Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste
L'église Saint-Jean-Baptiste de Mazères, située dans le hameau de Mazères sur la commune de Castelnau-Rivière-Basse (Hautes-Pyrénées), est pour l'essentiel d'origine XIIe siècle. Le chœur rectangulaire, l'élément le plus ancien, comporte des arcatures en plein cintre retombant sur colonnettes et chapiteaux sculptés. Ces chapiteaux, au nombre de vingt-six et remarquablement conservés, montrent des influences stylistiques repérées par l'abbé Jean Cabanot, notamment de Saint-Sever et de la basilique Saint-Sernin de Toulouse, avec quelques motifs pouvant relever d'un atelier aragonais. Le chœur, construit autour de 1120, était dès l'origine couvert d'une voûte en berceau plein cintre et présente en façade des arcades aveugles, des banquettes moulurées et des fenêtres dotées d'archivoltes et de colonnettes ; un cordon de billettes court à la base des fenêtres. La nef unique se compose de quatre travées : la travée occidentale est isolée du reste par un mur oblique et couverte d'une fausse voûte en bois, tandis que les trois travées orientales ont des voûtes en pierre avec arêtes diagonales et arcs doubleaux séparatifs. L'accès se fait par un petit porche latéral en plein cintre percé dans le mur sud de la seconde travée ; en vis-à-vis, la porte de l'escalier à vis ouvre dans une tourelle octogonale adossée au mur nord. La façade ouest est dominée par un pignon flanqué de deux échauguettes polygonales coiffées en forme de pyramide ; la pointe du pignon et les parties supérieures des échauguettes sont aujourd'hui en brique. Les murs, d'origine en petit appareil de pierre, ont connu adjonctions, surélévations et reprises en matériaux divers. À gauche du contrefort d'axe, une niche cintrée pratiquée au pied de la façade était, selon la tradition, destinée à faire passer l'eau bénite aux cagots. Les sculptures du portail méridional, uniques dans la nef, diffèrent nettement par leur style et leur état de conservation plus altéré ; on y reconnaît notamment des représentations de Daniel. Une tradition attribue la construction de l'église aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, vers 1120, mais les archives de l'Ordre ne permettent pas de l'affirmer avec certitude ; une autre tradition rattache la fondation à la martyre de la princesse wisigothe Libérate, dont l'église possédait des reliques. Au cours du Moyen Âge, Mazères relève successivement de différentes seigneuries ; en 1342 l'évêque de Bigorre réforme le lieu en paroisse, fait modifier la partie occidentale et isoler une chapelle dédiée à sainte Libérate où il dépose une châsse en marbre blanc portant une inscription gothique. Pendant la guerre de Cent Ans l'édifice reçoit des aménagements défensifs — salles hautes au-dessus du chevet et de la chapelle, échauguettes et chemin de ronde — et une tour-escalier crénelée est appuyée contre le mur nord de la nef. L'église a été incendiée durant la période des conflits, ses reliques profanées, puis consolidée par la construction de voûtes ogivales et de contreforts extérieurs qui ont modifié l'élévation primitive et transformé la nef en espace plus bas et aveugle, divisé en trois travées. Au XVIIIe siècle une petite sacristie est ajoutée au sud du chœur et le sanctuaire reçoit un décor en trompe-l'œil ; au XIXe siècle les échauguettes reçoivent des toits en poivrière. Menacée de ruine au début du XXe siècle, l'église a été classée au titre des monuments historiques et sauvée par des travaux entrepris après son classement ; elle est devenue une annexe de la paroisse de Castelnau-Rivière-Basse. L'ensemble présente ainsi un plan simple et typique du Sud-Ouest — sanctuaire rectangulaire et nef unique — où la qualité exceptionnelle des éléments sculptés du chevet contraste avec la sobriété et la modestie constructive de la nef. La châsse de sainte Libérate, datée par inscription de 1342, fut visible des pèlerins qui pouvaient s'allonger sous les arches aménagées pour vénérer les reliques ; ces dernières furent dispersées en 1793.