Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste
L’église Saint-Jean-Baptiste de Monprimblanc, située dans la partie ouest du bourg de la commune de Monprimblanc en Gironde, est mentionnée pour la première fois en 1326. La partie romane pourrait remonter à la fin du XIe siècle ou au XIIe siècle ; la nef et le chœur sont attribués à cette période et l’arc triomphal retombe sur deux chapiteaux historiés. Le chevet conserve sa corniche portée par des modillons et un étage de défense ajouté aux XVe ou XVIe siècles, percé de fentes de tir. À l’origine, l’édifice se composait d’une nef terminée par une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four ; une partie d’un clocher-mur subsiste au niveau de l’arc triomphal. La chapelle méridionale a été ajoutée au XVIIe siècle, la sacristie septentrionale au XVIIIe siècle et le mur sud de la nef a été reconstruit en 1785. La chapelle nord, qui forme un faux transept avec la chapelle sud, a été édifiée dans les années 1830 et des peintures en trompe-l’œil néo-gothiques y ont été réalisées à ce moment. L’architecte bordelais Edmond-Jean Hosteing a transformé la partie ouest par l’édification d’un clocher-porche en 1887-1888 ; la sacristie sud a été construite entre 1887 et 1909. Une croix de cimetière, datée de la fin du XVe siècle, se dresse dans l’enclos qui entoure l’église. L’abside romane est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 29 décembre 1981.
Seule l’abside a conservé sa sculpture romane : à l’extérieur, quatorze modillons sculptés soutiennent la corniche et proposent un répertoire moraliste classique ; à l’intérieur, deux chapiteaux historiés supportent l’arc triomphal et ont été inscrits à l’inventaire général du patrimoine culturel le 14 octobre 1997. Les modillons du chevet représentent animaux (taureau, cochon, bouc, ours) et scènes symboliques qui dénoncent les péchés : une Eucharistie dite « sacrilège » montrant deux personnages consommant une hostie et du vin, des coquilles de pèlerinage, des figures liées à la musique profane, un homme ithyphallique, un couple enlacé et la figure dite de l’homme « inverti » évoquant la sodomie. Sur le mur sud de la nef subsiste un modillon de remploi représentant le buste d’un homme dont la main droite touche ses cheveux et la main gauche caresse sa barbe ; ces gestes ont été interprétés comme des signes de vanité et de connotation sexuelle. Léo Drouyn a relevé trois modillons qualifiés « d’obscènes » : un homme caressant une femme, un homme accroupi exhibant son sexe et un autre présentant ses fesses.
L’arc triomphal s’appuie sur deux chapiteaux dont la lecture détaillée a fait l’objet d’analyses distinctes. L’un présente une scène identifiée comme « Daniel entouré de lions et d’oiseaux » avec un tailloir orné de rinceaux et de palmettes ; l’autre montre, sur sa face antérieure, une figure centrale encadrée par hommes nus et personnages vêtus, posés au‑dessus d’oiseaux. L’analyse approfondie de Bougoux propose une interprétation plus complexe : sur une corbeille apparaissent un danseur barbu au centre, des hommes nus qui l’entourent et des oiseaux agissants qui picorent et saisissent les plis des vêtements, formant une scène de danse associée à des comportement licencieux ; le chapiteau opposé représente une danseuse entourée de chiens et d’oiseaux, eux aussi focalisés sur le mouvement de la femme. Ces deux chapiteaux sont ainsi compris comme une mise en garde contre les excès moraux de la danse profane et les débordements sexuels qu’elle entraîne.