Origine et histoire de l'Église Saint-Julien-de-Brioude-et-Saint-Vaury
L'église Saint-Julien-de-Brioude et Saint-Vaury, située dans la commune de Saint-Vaury (Creuse), dépendait de l'abbaye Saint-Martial de Limoges et était qualifiée de prévôté. À l'origine, elle semble avoir appartenu à une villa du fisc royal et serait entrée dans les possessions de Saint-Martial à la suite d'une donation au début du IXe siècle. Les premières structures visibles sont gothiques et l'édifice a probablement été construit à partir du XIIIe siècle, sans traces d'un bâtiment antérieur. Au XVIIe siècle, l'église était décrite comme cruciforme, à chevet plat, avec transept et chœur voûtés d'ogives ; la nef était alors dépourvue de voûte, mais un lambris en arc brisé paraît avoir été réalisé entre 1671 et 1689. Un arc triomphal important séparait la nef du transept, sans doute pour renforcer la tour-lanterne ; il fut supprimé en raison de chutes de fragments de couvrement, et il subsiste deux pans de murs perpendiculaires à la jonction avec le chœur. Le chœur s'est écroulé en 1792, puis a été reconstruit de 1824 à 1826. Après un incendie causé par la foudre en 1921, le clocher a été reconstruit en 1924 par les frères Perret, Auguste et Gustave. La flèche, en béton armé, est formée de quatre ailerons élancés liés par des claustras au‑dessus d'une petite chambre des cloches en brique ; la plateforme est ceinturée d'un garde-corps composé d'éléments de claustras cruciformes et la flèche est couronnée d'un coq réalisé par le sculpteur François Pompon. Lors des restaurations de 1924, toute la toiture fut refaite avec une voûte en béton et la paroi occidentale, détériorée, a été partiellement reconstruite en béton apparent. À l'intérieur, les frères Perret ont réalisé une voûte en voile de béton couvrant la totalité de l'espace tout en conservant les traces d'intérêt archéologique ; l'amortissement reliant les chapiteaux à cette nouvelle voûte est constitué d'un dé de béton couronné d'une volute renversée. La section des ogives, rectangulaire avec deux arêtes moulurées en tore, est signalée comme inhabituelle en Limousin. Des désordres anciens, tels que le dévers important d'un mur gouttereau et des arrachements de voûtes, témoignent de problèmes de construction ayant entraîné des effondrements et des adaptations postérieures, notamment l'ajout de contreforts. Les départs de transept montrent que l'église actuelle s'arrête à la nef, tandis que des vestiges de piles, mis au jour dans le sous-sol du jardin de la mairie, correspondent à l'extension orientale du chœur. Le site de l'actuelle mairie accueillait un château au XVe siècle, visible sur le cadastre dit Napoléon, puis une grosse villa bourgeoise à deux façades avant d'être transformé en mairie. Sur la place de l'église, l'arrachage d'anciens tilleuls a mis au jour des canalisations et des chapiteaux sculptés évoquant les vestiges d'un cloître ; certains de ces chapiteaux ont été remployés dans des murs du bourg et d'autres ont été protégés dans la chapelle Saint-Michel. Au chevet, un cimetière de tombes bâties contenant des urnes et des flacons en poterie a également laissé des traces, encore visibles lors de travaux dans le sous-sol de l'ancienne pharmacie Dumond. Le sol de l'église a été rehaussé, comme l'indiquent les moulures du portail occidental qui se trouvent environ quarante centimètres en dessous de la dernière marche du parvis. Le massif occidental comprend un clocher-porche d'un chantier postérieur à la nef, surmonté par le clocher des frères Perret, qui constitue l'une des premières applications ornementales du béton armé. Les frères Perret ont conçu ce clocher en travaillant des courbes paraboliques et hyperboliques en ciment armé, privilégiant l'expression du ciment brut et une économie de moyens ; leur intervention a porté aussi sur la terrasse, la balustrade et la voûte intérieure, où deux losanges zénithaux en dalles de ciment témoignent peut‑être de prévisions de claustras zénithaux. Cet ouvrage, cité dans l'ouvrage de Peter Collins comme une œuvre de la première période des frères Perret, reste un témoin significatif des premiers emplois du ciment armé brut en valeur ornementale au XXe siècle et a influencé, selon les mêmes sources, des architectes ultérieurs.