Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste
L'église Saint-Jean-Baptiste du Croisty, située dans le Morbihan, est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 28 décembre 1984. L'édifice, en forme de croix latine avec chevet plat, est attribué aux XVe‑XVIe siècles, bien que des voûtes romanes découvertes en 1998 attestent une antériorité. Trois constructions s'adossent au mur de la nef : un ossuaire ajouré de trois baies en anse de panier, un porche pourvu d'une porte en plein cintre à nervures pénétrantes et une sacristie. Le pignon oriental, à rampants assisés et sommé d'une croix, présente des pierres d'assise sculptées de têtes humaines et s'ouvre par une baie en arc brisé à remplage formé de quatre lancettes trilobées et de lobes trilobés. Le clocher a été entièrement reconstruit au début du XXe siècle, enchâssé dans les maçonneries anciennes ; la flèche, remplacée en 1879 par une version en pierre, a été frappée par la foudre en 1895. À l'intérieur, la voûte lambrissée, peinte en bleu selon la tradition romane, est soulignée par des sablières en bois polychrome sculptées de scènes figuratives. Ces sablières, datées de 1553 par une inscription mentionnant Me Pierre Le Dorfen, représentent notamment la chasse, des centaures et des scènes naïves ou licencieuses ; quatorze scènes et une autre sablière sont protégées au titre des monuments historiques (1939 et 1994) et d'autres objets du mobilier sont également classés. Les sablières ont fait l'objet de restaurations récentes, notamment en 2001 et 2002. La maîtresse-vitre, datée du XVIe siècle, illustre la vie de saint Jean‑Baptiste ; on y reconnaît les armes des Le Scanff et elle a été restaurée par l'atelier Le Bihan de Quimper. Aux XIIe et XIIIe siècles, Le Croisty dépendait de l'ordre des Hospitaliers de Saint‑Jean de Jérusalem : des aumônes de Priziac sont confirmées par une charte de 1160 et des possessions sont attestées en 1200 par une donation. Dès 1387, Le Croisty apparaît comme paroisse et acquitte dix livres de droits censaux au chapitre de la cathédrale de Vannes. En 1539, le membre du Croisty dépend de la commanderie de Quimper et Beauvoir, comme l'aveu rendu pour la chapelle, le moulin, le village et les rentes l'indique. Au début du XVIIe siècle, l'église possédait six autels, des fonts baptismaux et un trésor comprenant une croix processionnelle d'argent, un crucifix et deux images de saints en argent doré. En 1697, le commandeur hospitalier Léonor de Beaulieu de Belthomas exerçait au Croisty haute, moyenne et basse justice ; il est qualifié de fondateur de l'église tréviale Saint‑Jean et y détenait banc, enfeu et armoiries, avec le droit de présenter le chapelain et de percevoir les oblations. Le même état des revenus signale la présence, sur le pignon, des armes de l'ordre en pierre. Au XVIIIe et XIXe siècles, l'église a connu des réparations et des inquiétudes pour sa conservation : en 1748 l'évêque ordonne l'enlèvement de sculptures jugées indécentes, en 1846 l'administration signale un risque d'effondrement et des travaux de couverture, de lambris et d'autel sont menés en 1860. En 1892, une sacristie est aménagée à l'emplacement de l'ancienne chapelle de Corrogant ; elle sera restaurée en 2000. En 1997 l'état du bâtiment pose un problème de sécurité publique et sa fermeture est envisagée ; une restauration importante engagée en 1998 porte sur les murs, la charpente, la toiture, le clocher, les vitraux, les sablières, les clés de voûte, la voûte lambrissée et les statues.