Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste
L'église Saint-Jean-Baptiste de Montépilloy, dans l'Oise, est une église catholique paroissiale implantée au centre du village, à son point le plus élevé, face à la mairie-école et dans le parc naturel régional Oise‑Pays de France. L'édifice, parfaitement orienté, se compose d'un vaisseau unique de quatre travées carrées se terminant par un chevet plat; la façade et le versant nord de la première travée donnent sur la rue, tandis que le reste des élévations latérales est partiellement masqué par des terrains agricoles et privés, et le chevet n'est pas visible depuis le domaine public. Construite en plusieurs campagnes, l'église résulte de trois phases distinctes : les murs et les fenêtres latérales des trois premières travées appartiennent au gothique primitif de la fin du XIIe siècle, tandis que le portail et les faisceaux de colonnettes qui supportent la voûte relèvent du style rayonnant tardif daté entre 1320 et 1340, et les voûtes ainsi que les fenêtres de la dernière travée présentent un réseau gothique flamboyant datable du début du XVIe siècle. Des chapiteaux de la fin du XIIe siècle déposés dans la nef attestent que l'église était voûtée d'ogives dès l'origine, au moins partiellement. Dès 1209, le service paroissial fut assuré par un religieux bénédictin d'Hérivaux faisant office de prieur, et les auteurs situent le gros-œuvre principal vers les années 1190 ou au début du XIIIe siècle pour les murs, contreforts, corniche et premières fenêtres. Pierre‑Jean Trombetta a reconnu la datation du portail et des bases des faisceaux de colonnettes entre 1320 et 1340, tandis que les voûtes actuelles, de style flamboyant, datent du début du XVIe siècle ; les chapiteaux intérieurs ne subsistent que sous la forme de portions de frise entre les fûts. Sous la Révolution, le prieuré fut dissous et la paroisse connut plusieurs rattachements diocésains; depuis la réorganisation paroissiale de 1996 elle fait partie de la grande paroisse Saint‑Rieul de Senlis, et les offices réguliers ont cessé après le décès du père Jean Gégot en 2019, l'église étant ouverte au public le premier samedi de chaque mois.
L'intérieur présente un vaisseau spacieux, élancé et assez lumineux ; les travées, carrées et non barlongues, reposent sur un sol pavé de dalles funéraires anciennes en pierre de liais. La hauteur sous claveaux atteint environ neuf mètres pour une largeur d'environ six mètres, et les voûtes retombent à mi‑hauteur des murs gouttereaux. Les trois premières travées conservent des lancettes simples inscrites sous la lunette des voûtes, les baies méridionales ayant toujours été plus basses d'environ un tiers que celles du nord, comme l'indique un larmier extérieur. Le chœur est percé de trois lancettes à têtes trilobées surmontées d'un réseau flamboyant composé de larges soufflets et de mouchettes, la verrière nord conservant des bordures de la Renaissance répétant une fleur de lys couronnée. Les voûtes reposent sur des faisceaux de colonnettes — cinq aux intersections, trois aux angles — logées dans les ressauts de piliers engagés ; les bases associent un gros tore aplati et un petit tore du même profil que celui du prieuré Saint‑Arnoul de Crépy‑en‑Valois, et les frises conservées montrent des feuilles de chou frisées et du lierre. Les formerets, ogives et doubleaux ont le même diamètre que les fûts et se confondent avec eux ; les clés de voûte portent un Agnus Dei en première travée et, dans les autres travées, un écusson sculpté d'une croix romaine flanqué de fleurons, dont beaucoup sont brisés. On note l'absence d'une tourelle d'escalier, l'accès aux combles se faisant par une trappe dans le voûtain méridional de la première travée desservie par deux échelles, et l'existence de piscines liturgiques non décorées dans la troisième et la quatrième travée.
À l'extérieur, les murs sont renforcés par de puissants contreforts orthogonaux amortis par un glacis formant larmier ; une corniche assez rare dans la région, comparable à celles d'Ermenonville et de Plailly et plus répandue en Bourgogne, couronne les murs gouttereaux de la première travée. Une sacristie sobre est accolée au chevet, la petite porte nord en anse de panier est non décorée, et le pignon de façade conserve l'emplacement d'un ancien petit clocher démoli à la fin du XXe siècle, remplacé aujourd'hui par deux petites clochettes logées dans des baies rectangulaires. Le portail occidental constitue l'élément extérieur le plus intéressant : simple mais raffiné, il est flanqué de groupes de quatre colonnettes fines dont la troisième, côté extérieur, est plus grêle, et présente un tympan assemblé en trois éléments avec une tête trilobée inscrite dans un arc en tiers‑point reposant sur des corbeaux sculptés de motifs végétaux ; ce portail est proche de celui de la chapelle de Tillard et permet de circonscrire sa datation au début du XIVe siècle.
Le mobilier comprend notamment des fonts baptismaux du XIVe siècle classés au titre des objets historiques : la cuve monolithique en forme de navette, fissurée en plusieurs endroits, présente des frises aujourd'hui abîmées, une rangée de fleurettes à cinq pétales, un masque humain au nord et une tête grotesque au sud partiellement burinée. On relève également une chaire à prêcher dont la cuve porte un bas‑relief non identifié, la verrière Renaissance mentionnée, un Christ en croix au chevet et un petit tabernacle en bois taillé d'art populaire qui faisait partie d'un ancien retable. L'église Saint‑Jean‑Baptiste est inscrite aux monuments historiques par arrêté du 12 février 1971.