Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste
L'église Saint-Jean-Baptiste est une église catholique de style gothique située place de l'Église à Chaource, dans l'Aube, et classée aux monuments historiques par la liste de 1840. Elle a été financée dès la fin du XIIe siècle par l'abbaye Saint-Pierre de Montiéramey, propriétaire de la cité depuis 880. L'abbaye prit en charge la construction du chœur, achevé au XIIIe siècle, tandis que les paroissiens édifièrent les chapelles et autres parties, réalisées au XVIe siècle après la peste et la guerre de Cent Ans. L'église fut consacrée en 1304 par Bertrand de Goth et passa du vocable de sainte Marguerite à celui de saint Jean-Baptiste. Orientée selon la tradition, elle présente un plan en croix latine et conserve environ soixante sculptures médiévales qui en font un véritable musée de la sculpture troyenne.
Dans le collatéral nord, la première chapelle dédiée à sainte Barbe réunit une Vierge à l'Enfant et des statues polychromes du XVIe siècle, dont sainte Barbe et sainte Marguerite, ainsi qu'un triptyque de la Trinité du XVIe siècle et plusieurs tableaux, parmi lesquels une Apparition de la Vierge à saint Robert attribuée à Jacques de Létin, déposée par la commune des Loges-Margueron. La chapelle Sainte-Catherine ou de l'Annonciation, datée de 1534, conserve une statue de saint Robert, un retable de l'Annonciation d'origine rhénane ou lorraine attribué à la première moitié du XVe siècle et, au-dessus, les statues de saint Mammès, sainte Catherine et saint Étienne, ainsi qu'une Adoration des bergers du XVIIe siècle.
Au portail nord, une verrière en rosace figure les sept douleurs de la Vierge, don de Jean Carteron, et un tableau de saint Augustin attribué à Jean-Barthélemy Parrocel est classé monument historique depuis 1906; des statues de saint Julien, sainte Agnès et saint Gondon décorent ce secteur. La partie ancienne de l'édifice remonte au XIIIe siècle et présente des hagioscopes ouverts dans les piliers pour voir l'office au maître-autel.
La chapelle du Paradis, au nord du transept, est précédée d'une clôture en pierre blanche de style Renaissance datée de 1538, fondée par Sébastien David et Bertrande Le Tartrier et ornée de colonnes, atlantes et cartouches portant les armes des donateurs. En son centre se trouve une crèche du XVIe siècle composée de vingt-deux statuettes en bois peint et doré, présentée dans un meuble polyptyque daté de 1540 dont les volets illustrent des épisodes de la vie de la Vierge et du Christ. Le retable de la Passion, daté de 1532, comprend trois panneaux représentant l'arrestation, la crucifixion et la résurrection, et se trouve surmonté d'un groupe de la Transfiguration flanqué de statues de la Vierge à l'Enfant et de saint Jean.
D'autres statues ornent les murs de la chapelle du Paradis, notamment une Éducation de la Vierge, un saint Syre, une sainte Reine, saint Jacques le Majeur et une Pietà; ces œuvres furent gravement endommagées lors d'un bombardement en juin 1940 puis restaurées. Les verrières présentent des cycles soignés : à l'ouest, la vie de saint Sébastien (1536) avec les donateurs ; au nord, une grisaille évoquant le Jugement dernier, le Paradis et l'Enfer ; à l'est, au-dessus du retable, une verrière de l'Apocalypse montrant notamment les quatre cavaliers et portant les armoiries de Sébastien David et Bertrande Le Tartrier. Un caveau sous la chapelle contient des inhumations antérieures à la Révolution et le sol y est pavé de petits carreaux en terre cuite.
Dans le chœur, la chapelle du Christ de Pitié, au terme du collatéral nord, abrite de nombreuses statues de saints — saint Sébastien, saint Denis, saint Nicolas, le Christ de Pitié avec deux donateurs, saint Edme, saint Éloi, saint Vorles et saint Jérôme — dont certaines sont rattachées à l'atelier du maître de Chaource. La niche-trésor conserve depuis 1990 les objets cultuels de la paroisse et des communes voisines : croix processionnelles, reliquaires, ostensoir, calices, ciboires, une statuette de saint Fiacre et un manuscrit du XVIe siècle, couvrant une période du XVe au XIXe siècle.
La chapelle du Sépulcre, construite en 1515 en contrebas du chœur, présente les armoiries de la maison de Monstier et abrite un groupe sculpté polychrome composé d'un tombeau et de huit personnages — trois gardiens et les figures de Joseph d'Arimathie, Nicodème, la Vierge et plusieurs saintes — une Mise au Tombeau attribuée à un atelier lié au maître de Chaource et considérée parmi les plus émouvantes. Les donateurs Nicolas de Monstier et Jacqueline de Laignes sont représentés en orants sur un groupe plus petit et une inscription mentionne leur fondation; la voûte conserve des fragments de peinture polychrome, dont une scène du Noli me tangere.
Le sanctuaire est séparé de la nef par une table de communion en fer forgé du début du XVIIIe siècle; le maître-autel en marbre rouge, daté du XVIIIe siècle, porte un relief représentant le Saint-Esprit, est encadré par des candélabres et surmonté d'un rang de statues comprenant saint Joseph et l'Enfant, saint Laurent, saint Jean-Baptiste, saint Jacques, saint Edme et une représentation de l'Éducation de la Vierge. L'orgue, dont la tribune et le buffet sont classés monuments historiques en 1959 et 1962, provient de l'abbaye de Montiéramey ; ses deux buffets, réalisés par Champagne et Desacer avec des sculptures de Jean Chabouillet, furent installés à Chaource à la Révolution et mis en place en juillet 1791 par le facteur Bénigme Boillot. L'instrument, enrichi successivement, comportait à l'origine vingt-deux jeux et fut reconstruit entre 1847 et 1848 par Nicolas-Antoine Lété pour atteindre trente-deux jeux sur trois claviers et pédale.
D'autres chapelles et éléments décoratifs, ainsi que la chaire, complètent l'édifice et sont documentés dans la bibliographie spécialisée.