Origine et histoire de l'Église Saint-Jean
L'église Saint‑Jean‑Baptiste se dresse au centre du bourg de La Selle‑en‑Luitré, en Ille‑et‑Vilaine (Bretagne), au cœur du cimetière installé sur un petit tertre entouré de hauts murs. L'accès s'effectue par la face nord, par un grand portail à double battant et un escalier de trois marches ; la pointe opposée domine les venelles qui descendent vers la vallée du Couesnon. Pour l'essentiel datée du XVe siècle, l'église a été inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 5 novembre 1926. La paroisse de La Selle‑en‑Luitré fut érigée en 1803 ; auparavant la commune était une trève de Luitré relevant du doyenné de Fougères et du diocèse de Rennes ; après la période concordataire elle a été rattachée aux structures ecclésiastiques de Saint‑Sulpice de Fougères et de l'archidiaconé de Saint‑Malo, puis, en 1972, à la paroisse de Luitré ; elle fait actuellement partie de la paroisse Saint‑Gilles de Mué au doyenné de Fougères. L'édifice conserve une majorité d'éléments du XVe siècle, la nef présentant toutefois des vestiges d'appareillage roman ; il a été remanié au XVIe siècle, agrandi au XVIIe siècle et restauré au début de la période concordataire, tandis que le massif occidental et le clocher ont été reconstruits en 1957. L'église présente des dimensions modestes : longueur maximale 22,90 m, nef 17,10 m, chœur 5,80 m, collatéral 14,10 m et sacristie 4,60 m ; la largeur maximale est de 13,80 m, la nef mesure 8,70 m, le chœur 6,60 m et le collatéral 5,10 m. À l'extérieur on note un portail ouest à moulures et la présence d'une gargouille massive. L'intérieur se caractérise par des nefs voûtées en bois, des lambris datés de 1658 et une colonne unique à huit pans. Les vitraux ont été réalisés par trois ateliers : Louis‑Victor Gesta de Toulouse, Alleaume frères de Laval et Jean Klein de Rennes. Gesta a livré en 1878 les baies 02 (Baptême de Jésus), 04 (Saint‑Joseph et l'Enfant Jésus) et 06 (Annonciation), les deux dernières ayant été inscrites au titre d'objet par arrêté du 28 août 1990. Les Alleaume frères ont exécuté en 1918 les baies 03 (Jésus et les pèlerins d'Emmaüs), 05 (apparition du Sacré‑Cœur à Sainte‑Marguerite‑Marie Alacoque) et 08 (apparition de Saint‑Michel à Sainte‑Jeanne‑d'Arc), puis en 1922 la baie 01 (vocation de Saint‑Pierre et Saint‑André) ; ces verrières ont été inscrites en 1990 à l'exception de la baie 05. Jean Klein a réalisé les baies 07, un vitrail eucharistique représentant l'hostie, des épis de blé et des grappes de raisin, et 10, figurant la colombe du Saint‑Esprit. Le mobilier est riche et partiellement classé : trois retables du Grand Siècle subsistent, complétés en 1822 et 1872, puis restaurés en 2007 par les Ateliers de la Chapelle dirigés par Pierre Gilbert. Le retable du maître‑autel, érigé en 1686 par l'architecte lavallois François Langlois, constitue l'élément majeur du chœur ; il s'organise autour d'un imposant tabernacle en bois peint blanc et or, d'un tableau de la Trinité de Guillaume Gobert et de statues, dont saint Paul, saint Joseph et le saint patron de la paroisse. Le retable de Notre‑Dame‑de‑Bon‑Secours associe un tombeau d'autel néoclassique de 1822 à un retable baroque signé de François Langlois en 1687 ; il abrite une Vierge à l'Enfant couronnée et a été classé monument historique par arrêté du 21 février 1951. L'autel et le retable de saint Pierre forment l'ensemble le plus remanié : la partie centrale attribuée à Langlois (1686) a été transformée en 1873‑1874 par le menuisier Jean‑Marie Groussard, qui ajouta des ailes, remplaça le tabernacle et sculpta la statue de saint Pierre ; s'y trouvent également une sainte Anne en terre cuite de la maison Beut de Toulouse et un tableau livré par Cheret en 1872. Le retable du Sacré‑Cœur, conçu en 1878 par Jean‑Marie Groussard, est une niche ouvragée peinte et dorée destinée à faire pendant à l'autel de la Vierge. Les fonts baptismaux, au bas de la nef côté sud, consistent en une cuve en marbre noir néoclassique surmontée d'un couvercle en cuivre doré, accompagnée de deux panneaux sculptés par Groussard en 1878 représentant le Baptême de Jésus et la prédication du Précurseur. Le campanile abrite deux cloches : Louise Virginie, pesant 440 livres (199,58 kg) et fondue en 1829 par François Thériot, saintier à Domfront, et Romaine Émilie Fanny Marie, pesant 322 kg et fondue en 1857 par Paul Havard, saintier à Villedieu‑les‑Poêles. Autrefois logées dans un beffroi carré surmonté d'une flèche d'ardoises, ces cloches ont été installées en 1957 dans un campanile en béton réalisé par l'architecte Hecq de Rennes lors de la reconstruction de la façade occidentale. La grosse cloche qui remplaça la cloche Marie Emmanuel (528 livres, fondue en 1829 par François Thériot) a été restaurée en 2019 par l'entreprise Bodet Campanaire de Trémentines.
