Origine et histoire de l'Église Saint-Jean
L'église Saint‑Jean, dite Saint‑Jean du Passet, est une église catholique située dans la partie basse de l'éperon rocheux du centre‑ville de Thiers (Puy‑de‑Dôme). D'origine romane, l'édifice présente des traces remontant aux XIe et XIIe siècles mais a été profondément remanié et reconstruit au XVe siècle, adoptant un style gothique flamboyant. Au XVIe siècle, lors des guerres de Religion, l'église fut intégrée à la dernière enceinte des remparts et transformée en construction fortifiée ; elle servait parfois de redoute, avec des créneaux encore visibles, et la porte de Saint‑Jean permettait l'accès au sud de la ville. La crypte a été comblée par des terres venues de l'ancien cimetière du Moûtier et, à la fin du XVIIIe siècle, les souterrains du clocher furent convertis en ossuaire pour les ossements transférés depuis le cimetière de Saint‑Genès. Pendant la Révolution, l'église fut désaffectée et transformée en fabrique d'armes, puis rendue au culte sous l'Empire et restaurée au XIXe siècle, époque à laquelle sa partie occidentale fut reconstruite et la sacristie, la tribune et le clocher firent l'objet d'interventions. Les vitraux datent des années 1892‑1896. L'église comporte un vaisseau central de quatre travées irrégulières flanqué de deux collatéraux — le nord en quatre travées, le sud en trois — et un chœur polygonal précédé d'une travée droite, l'ensemble étant voûté d'ogives à l'exception d'une travée du collatéral nord où subsistent des vestiges romans voûtés d'arêtes. La troisième travée du collatéral nord marque un décrochement extérieur. Le clocher massif, doté de contreforts à ressauts et desservi par un escalier en vis dans une tourelle polygonale, semble avoir été intégré au système défensif ; son angle nord‑ouest comprend la tour accessible par un escalier demi‑hors‑œuvre menant aussi à la tribune. Les remaniements militaires ont laissé des traces extérieures, notamment une meurtrière sur l'ancienne sacristie au nord‑est. La maçonnerie associe granite, arkose et lave : les parties les plus anciennes sont en pierre de taille tandis que les maçonneries du XVe et du XIXe siècle sont en moellons enduits par endroits. Les toitures des nefs et collatéraux sont en tuiles creuses à longs pans, la tour du clocher porte un toit en pavillon, le chœur une croupe polygonale et la sacristie un toit en appentis. Inscrite sur la liste des monuments historiques en 1986, l'église est protégée par le secteur sauvegardé de Thiers qui couvre le centre médiéval et une partie de la vallée des Usines. Des désordres structurels apparus dès les années 1970, notamment des fissures liées à un glissement de terrain du côté sud, entraînèrent la pose d'étais et la fermeture définitive au public et au culte en octobre 1986. En septembre 2020 la municipalité autorisa une réouverture exceptionnelle pour les Journées européennes du patrimoine après inspection par deux architectes, et les visites guidées du week‑end attirèrent 535 visiteurs. L'édifice fut ensuite ouvert pour la saison estivale 2021 afin d'accueillir une exposition en partenariat avec le centre d'art contemporain Le Creux de l'Enfer et la communauté de communes Thiers Dore et Montagne. Autrefois lieu de culte des populations industrielles des gorges de la Durolle, l'église donna son nom au quartier et au cimetière qui s'étagent sur le promontoire ; le cimetière comporte plus de 700 tombes réparties principalement sur des terrasses orientées est‑ouest traversées par une allée centrale. Le cimetière figure déjà sur le plan cadastral du XVIIIe siècle et accueillit, après le décret de 1804, les sépultures transférées de Saint‑Genès ; il fut agrandi en 1839 et 1853, avec des travaux de soutènement et la création de nouvelles travées de concessions. Les tombes les plus imposantes occupent les terrasses hautes et sont souvent en andésite, tandis que la terrasse inférieure rassemble de nombreuses sépultures modestes, parfois simplement couvertes de tôle. Le site, visible depuis la plaine de la Limagne, domine la vallée des Usines et conserve un portail d'entrée en pierre de lave ouvrant sur la place Saint‑Jean. La combinaison d'éléments romans, gothiques et de remaniements militaires fait de l'église Saint‑Jean un témoin notable du patrimoine architectural et historique de Thiers.