Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste de Cameyrac
L'église Saint-Jean-Baptiste de Cameyrac se dresse sur le tertre de Cameyrac, à l'intersection de la rue de l'église et de l'allée du Moulin d'Andraut, dans la commune de Saint-Sulpice-et-Cameyrac (Gironde). On trouve sa mention dès 1165 parmi les possessions de l'abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux ; elle comportait alors une nef simple et une façade occidentale ouverte par la porte romane actuelle. L'édifice, d'esprit roman pour sa partie primitive, a vu la construction de sa nef et de son clocher au début du XIVe siècle. À l'origine le plan formait un rectangle fermé à l'est par un chevet droit, la porte s'ouvrant à l'ouest dans le clocher ; l'adjonction, en 1651 et 1655, de deux chapelles latérales pour le seigneur et le curé a transformé l'église en croix latine. La sacristie et le porche semblent avoir été ajoutés à la même époque. L'édifice porta successivement les vocables de saint Cyr et sainte Julitte (notée Julith dans les textes), puis de saint Ciers, avant d'être dédié à saint Jean-Baptiste. Des travaux ont également concerné l'église et le cimetière au début et à la fin du XIXe siècle ; le clocher a été réparé par l'architecte P. Ferret en 1935, et des restaurations ont eu lieu en 1996 et 1998. Une inscription portée au-dessus de la porte indique « 9 an III », correspondant à 1794. Le portail occidental, sous quatre rouleaux ornés de tores, gorges et baguettes, présente une seconde voussure décorée de palmettes et repose sur une colonne monolithe dont les chapiteaux cylindriques ou coniques forment des moulures en forme de tore. Contre le piédroit nord s'appuie une table de pierre probablement destinée à recevoir les offrandes pour le curé et les prieurs. Le clocher, de plan barlong et renforcé par quatre contreforts, est pourvu de deux échauguettes et servit de forteresse pendant les Guerres de religion ; on y accède par un escalier à vis situé à gauche du grand portail. La chambre interne, longue et étroite, est percée de cinq archères cruciformes à croix pattée. L'intérieur révèle des traces de décor peint et, dans le sanctuaire, un retable du XVIIe siècle avec la statue de saint Jean-Baptiste, flanqué de boiseries du XVIIIe. Le fond du sanctuaire est orné d'un lambris sculpté, d'un retable polychrome et d'un autel en tombeau ; le maître-autel se compose d'un autel-tombeau galbé, de deux gradins, d'un tabernacle à ailes en bois et d'un retable architecturé à colonnes lisses décorées de feuilles de lierre au tiers inférieur, surmonté d'un fronton brisé. Le tabernacle est décoré d'un calice sur sa porte et de chérubins dans le tympan, tandis que des rinceaux de feuillage ornent la frise de l'entablement et le fronton cintré du retable ; des lambris peints en faux bois encadrent le retable et servent de dossiers aux bancs du chœur, dont le centre est occupé par une grande statue polychrome de saint Jean-Baptiste. La chapelle Saint-Joseph, au sud, possède un retable baroque postérieur à la construction de 1651 ; elle contient un autel simple et un tableau d'autel représentant saint Joseph et l'Enfant Jésus signé « H. LEPREUX 1863 ». Le retable de cette chapelle est encadré de deux colonnes torses décorées de pampres et d'oiseaux, présente un fronton brisé sur lequel sont assis deux anges, et comporte au centre un édicule abritant une Vierge à l'Enfant dans une niche à coquille entourée de chutes de fruits. La chapelle de la Vierge, édifiée en 1655 dans un style baroque, présente un retable cantonné d'ailerons à feuillages et orné de panneaux de lambris ; le tabernacle trapézoïdal repose sur deux gradins décorés de draperies et de chérubins, et la contre-table est couronnée d'un dais à écailles encadré de panneaux de chutes de fruits et de fleurs. L'autel de cette chapelle, peint à l'imitation du marbre, date de la première moitié du XIXe siècle, et la statue de la Vierge à l'Enfant de la seconde moitié du XIXe siècle. À l'extérieur, une croix de chemin située rue de l'église est dressée sur un petit tertre ; elle se compose d'un socle de 1,20 m, d'un fût monolithe de 1,60 m en pierres de taille et d'une croix en fonte haute de 0,80 m. L'église a été inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 21 décembre 1925.