Origine et histoire de l'Église Saint-Jacques-le-Majeur-et-Saint-Jean-Baptiste
L'église Saint-Jacques-le-Majeur-et-Saint-Jean-Baptiste se situe à Folleville, dans le département de la Somme ; de style gothique flamboyant, elle est classée monument historique. Un pouillé de 1301 mentionne l'existence d'une église à Folleville, et la nef actuelle fut édifiée dans les dernières années du XIVe siècle sous la seigneurie de Jean de Foleville. À la fin du XVe siècle, la seigneurie passa à la famille de Lannoy par le mariage de Jeanne de Poix et Raoul de Lannoy. Raoul de Lannoy, qui se distingua au siège du Quesnoy et servit comme bailli d'Amiens, fit édifier au début du XVIe siècle la chapelle seigneuriale et commanda les gisants de lui et de son épouse ; sa veuve fit exécuter sa volonté testamentaire après son décès en 1512. Au début du XVIIe siècle, la terre de Folleville appartint à Philippe-Emmanuel de Gondi, qui confia l'éducation de ses fils à Vincent de Paul ; c'est depuis la chaire de cette église que Vincent de Paul prononça, le 25 janvier 1617, un sermon à l'origine de la Congrégation de la Mission. Pendant la Révolution, les habitants protégèrent les fonts baptismaux et les tombeaux. Les restaurations du XIXe siècle, qui ont porté sur la couverture et la maçonnerie, révélèrent des fondations d'une église antérieure. L'édifice a été classé en 1862 au titre des monuments historiques et inscrit en 1998 au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
L'église présente une structure simple en deux parties distinctes : une nef du XVe siècle et un chœur plus élevé, qui fut la chapelle seigneuriale dédiée à saint Jean-Baptiste. La nef, en trois travées séparées par des contreforts, est percée de baies flamboyantes et voûtée en bois de châtaignier dont les corbeaux portent des têtes sculptées. Le chœur, également en trois travées, est de style flamboyant avec des baies plus larges et des voûtes de pierre ornées de nervures décorées de chaînes et de tiges et feuilles de pois. Une tourelle d'escalier se situe à la jonction sud de la nef et du chœur, et un clocher coiffé d'une flèche en ardoise surmonte la première travée de la nef. À l'extérieur, deux statues décorent l'édifice : saint Jacques au-dessus du portail et la Vierge sur un contrefort du chœur.
Dans la nef se trouvent la chaire d'où Vincent de Paul prêcha et les fonts baptismaux ; la vasque en marbre de Carrare porte la chaîne et les armes de la famille de Lannoy et repose sur un socle en pierre locale décoré de feuilles d'acanthe. Trois tableaux du XIXe siècle, copies d'œuvres disparues de Jean-François de Troy et de Jean Restout d'après des estampes de 1737, représentent des épisodes de la vie de Vincent de Paul ; ces peintures, probablement issues du collège lazariste de Montdidier et données au curé de Folleville en 1913, ont été classées monuments historiques en 2010. Le chœur conserve une piscine sculptée portant les monogrammes de Raoul et Jeanne de Lannoy et, au-dessus du maître-autel, un crucifix accompagné d'un groupe sculpté représentant la Vierge et saint Jean l'Évangéliste. La fenêtre axiale a partiellement conservé un vitrail de la Crucifixion du XVIe siècle restauré au XIXe siècle, et deux vitraux ont été posés dans les baies voisines par l'atelier Courageux à l'automne 2022 et au printemps 2023. Derrière le maître-autel, un grand enfeu flamboyant, aujourd'hui vide, abritait une mise au tombeau transportée par Philippe-Emmanuel de Gondi à l'église Saint-Jean de Joigny ; l'entablement est sculpté d'anges portant les instruments de la Passion et du Christ ressuscité apparaissant à Marie-Madeleine.
Du côté nord de l'abside, deux enfeus renferment les tombeaux de la famille de Lannoy : les gisants de Raoul de Lannoy et de Jeanne de Poix, en marbre de Carrare, furent réalisés par Antonio Della Porta et Pasio Gaggini entre 1506 et 1508 et furent qualifiés par Léon Palustre de « la création artistique la plus admirable de la France septentrionale ». Raoul porte la chaîne offerte par Louis XI et son épouse a la tête légèrement tournée vers lui. La décoration de l'enfeu, œuvre d'artistes locaux mêlant le style flamboyant et des éléments de la Renaissance, présente des sculptures de saints (Antoine ermite, saint Sébastien, saint Adrien), des scènes bibliques (Pietà, décollation de saint Jean-Baptiste), des symboles funèbres, arabesques et tiges de pois, ainsi que des pendentifs et une façade sculptés de saints, d'une Vierge à l'Enfant dans un grand lys entourée de fleurs et des symboles des évangélistes ; des statues de saint Claude et de saint Louis encadrent l'ensemble. Le second enfeu abrite le tombeau de François de Lannoy et de Marie d'Hangest ; daté d'environ trente ans après le premier, il illustre les premières formes de la Renaissance française, les défunts y figurant agenouillés et la paroi inférieure portant les médaillons des vertus cardinales : Justice, Prudence, Tempérance et Force.