Origine et histoire de l'Église Saint-Jean
L’église Saint-Jean, située sur la RD 965 à la sortie nord-ouest de Châtillon-sur-Seine, se trouve à proximité du château Marmont. Elle prend son origine d’une chapelle fondée par le marchand Jean Dupuis, consacrée en 1551 par l’évêque Philibert de Beaujeu, qui y fit déposer un ossement de saint Jean‑Baptiste. Au cours du premier quart du XVIIe siècle la chapelle fut agrandie par la construction d’une nef unique voûtée, dont figurent les dates 1610 sur le linteau de la porte latérale gauche et 1617 sur la clé de voûte de la première travée. Le clocher, installé alors sur la troisième travée de la nef, pesa sur la structure et provoqua des désordres auxquels s’ajoutait l’état menaçant des arcs-doubleaux ; il fallut sans doute alors édifier des arcs-boutants et obturer les grandes arcades latérales droites des deux travées antérieures, qui donnaient probablement accès à des chapelles. En 1723 la construction d’une nouvelle sacristie fut autorisée à l’emplacement de l’ancienne, puis en 1725 fut aménagé un caveau destiné aux personnes sans droit de sépulture particulier, accessible de l’extérieur par une dalle encastrée dans le mur droit de la première travée, portant la date gravée de 1726. Le clocher, très vétuste, fut reconstruit en 1740 par l’architecte Verniquet ; il consistait en une charpente octogonale surmontée de deux petits dômes et d’une flèche édifiée au-dessus du chœur, mais son poids engendra de nouveaux désordres. D’importants travaux de consolidation furent réalisés en 1775‑1777 sur la base d’un devis d’Antoine Colas : on y construisit notamment, dans le chœur, deux arcs-doubleaux portés par quatre piliers dits dosserets ou pilastres pour soutenir le clocher. À cette occasion un nouveau porche, porté par deux colonnes d’ordre toscan, fut élevé ; il figure sur le cadastre napoléonien de 1810 mais a été détruit au cours du XIXe siècle. Un ouragan de 1810 détruisit le clocher, qui fut reconstruit vers 1820. Quelques travaux et modifications eurent lieu dans la seconde moitié du XIXe siècle ; les baies des chapelles datent vraisemblablement de cette période. L’édifice présente une nef unique voûtée et un clocher situé au‑dessus d’un pseudo-transept ouvrant sur deux petites chapelles latérales ; le chœur pentagonal, prolongé par la sacristie, est aveugle au fond et éclairé par des vitraux sur les autres côtés. De puissants contreforts latéraux assurent le contreventement de l’ensemble. Le mobilier de l’église est inscrit aux Monuments historiques et de nombreux éléments sont classés à titre individuel, si bien que leur concentration fait de Saint‑Jean un véritable musée : parmi eux figurent le tableau Vierge à l’Enfant (1531, classé en 1940), le vitrail de l’Arbre de Jessé (1551, classé en 1925), des statues remarquables — Vierge aux deux colombes et au lys (1320, classée en 1925), Éducation de la Vierge (XVe, classée en 1964), Christ de souffrance (XVIe, classé en 1929), Christ monumental en croix et Saint‑Michel (bois polychrome, XVIe, classés en 1925), ainsi qu’une Piéta (XVIIe, classée en 1925). Les stalles et lambris datés de 1665, provenant de la chartreuse de Lugny, sont également classés (1925). On relève enfin des vestiges de fresques murales et des dalles funéraires anciennes au sol. L’église Saint‑Jean a été inscrite au titre des monuments historiques en 1991 et fait l’objet d’importants travaux de réfection.