de la Constitution", groupe dirigé pendant un an par Lazare Carnot. Le mobilier disparaît : la chaire de vérité est donnée à la collégiale Saint‑Pierre, le retable est emporté et les verrières sont vandalisées. De 1795 à 1837, le bâtiment est occupé par l'armée, qui l'utilise comme dépôt de munitions, magasin de fourrage et salle de spectacle. L'église est rendue au culte en 1846. Lorsque les prêtres de Saint‑Bertin rouvrent le collège Sainte‑Marie en 1851, ils obtiennent l'usage de l'église tandis que la ville en reste propriétaire, et lancent une restauration importante. Autels, stalles et chaire de vérité sont réinstallés en 1853, et les nouveaux autels sont consacrés la même année par l'évêque d'Arras. Extérieurement, l'église ne possède pas de clocher ; sa haute façade en pierre blanche, élevée sur trois niveaux et haute de 33 mètres, domine le quartier. Au deuxième niveau, une grande verrière centrale inonde la nef d'une abondante lumière, et des écussons portant les armes des Caverel et les dates 1688 et 1837 encadrent la façade. Intérieurement, conformément aux orientations liturgiques du concile de Trente, l'édifice privilégie la prédication et la centralité eucharistique : il mesure 58 mètres et offre une unique nef de quatre travées se prolongeant par une abside circulaire. Deux chapelles latérales, situées à l'entrée du chœur, forment un petit transept et donnent à l'église le dessin d'une croix latine, et une crypte servait de sépulture aux jésuites du collège. La quasi‑totalité du décor et du mobilier intérieur date de la restauration de 1853. Sont toutefois à part quatorze panneaux en bois doré, commandés par les chanoines de la collégiale Saint‑Pierre à la fin du XVIIIe siècle pour décorer les quatorze piliers du chœur ; relégués dans les combles par monseigneur Scott, curé doyen en 1840 lors de la restauration de la collégiale, ils sont retrouvés en 1950 après le bombardement de 1944, restaurés par les Monuments Historiques et placés provisoirement dans l'église Saint‑Jacques en attendant la restauration intérieure de la collégiale. L'origine des statues baroques représentant les apôtres Pierre, Jean et Jacques le Majeur, ainsi que celle d'Ignace de Loyola présentes dans l'église, demeure inconnue.