Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste
L’église Saint-Jean-Baptiste de Lannemezan est un édifice d’origine romane dont la fondation remonte au XIIe siècle et qui a conservé une large part du gros œuvre roman. Sa nef, composée de quatre travées, conserve dans l’une d’elles quatre colonnes engagées romanes aux chapiteaux historiés représentant notamment un martyr agenouillé devant ses bourreaux, des créatures monstrueuses et des motifs floraux ; cette travée était à l’origine voûtée en berceau, remplacé aujourd’hui par une fausse voûte en plâtre. Le chœur polygonal, voûté sur six branches d’ogives moulurées selon le goût du XVe siècle, se termine par une clef de voûte sculptée et un arc triomphal décoré de peintures récentes ; à la base de chaque ogive se trouve la sculpture d’une tête souriante et la clef porte un ancien blason partiellement lisible. Le clocher, ouvert sur la nef par un arc brisé, a été remanié au XIXe siècle et certaines voûtes et couvertures ont été refaites au XVIIIe siècle. Le portail latéral, richement décoré, présente de chaque côté quatre colonnettes de marbre soutenant des voussures concentriques et des chapiteaux historiés ; le portail occidental, ancien et attribué aux XIIe‑XIIIe siècles, est orné d’une frise végétale peuplée de feuilles de vigne, d’oiseaux, d’animaux et de personnages et est inscrit à l’inventaire des monuments historiques.
L’histoire du monument a été marquée par des épisodes de destruction et de restauration : l’église fut incendiée lors du passage des troupes huguenotes en 1569, endommagée à la Révolution et ensuite restaurée ; au XIXe siècle le clocher a été reconstruit et le portail sud déplacé pour permettre l’élargissement de la nef. Jusqu’au XVIIIe siècle, des inhumations à l’intérieur de l’église étaient pratiquées près de l’autel, puis interdites pour des raisons d’hygiène et d’égalité ; un nouveau cimetière a été consacré hors de l’église au milieu du XIXe siècle.
L’intérieur conserve un mobilier richement sculpté et décoré. Le maître-autel et son retable, œuvre de Jean Soustre d’Asté au début du XVIIIe siècle, sont dédiés à saint Jean-Baptiste : colonnes ornées de feuilles de vigne et de grappes, chapiteaux corinthiens, panneaux figurés et un sommet représentant Dieu le Père entouré d’anges ; le tabernacle, dédié à la Vierge, porte sur sa porte la Crucifixion entourée des saints Pierre et Paul et des statuettes. Le retable et le tabernacle du maître-autel sont classés au titre des objets des monuments historiques ; les deux chandeliers pascaux du XVIIe siècle et le maître-autel en bois de la fin du XVIIIe siècle sont inscrits à l’inventaire.
La sacristie conserve plusieurs objets inscrits, parmi lesquels un ciboire en argent doré daté du début du XIXe siècle réalisé par Bernard Adour et Jacques‑Dominique Gautier de Bagnères‑de‑Bigorre, un calice et une patène en argent doré datés de 1860, une bourse de corporal en soie blanche brodée et deux pans de dais en tissu d’or brodés, tous du XIXe siècle. Le baptistère abrite deux statues en bois sculpté de style nordique du XVIe siècle représentant saint Jean‑Baptiste et la Vierge à l’Enfant. Dans la nef, l’orgue de l’entreprise Jules Magen et fils, acquis en 1866 et restauré en 1979, accompagne une peinture murale représentant le Sermon sur la montagne.
Les chapelles latérales, dont celles dédiées à saint Pierre et à la Vierge, portent des retables et autels commandés à l’atelier de Jean II Ferrère en 1772 : colonnes sculptées et ornées de motifs végétaux, d’animaux et d’attributs iconographiques (clefs, tiare, rosaire, couronne d’étoiles), figures d’anges et scènes lecturales au sommet. À l’extérieur, le monument aux morts de 1914‑1918, placé devant le chevet, figure l’allégorie de la Victoire. Parmi les éléments remarquables conservés et visibles figurent le portail occidental, le baptistère, la peinture murale de la voûte, le maître-autel et son retable, l’oratoire de saint Joseph, le retable de saint Pierre, l’oratoire de Notre‑Dame de Lourdes et le retable de la Vierge à l’Enfant.
