Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste
L'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) est célèbre pour le mariage de Louis XIV et de l'infante Marie-Thérèse d'Espagne, célébré le 9 juin 1660, et pour son retable monumental en bois doré du XVIIe siècle. Le site comporte une longue histoire : une église romane existait déjà au XIIe siècle, et des vestiges de l'édifice gothique du XVe siècle restent visibles, notamment un pilier, des nervures et des fenêtres murées aux murs ouest et sud. L'édifice actuel conserve aussi trois fenêtres ouvragées du tournant XVIe–XVIIe siècle, munies à l'intérieur de coussièges, petits bancs de pierre en vis‑à‑vis. Les murs de la nef, entourés de galeries et surmontés d'une tribune adossée au mur occidental, illustrent un type d'église caractéristique du Pays basque français. Ces galeries à trois niveaux furent élevées à la suite des procès de sorcellerie de 1576 ; la répression ramena une affluence qui nécessita d'augmenter la capacité des édifices sans les démolir, en construisant tribunes et galeries ; la nef devint alors l'espace réservé aux femmes et les galeries à celui des hommes. En 1630, les autorités locales décidèrent d'agrandir l'église, alors insuffisante pour une population en croissance ; les travaux, interrompus à plusieurs reprises, s'étendirent sur un demi-siècle. Seuls furent conservés de l'ancienne église le mur sud et la tour-clocher ; le mur sud fut allongé jusqu'au nouveau chœur et la porte ouverte en 1650 fut celle qui servit au mariage royal. Au nord, un nouveau mur parallèle fut édifié en récupérant des pierres de l'ancien, et une porte y fut ouverte en 1663 ; la dernière ouverture aux angles fut comblée en 1672, mettant fin aux infiltrations. Un escalier intégré à l'angle conduisit à la première galerie en 1675 ; au sud, l'escalier de bois fut remplacé par un escalier de pierre en 1750, dont la balustrade en fer forgé date de 1755. La tour-clocher reçut un étage supplémentaire en 1685 ; sa flèche fut frappée par la foudre le 27 novembre 1706 et la flèche incendiée fut remplacée par un toit plat de tuiles, resté depuis. Le grand portail fut ouvert entre 1663 et 1671, et la porte dite « du mariage de Louis XIV » fut murée autour de 1669. Dans les années 1760–1761, les grandes baies du mur sud et celle du mur nord furent percées sur les conseils du peintre Joseph Vernet. Pendant la Révolution et les guerres de l'Empire, l'église fut utilisée comme magasin à fourrage puis comme hôpital militaire, subissant des dégradations notables. Les décors intérieurs furent transformés au XIXe siècle : en 1884, les murs du chœur et la voûte, jusque-là blanchis à la chaux, furent recouverts de motifs peints d'inspiration néogothique. L'édifice, d'une hauteur sous voûtes de 20 m et d'une longueur de 48,60 m, présente des largeurs variables selon les travées, et son clocher atteint 35 m ; l'ensemble a été classé aux Monuments historiques le 7 mars 1931. Le retable en bois doré qui occupe tout le mur de fond de l'abside est orné de dix‑huit statues de saints, de deux allégories, de la colombe de l'Esprit‑Saint, d'une figure de Dieu le Père et d'un pélican symbolique entourant le tabernacle, ainsi que de colonnades torses sculptées de pampres, fleurs, oiseaux et putti. Réalisé et mis en place en 1669 par l'entrepreneur-menuisier Martin de Bidache, ce retable de grandes dimensions respecte les canons classiques et les motifs antiques en vogue à l'époque ; Joannis de Haraneder-Monségur est souvent cité comme maître d'ouvrage probable. Le retable a été classé au titre des Monuments historiques le 5 décembre 1908. Parmi les éléments remarquables de l'intérieur, l'antependium brodé de perles de verre coloré aurait été offert par Louis XIV lors du mariage ; l'autel est surélevé de douze marches, avec la sacristie placée en dessous. Les galeries entourent la nef sur trois côtés, caractéristique des églises du Labourd et encouragée dès 1556 par l'évêque de Bayonne pour accroître la capacité ; elles furent reconstruites à l'identique en 1857 grâce en partie à un don de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie. Jusqu'aux années 1970, les hommes occupaient les galeries tandis que la nef était réservée aux femmes, chacune plaçant sa chaise sur la tombe familiale, le jarleku. Trois lustres du chœur et deux lutrins en forme d'aigle datent du XVIIe siècle ; le buffet de l'orgue, jumeau de celui de la cathédrale Sainte‑Marie d'Oloron, est classé comme objet aux Monuments historiques le 5 décembre 1908. L'orgue instrumentale, construit en 1659 par Gérard Brunel pour le mariage royal, fut restaurée en 1874 par Georges Wenner et entièrement refaite en 1980 par Robert Chauvin ; il fut inauguré en septembre 1980 par l'organiste Lionel Rogg. Les fonts baptismaux, avec niche et couvercle pyramidal sculptés, datent du XVIIIe siècle et ont été classés le 10 septembre 2003. Le bateau votif, un aviso à voiles et à vapeur rapporté de Terre‑Neuve, fut donné en 1865 par la famille Soudre ; le banc d'œuvre date de 1876 et la chaire de 1878, ornée d'une représentation de saint Michel terrassant le démon. Deux bénitiers remarquables se signalent : l'un sur colonne en marbre de Caunes, l'autre constitué d'une coquille de tridacne géant. À l'extérieur, une Pietà très abîmée sur le palier de l'escalier sud daterait du XVe siècle ; à l'intérieur se trouvent des œuvres datées du XVIIe au XVIIIe siècle, dont un Saint Ambroise en bois doré, un Jugement du Christ retouché en 1879, la Décollation de sainte Quitterie et l'Adoration des mages de Jean Restout (1727). D'autres tableaux du transept et de l'avant‑chœur sont des copies, certaines réalisées en 1824 et 1828 par le chevalier Michel Etcheverry. Les vitraux représentant saint Jacques le Majeur et sainte Jeanne de France datent de 1931 et sont l'œuvre des ateliers Mauméjean d'Hendaye ; la lunette ovale à l'Esprit‑Saint est signée Devivier (1960). Le Chemin de Croix, posé en 1950, a été sculpté par Maxime Real del Sarte, et une copie de sa Jeanne au bûcher (1927) est placée près de l'autel du Sacré‑Cœur.