Origine et histoire de l'Église Saint-Jean
L'église Saint-Jean de Dijon, située en Côte-d'Or en Bourgogne-Franche-Comté, est un édifice gothique flamboyant des XIVe et XVe siècles dédié à saint Jean et classé monument historique depuis 1862 ; depuis 1974, elle accueille le Théâtre Dijon-Bourgogne, dit aussi Théâtre du parvis Saint-Jean. Les premières mentions d'un lieu de culte à cet emplacement remontent à la fin du VIe siècle avec la référence par Grégoire de Tours à une basilique funéraire élevée sur une chapelle-baptistère où, selon la tradition, saint Urbain aurait été inhumé en 375. En raison de la proximité de la sépulture de saint Bénigne, martyrisé à Dijon, plusieurs évêques de Langres choisissaient d'y être enterrés ; les sources anciennes évoquent le dédicataire sous la forme de saint Jean le Baptiste. Des fouilles menées en 2024 ont révélé des vestiges de cette première construction et les contours d'une nécropole qui a entouré l'édifice jusqu'au XVIIIe siècle, avec notamment de nombreuses tombes d'enfants datées d'environ XIe–XIIIe siècles. À l'est ont été mis au jour des sarcophages trapézoïdaux en grès, caractéristiques de la période mérovingienne, et au sud un sarcophage en calcaire pouvant remonter au IVe siècle ; la nécropole, qui s'étendait à l'origine jusqu'à Saint-Bénigne, se cantonne après le XVe siècle à la zone actuelle de la rue Danton. L'église devient paroissiale à la fin du IXe siècle et figure parmi les sept églises de Dijon au XIIe siècle, située dès le Moyen Âge près d'une place de marché où une foire avait été établie en 1109 par le duc Hugues II ; l'historien Claude Courtépée la qualifiait de « basilique hors-les-murs ». L'édifice actuel, élevé en style gothique flamboyant, a été construit entre 1448 et 1470 sous les ducs Philippe le Bon et Charles le Téméraire. L'évêque de Langres Guy Bernard lui confère le statut d'église collégiale en 1455 ; l'édifice est ouvert au culte en 1459 avec la bénédiction d'un autel provisoire et fut consacré et érigé en collégiale en 1468 ou en 1478, des travaux affectant encore tours et flèche en 1497 et 1503. L'intérieur subit des aménagements aux XVIIe et XVIIIe siècles. Saint-Jean passe pour l'une des paroisses les plus « cossues » du clergé langrois ; elle a probablement été la seule paroisse de Dijon à continuer les baptêmes après la disparition de l'ancien baptistère Saint-Vincent, et le prédicateur de Carême y prononce habituellement son premier sermon de la saison. L'église accueille la tradition des feux de la Saint-Jean et le roi Henri IV fit allumer celui du 23 juin 1595. En 1731, elle est rattachée au nouveau diocèse de Dijon ; à la fin du XVIIIe siècle la paroisse figure parmi les plus importantes de la ville, comparable en taille à Notre-Dame et derrière saint Philibert selon les estimations citées. Jacques-Bénigne Bossuet est né en face de l'église et y a été baptisé le 27 septembre 1627 ; Bénigne Joly y fut baptisé le 17 août 1744. À la Révolution, la paroisse est supprimée et l'église devient bien national, servant successivement de marché, d'entrepôt de fourrage et de multiples autres usages civils ; en 1809, les flèches, tourelles, le chevet, des chapelles et la sacristie sont détruits pour dégager la place Bossuet. L'édifice a ensuite servi de halle de boucherie, d'entrepôt de vin, de logement de garnison, de dépôt de fourrage pour l'armée, de marché et de poids public, d'entrepôt de farine puis de magasin général de boulangerie pour la ville en 1860. Classée au titre des monuments historiques dès 1862, l'église est restituée au diocèse après un vote du conseil municipal en février 1863 et la paroisse Saint-Jean est recréée ; l'édifice est inauguré en novembre 1866 et fait l'objet de restaurations et de réparations, puis est finalement désacralisé en 1972. Rendue à la ville en mai 1973 et employée comme réserve pour le musée des Beaux-Arts, elle fait l'objet d'une campagne de restauration de 1974 à 1978 avant d'être transformée en salle de spectacle et d'accueillir le Théâtre Dijon-Bourgogne. L'église est bâtie sur un plan en croix latine, tronqué à l'est par la démolition du chevet dont subsiste une travée droite encadrée par deux tours ; l'élévation est marquée par des caveaux et l'accès s'opère par des escaliers extérieurs droits. La nef unique, bordée de chapelles séparées par des contreforts — trois au nord et quatre au sud, les deux premières ayant été réunies en 1875 —, est couverte d'une charpente lambrissée en berceau brisé ; la croisée du transept est ornée d'un motif à huit clés pendantes et les chapelles présentent des voûtes d'ogives. La façade et celles du transept partagent un dessin similaire : une porte encadrée de voussures surmontée de deux hautes baies jumelées et d'un oculus, le tout animé par des arcs brisés et un remplage gothique flamboyant. Les tours sont desservies par deux escaliers hors-œuvre en vis, en pierre, complétés par des escaliers droits ou à retours en bois ; la toiture principale est à longs pans avec pignons découverts, les tours ont un toit en pavillon et l'emplacement de l'ancienne flèche est marqué par un toit polygonal. La couverture est en ardoise, tandis que les chapelles en appentis sont protégées par des tuiles plates mécaniques. L'édifice demeure inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 1862.