Origine et histoire de l'Église Saint-Jean-Baptiste
L'église Saint-Jean-Baptiste, située à Saubusse dans les Landes, est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1966. D'origine romane, elle présente un chœur à trois pans et des éléments caractéristiques d'une architecture de transition entre le roman et le gothique. Le porche comporte une partie centrale trilobée ornée de six archivoltes et voussures alternant quatre gorges rondes et trois creuses, soutenues par six colonnettes aux chapiteaux décorés de feuilles de chêne. À droite et à gauche, le dispositif se termine par de fausses niches avec deux colonnettes supportant un arc trilobé et l'amorce d'une autre arcature qui s'enfonce dans le mur de la tour, ce qui témoigne de l'antériorité de la façade par rapport à la tour. Selon la tradition, l'édifice aurait été lié aux Templiers. La première campagne de construction remonterait au milieu du XIIIe siècle : le chevet et son voûtement, la première travée de la nef et les murs gouttereaux traduisent ce stade de transition, comme l'indiquent des baies cintrées hautes et étroites et l'archaïsme du système d'ogives. La façade occidentale, édifiée à la fin du XIIIe siècle ou au début du XIVe, comporte un portail à arcades dont le tympan porte, assez récemment, la date 1240 et dont le style évoque certaines réalisations navarraises. Sans doute à la charnière des XIVe et XVe siècles, une puissante tour-clocher a été plaquée sur cette façade, dissimulant une partie des arcades du portail. Le voûtement de la nef a été refait au XVe siècle selon la plupart des auteurs, mais plus probablement dans les premières décennies du XVIe siècle si l'on en juge par le décor antiquisant de certaines clés ; les retombées des ogives ne correspondent pas aux supports prévus initialement. Deux chapelles latérales ont été ajoutées aux XVIe ou XVIIe siècles : celle du nord dédiée à la Vierge et celle du sud, chapelle funéraire des seigneurs de Bellepeyre, dédiée à saint Michel.
À l'extérieur, une tourelle d'escalier en vis coiffée d'un toit en poivrière dessert les différents niveaux de la tour carrée qui sert de clocher ; deux cloches y ont été installées en 1840, la plus grande ayant pour parrains M. François Saintorens et Mme Marie Desquerre, l'autre M. Jean-Baptiste Lavielle et Mme Catherine Hourton. La tour a servi de refuge lors des invasions et, lors de la restauration de l'église entre 1973 et 1977, plusieurs meurtrières ont été dégagées dans le mur de la tourelle. La nef est consolée par des piliers extérieurs étayés par des contreforts, dont un en arcade attribué à la guerre de Cent Ans. Les fenêtres de style roman, étroites et hautes en plein cintre, présentent une bordure décorée et sont encadrées par deux colonnettes surmontées d'un tore. Le chœur est ogival et scandé par des contreforts.
À l'intérieur, le porche nord ouvre sur un portail remarquable composé d'un arc principal trilobé et brisé encadré de deux petits arcs analogues, dispositif que l'on retrouve dans des églises de Navarre comme Santa María la Real à Olite. À gauche du portail, un petit bénitier encastré et une porte basse évoquent des usages anciens, probablement liés aux cagots. La partie la plus ancienne demeure le chœur roman dont les trois pans sont percés chacun d'une fenêtre ; les vitraux évoquent le passage des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, le souvenir de saint Jean-Baptiste et la mémoire de l'Eucharistie. Deux grands vitraux offerts en 1893 par le maire M. Fialon et son épouse Marie représentent le martyre de saint Eugène et l'Assomption de Marie, et l'on remarque également dans le chœur un christ du XVIIIe siècle. La nef compte trois travées : la première, dans le même esprit que le chœur, est coiffée d'une voûte en pierre, la seconde est en briques pour alléger la construction. Les voûtes présentent une croisée d'ogives enfermée dans un quadrilatère de nervures formant des liernes décoratives de style flamboyant. La tribune, peut‑être du XIXe siècle, abrite au centre un tableau de la « Descente de la Croix » acquis en 1814 auprès de l'artiste Montaut d'Oloron. Pendant la Révolution française, l'église servit de prison à quinze Basques déportés pour infidélité au roi. La chaire datée de 1830 et une maquette de bateau symbolisant l'activité portuaire sur l'Adour ont disparu lors des restaurations de 1973-1977.
La chapelle de droite, la plus ancienne, est dédiée à saint Michel ; propriété des familles de Bellepeyre et de Bétheder, elle constituait leur lieu de sépulture et conserve un autel en bois peint du XVIIIe siècle, une croix basque et une statue de saint Michel du XVIe siècle reposant sur un socle portant le blason du chevalier de Bellepeyre. La chapelle Notre-Dame de gauche fut détruite par un incendie en 1814 et remplacée par une construction plus récente qui servait également de sépulture aux notables locaux.