Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste
L'église Saint-Jean-Baptiste est une église catholique située à Jazeneuil, dans le département de la Vienne ; elle domine modestement la Vonne, affluent du Clain. Classée au titre des monuments historiques en 1883, elle constitue un bel exemple d'architecture romane du XIIe siècle par la qualité de sa sculpture et ses formes. Avant l'édifice actuel, le site abritait trois chapelles dédiées à la Vierge, à sainte Geneviève et à saint Macou, dont l'existence est attestée dans un document de 681 relatif au transfert des reliques de saint Léger. Le vocable de saint Jean‑Baptiste semble avoir été attribué vers le XIIe siècle, sans doute en lien avec la présence d'une source qui coule sous le chœur et aboutit à la fontaine dite de Saint Macou. Cette fontaine servait autrefois à plonger les enfants au développement retardé, appelés « les Macouins », afin de stimuler leur croissance. Jazeneuil relevait de la châtellenie de Lusignan, ce qui peut expliquer certaines similitudes de style entre les édifices des deux localités. En 1584, l'église, alors inutilisée, et le prieuré accueillirent un synode protestant réunissant vingt-trois pasteurs et autant de laïcs. À partir de 1988, l'église et ses abords ont fait l'objet de plusieurs campagnes de rénovation : création du parvis, restauration des toitures en lauzes de l'abside et de l'absidiole, restauration du transept, du clocher, de la façade occidentale et de la tourelle d'escalier, ainsi que la création de vitraux modernes entre 1999 et 2007. Depuis 2019, des initiatives locales ont accru la mise en valeur du site par des visites guidées et son intégration dans les circuits touristiques de la Vienne, tandis qu'en 2024 des expositions et concerts ont animé l'église. Le plan est simple : une nef initialement à vaisseau unique, un transept saillant et un chœur avec abside en hémicycle ; la construction remonte au troisième quart du XIIe siècle. La façade occidentale présente un large portail en plein cintre du XIIe siècle, entouré d'arcades aveugles et soutenu par dix colonnettes aux chapiteaux sculptés ; l'archivolte comporte quatre voussures ornées de tores, billettes, palmettes et autres décors. Au-dessus du portail, une grande baie gothique a été ouverte et le pignon est couronné d'une croix antéfixe, créant un contraste entre la partie nue du pignon et la richesse du portail. La nef conserve des murs et une petite porte latérale nord anciens, tandis que le mur sud s'ouvre sur deux baies géminées en tiers‑point qui ne sont pas antérieures au XIIIe siècle. Le transept sud est épaulé par des contreforts à double ressaut ; il est percé d'une porte en plein cintre surmontée de deux fenêtres romanes, l'une subdivisée par un meneau portant un remplage flamboyant du XVe siècle et l'autre ornée d'ornements en forme de langues. Le pignon du transept, remanié au XVe siècle, présente des modillons sculptés et un cadran solaire canonial en demi‑cercle ; le croisillon nord a disparu au XVIIe siècle, mettant fin à la liaison avec le prieuré aujourd'hui en propriété privée. Le clocher, de plan carré, s'appuie sur le carré du transept ; il est massif, reconstruit et coiffé d'une flèche en charpente avec une toiture en ardoise. L'abside, remarquable, s'élève sur un soubassement de sept assises et s'orne de longues arcatures en plein cintre accouplées entre des contreforts à trois colonnes ; chapiteaux et modillons sont richement sculptés de palmettes, feuillages, animaux et têtes humaines. À l'intérieur, l'édifice mesure plus de 43 mètres de long, 10 mètres de large et 12 mètres de hauteur sous la voûte ; la nef, divisée en six travées, a été réaménagée au XIXe siècle pour former un large vaisseau central et deux collatéraux étroits et est voûtée dans un style néoroman. Le carré du transept est couvert par une coupole sur pendentifs reposant sur arcs en tiers‑point et colonnes jumelles ou groupées, tandis que le croisillon sud conserve une voûte en berceau brisé renforcée par un doubleau en tiers‑point. Le chœur comprend deux travées voûtées sur croisées d'ogives aux nervures épaisses reposant sur de fines colonnettes et comporte cinq baies séparées par de longues colonnes dont les chapiteaux présentent des motifs végétaux et figurés, reprises dans l'abside. Les décors intérieurs comprennent des arcades en plein cintre sur colonnettes aux chapiteaux sculptés de palmettes, volutes, monstres affrontés et colombes buvant dans un calice, symbole de l'Eucharistie courant dans les églises romanes de la Vienne. La date de 1164 est gravée sur le fût d'une colonne à droite de la porte de la sacristie, cette dernière datant de 1843‑1844. Le mobilier comprend un maître‑autel en forme de tombeau, un autel moderne installé au carré du transept et, de part et d'autre du chœur, deux statues représentant sainte Radegonde et saint Antoine de Padoue. Le vitrail axial du chœur, réalisé en 1869 par les frères Guérithault de Poitiers, représente le baptême du Christ ; deux autres verrières historiées du chœur figurent saint Louis et sainte Alodie. La grande baie gothique de la façade occidentale a reçu en 1999 un vitrail en verre fusionné créé par Thierry Gilhodez, complété de 2002 à 2007 par huit vitraux contemporains réalisés par Gilhodez, Jean‑Jacques Fanjat et Michel Guevel selon des techniques de verre fusionné et de verre plaqué, en collaboration avec le musée du vitrail de Curzay‑sur‑Vonne.