Origine et histoire
Église orientale la plus ancienne de Marseille et de France, Saint-Nicolas-de-Myre est liée à l'arrivée des Melkites, catholiques arabophones de rite grec issus des premières communautés chrétiennes d'Orient. Leur implantation à Marseille remonte à la campagne d'Égypte : persécutés dans l'Empire ottoman, de nombreux Melkites se rallièrent à Bonaparte et furent rapatriés avec le corps expéditionnaire français. Sur ordonnance de Louis XVIII et à l'initiative de l'archevêque de Myre, Mgr Maximos III Mazloum, une église de rite grec catholique fut autorisée à Marseille en 1821 ; sept mois plus tard la succursale fut consacrée sous le vocable de Saint-Nicolas-de-Myre et l'édifice fut inauguré en 1822. Il s'agit de la première église de l'Église grecque-catholique melkite, antérieure à la reconnaissance officielle des catholiques melkites en Orient en 1837, époque où ceux-ci se réunissaient jusque-là dans des maisons particulières. La Divine Liturgie de rite byzantin y est célébrée en arabe et en français, faisant de l'église un témoin vivant de l'immigration orientale à Marseille. Propriété du Patriarcat d'Antioche et de tout l'Orient, d'Alexandrie et de Jérusalem des Melkites, le bâtiment est géré par l'association Saint-Nicolas-de-Myre, présidée par le père Antoine Forget-Haddad. L'église est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 4 mai 2016. Architectoniquement, l'édifice présente une nef unique à quatre travées séparée du chœur par une iconostase et une élévation à un seul niveau de grandes arcades sous une fausse voûte surbaissée. Insérée entre deux immeubles, la façade, alignée sur le front bâti, est ornée au niveau supérieur d'une rangée de colonnes ; le portail occidental donne sur un narthex puis sur les portes royales encadrées de fresques représentant saint Nicolas et sainte Mariam Baouardy, surmontées au tympan d'un Christ en gloire dans une mandorle. La nef rectangulaire est éclairée par des vitraux en hauteur réalisés lors du centenaire et représente au nord saint Nicolas et au sud la Vierge ; les murs portent des dessins géométriques et le plafond des médaillons d'anges. Quatre oratoires latéraux, dédiés à saint Nicolas, sainte Anne, saint Joseph et sainte Sophie, ont été offerts par les grandes familles levantines Boulad, Sakakini, Abboud et Homsy. La chaire en marqueterie orientale fait face à un coffret-armoire murale marqueté contenant un reliquaire-calendrier unique ; ces deux œuvres remarquables, datées de 1905 et 1909, sont signées Girgi Bitar, maître ébéniste de Damas. L'iconostase, organisée en trois registres, présente en bas les trois portes figurées par des rideaux — la porte sainte au centre et les portes diaconales à gauche et à droite — séparées par une icône de la Theotokos à gauche et du Christ Pantocrator à droite ; le registre du milieu montre la Cène complétée par la Nativité et surmontée du tétramorphe, tandis que le registre supérieur réunit les douze apôtres surmontés d'une Sainte Croix au-dessus d'un pélican symbolisant le Christ. À l'occasion du centenaire en 1921, l'église a été ornée de verrières signées Pomez et d'une grille en fer forgé avec fleurs de lys réalisée par les établissements Louis Trichard. Une première phase de restauration, engagée en 2013, a porté sur la mise hors d'eau, les fresques de la façade et les verrières de Pomez. Aujourd'hui, les fidèles catholiques orientaux de Marseille disposent également d'autres lieux de culte, comme Saint-Grégoire-l’Illuminateur pour l'Église catholique arménienne, Notre-Dame de Chaldée‑Saint‑Marc pour l'Église catholique chaldéenne et Notre-Dame-du-Liban pour l'Église maronite.
