Origine et histoire de l'Église Saint-Jean de Béré
L'église Saint-Jean-Baptiste de Béré, située à Châteaubriant près des vestiges du prieuré du faubourg de Béré en Loire-Atlantique, est classée monument historique depuis le 26 décembre 1906. Le site est mentionné dès la première moitié du XIe siècle et l'édifice actuel a été rebâti au XIe ou XIIe siècle, avec des aménagements du XIIe siècle pour le transept et le chœur ornés de sculptures. Administrée par les moines du prieuré voisin de Saint-Sauveur, dépendant de Marmoutier, l'église a probablement bénéficié de leur direction lors de sa reconstruction. Les paroisses de Saint-Pierre — dont l'église a été détruite au Moyen Âge — et de Saint-Jean-Baptiste ont fusionné en 1222. Un porche, élevé à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle devant la porte sud de la nef, abritait les réunions du conseil de fabrique. En 1538 une grande baie fut percée au-dessus de la porte sud de la nef. Vers 1664, la pose du retable du maître-autel entraîna l'obturation des oculi du chœur, hormis deux fenêtres latérales qui furent agrandies. La sacristie méridionale et la chapelle nord dite de l'Ecce Homo datent respectivement de la fin du XVIIe siècle. Abandonnée pendant la Révolution, l'église fut rendue au culte en 1839. À partir de 1889, l'architecte François Bougouïn mena une importante campagne de restauration : il remplaça la flèche en charpente par un clocher en tuffeau surmonté d'une flèche polygonale, construisit une fausse coupole sur la croisée, suréleva les pignons du transept, releva et rebâtit les sacristies et ajouta une galerie demi-circulaire contournant l'abside. Le décor peint actuel date de cette campagne et des restaurations récentes ont permis de retrouver des fragments de peinture romane. Le faubourg de Béré s'est formé au début du XIe siècle autour du prieuré Saint-Sauveur fondé par Brient sur une colline dominant la Chère ; ce prieuré dépendait de l'abbaye de Marmoutier. Brient fit également édifier un château à deux kilomètres à l'est, qui donna naissance à la ville de Châteaubriant, tandis que le faubourg de Béré resta habité. L'église paroissiale aurait été construite sous l'impulsion de Geoffroy Ier, fils de Brient, dans les années 1060-1080 à côté du prieuré et près d'une ancienne église Saint-Pierre. De cette période primitive subsiste la vaste nef couverte d'une imposante charpente en chêne. Au XIIe siècle le transept et le chœur furent ajoutés, complétant la croix latine de l'édifice. Sur le plan architectural, l'église est principalement en schiste, le clocher étant en tuffeau ; les toitures sont en ardoise et les pignons sont couverts. La façade ouest est épaulée par quatre contreforts et percée d'une porte de plein cintre à double rouleau surmontée d'une baie à deux archivoltes, tandis qu'une porte sud ouvre sur un porche accessible par des marches. L'intérieur de la nef est sobre, percé de baies irrégulières et couvert d'un lambris en ogive. La chapelle de l'Ecce Homo, au nord de la nef, est un volume rectangulaire du XVIIe siècle couvert en fausse voûte ; elle abrite les fonts baptismaux, la pierre tombale du doyen Blais, un placard à reliques représentant saint Victorien, la cloche et une reproduction de l'acte de donation du site de Béré. Le chœur et les bras du transept sont couverts en fausse voûte, la croisée étant surmontée d'une fausse coupole en tuffeau couronnée à l'extérieur par un clocher polygonal coiffé d'une flèche en ardoise. La croisée s'ouvre par quatre arcs brisés à triple rouleau retombant sur des piles complexes munies de colonnes jumelées engagées et de chapiteaux sculptés d'animaux et de motifs végétaux. Les sacristies sont en moellons de schiste encadrés de chaînes d'angle en tuffeau et l'abside extérieure est bordée de contreforts plats reliés par des arcatures de plein cintre qui forment une frise d'arcatures aveugles autour de l'hémicycle, évoquant l'architecture romane poitevine ; la base du chœur est en partie masquée par une construction moderne. La nef possède deux autels antérieurs au transept : au nord l'autel dédié à saint Blaise avec des statues de saint Georges et de saint Victorien, et au sud l'autel de saint Louis accompagné de statues de saint Augustin et de saint Charles ; le maître-autel comporte des représentations de saint Jean-Baptiste et de saint Jean l'Évangéliste. Deux verrières de l'abside racontent la vie de saint Jean-Baptiste et la translation des reliques de saint Victorien, cette dernière correspondant à un transfert intervenu dans l'église le 31 janvier 1686 ; deux autres vitraux figurent dans les bras du transept, l'un en l'honneur de sainte Anne et l'autre représentant la donation du couvent Saint-Sauveur par Brient et sa mère Innogwen aux moines de Marmoutier, la partie basse de ce vitrail portant le blason de la ville.