Origine et histoire de l'Église Saint-Jean de Montmartre
L’église Saint-Pierre-de-Montmartre est une paroisse catholique du 18e arrondissement de Paris, située au sommet de la butte Montmartre à l'ouest de la basilique du Sacré-Cœur. Elle est l'une des deux églises paroissiales de la butte et, depuis la Révolution française, la plus ancienne église paroissiale de Paris après Saint-Germain-des-Prés. Le site succède à une basilique mérovingienne dédiée à saint Denis : cinq chapiteaux mérovingiens et quatre colonnes en marbre antique ont été réemployés dans l'édifice actuel. Une chapelle dédiée aux Saints-Martyrs, liée à la tradition du martyre de saint Denis et mentionnée dès 1096, se trouvait plus bas sur le versant ; elle a été démolie en 1790. Très délabrée au début du XIIe siècle, la vieille basilique fut acquise par le roi Louis le Gros puis remplacée par une nouvelle église romane, consacrée par le pape Eugène III en 1147. À la même époque la reine Adélaïde de Savoie fonda l'abbaye royale de Montmartre et l'église servit à la fois de lieu abbatial et de paroissial. La nef ne fut achevée qu'après le milieu du XIIe siècle et l'abside fut rebâtie à la fin du même siècle dans un style gothique primitif. Les voûtes actuelles de la nef et de la croisée du transept, de style flamboyant, datent d'environ 1470, après des réparations rendues nécessaires par la guerre de Cent Ans. En 1686 les religieuses déménagèrent dans un nouvel ensemble monastique et l'église passa à l'usage exclusif de la paroisse tout en demeurant propriété de l'abbaye jusqu'à sa dissolution en 1792. Sous la Révolution l'église fut profanée, une tour destinée au télégraphe optique de Chappe fut installée au‑dessus du chœur et les parties orientales furent endommagées, si bien qu'elles ne furent pas rendues au culte lors de la réouverture au début du XIXe siècle. Des campagnes de restauration dans la première moitié du XIXe siècle et en 1874 furent insuffisantes, l'édifice menaça ruine et il fut fermé pour raisons de sécurité en 1896. Menacée de démolition, l'église fut finalement sauvée grâce à des interventions publiques et privées ; la restauration conduite par Louis Sauvageot entre 1900 et 1905 lui donna l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui. L'édifice a été classé monument historique le 21 mai 1923 et reste un lieu de spiritualité majeur dans le nord de la capitale. D'un plan cruciforme, l'église comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés, un transept, un chœur peu profond et deux chapelles orientées en absidioles ; les différents voûtements visibles reflètent des campagnes successives. La façade de style classique, plaquée en 1765, dissimule une structure romane plus ancienne, tandis que l'abside conserve un répertoire gothique primitif avec contreforts à ressauts. Parmi les éléments remarquables se trouvent les cinq chapiteaux mérovingiens et les colonnes antiques, qui comptent parmi les plus anciens témoignages de l'art chrétien encore en place dans une église ouverte au culte à Paris. Le mobilier comprend plusieurs pièces classées, notamment le buffet d'orgue en chêne du XVIIIe siècle, plusieurs dalles funéraires d'abbesses et les fonts baptismaux de 1537. Après la Seconde Guerre mondiale, le maître-verrier Max Ingrand a réalisé vingt-sept vitraux en 1952 et 1953, et en 1980 Tommaso Gismondi a offert des vantaux en bronze pour les portails et une porte en bronze pour le cimetière, bénis le 26 mars 1980 par le pape Jean‑Paul II avant leur départ pour Paris. La statue de Notre-Dame de Montmartre, offerte en 1942, perpétue une dévotion locale et plusieurs peintures anciennes enrichissent l'intérieur. L'église est toujours une paroisse active desservie par un curé et un vicaire, où la liturgie et les offices sont régulièrement célébrés.