Origine et histoire de l'Église Saint-Jouin
L'église Saint-Jouin est située à Moisdon-la-Rivière, en Loire-Atlantique. C'est l'unique église fortifiée du département. Elle apparaît pour la première fois dans les archives au XIe siècle : en 1083, lors de la création du prieuré bénédictin attenant, le prêtre Judicaël fit don d'un tiers des dîmes et droits de l'église au nouvel établissement. La croisée et son clocher pourraient en partie dater de cette époque, et à partir du XIIe siècle le service religieux est assuré par des moines bénédictins. La nef unique est édifiée au cours du XIIe siècle ; l'église possède alors un transept simple et le plan du chœur reste inconnu. En 1467, des paroissiens portent plainte contre le prieuré qui tente de s'approprier l'église ; l'acte conservé dans les archives de Maine-et-Loire décrit le système de défense de l'édifice : la porte principale pouvait être murée et un fossé creusé devant une petite porte sud accessible par une planche retirée une fois la population à l'abri. Cette porte sud sera ultérieurement transformée en fenêtre, et la plainte aboutit devant le duc François II qui maintient les paroissiens en possession de leur église. L'édifice est remanié en 1849 : le transept simple est remplacé par un double transept et le chœur est reconstruit, lequel est garni de stalles en 1857. L'église est inscrite au titre des monuments historiques en 1978.
La tour de croisée, massive et percée de meurtrières, surplombe l'édifice et servait à la surveillance et à la défense du bourg ; elle est couverte d'une toiture en dôme achevée par une flèche datées du XVIIe siècle. La façade ouest présente une porte en anse de panier du XVIe siècle et la niche du pignon abrite une statue moderne de sainte Marguerite de Pisidi. À l'intérieur, la croisée de transept supportant la tour est percée de quatre grands arcs diaphragmes de profil brisé dont la retombée sur les piliers massifs est marquée par une imposte biseautée. La nef est couverte d'une voûte en lambris en vaisseau renversé à entraits et poinçons moulurés, et des amphores acoustiques sont incrustées dans les murs, comme à l'abbaye de Melleraye. L'église contient par ailleurs plusieurs objets mobiliers protégés au titre des Monuments historiques. L'ensemble illustre la double vocation religieuse et défensive de l'édifice à travers les siècles.