Origine et histoire
L'église Saint-Jean, située au centre bourg de Lalande-de-Pomerol en Gironde, est un édifice roman du XIIe siècle. Elle se compose d'une unique nef couverte d'une voûte en berceau brisé, renforcée intérieurement par des arcs doubleaux retombant sur des colonnes engagées dont les chapiteaux sont sculptés de personnages. L'édifice, à l'origine un volume rectangulaire aux murs épais, conserve des murs consolidés par des contreforts et des colonnes engagées supportant les arcs, un plan qui rappelle d'autres constructions hospitalières de la région. La nef mesure 26 m de longueur sur 8,70 m de largeur et les murs ont 1,35 m d'épaisseur. Le chevet, plat et terminé en pignon, est percé de cinq fenêtres simples — deux hautes et trois plus étroites en partie basse — pour l'éclairage de l'abside. Les murs de flanc, dans leur partie est, sont couronnés d'une corniche portée par des modillons.
La façade occidentale s'organise en trois niveaux : au bas, un portail roman dont la voussure interne est polylobée, accompagné de deux fausses portes ; au-dessus, une fenêtre agrandie au XIXe siècle et deux baies feintes, toutes trois appuyées sur une tablette saillante portée par des corbeaux ; enfin, en partie haute, un clocher-mur à deux baies, coiffé de trois petites pyramides portant chacune une croix. La partie supérieure de la façade, plus élevée que la nef, est couronnée de trois gâbles sommés de croix en pierre ; les deux baies ogivales qui abritent les cloches sont épaulées de demi-gables formant le sommet du mur. Séparé de cet étage par un bandeau étroit, un niveau intermédiaire présente trois baies en plein cintre dont la centrale, vitrée, éclaire la nef tandis que les deux autres sont aveugles ; ces baies sont flanquées de colonnettes d'angle. Le portail est encadré de colonnettes monolithes aux chapiteaux sculptés.
L'édifice est traditionnellement attribué aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et il constitue, malgré des remaniements, l'unique église du Libournais représentative de leur style et le seul vestige architectural de la commanderie du XIIe siècle ; des guides évoquent parfois les Templiers sans fondement, et une autre hypothèse, citée par Jean-Auguste Brutails, mentionne des « religieux de Lalande, de l'ordre de Grandmont » dans un mandement du roi d'Angleterre daté de Castillon en 1255. Des modifications datées du XIVe siècle et des restaurations au XIXe siècle affectent l'édifice : en 1843 deux chapelles latérales, dédiée au sud à Notre-Dame et au nord à saint Sébastien, ont été ajoutées et communiquent avec la nef par des arcs en plein cintre ; une restauration est signalée en 1871 et une fenêtre a été agrandie au XIXe siècle. Dans le cimetière se trouve une croix du XVe siècle, composée d'un socle, d'un tronc orné de motifs gothiques et d'une croix latine portant une statuette de la Vierge à l'Enfant, l'une des nombreuses croix de la commune le long de la route de Saint-Émilion à Lalande-de-Pomerol. Un cadran canonial gravé sur un contrefort du mur sud, instrument primitif destiné à repérer les heures liturgiques, est également conservé. L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1943.