Origine et histoire de l'Église Saint-Julien
L'église Saint-Julien de Caen, construite entre 1954 et 1959 par Henry Bernard, est l'une des réalisations les plus remarquables de la Reconstruction en Basse-Normandie. Elle remplace l'ancienne église Saint-Julien, située plus au sud et détruite en 1944. L'idée d'un plan elliptique germa chez l'architecte pendant sa captivité en Allemagne et il put la concrétiser à Caen grâce au soutien du maire Yves Guillou, alors qu'il dressait également les plans de l'université. Dans le cadre du plan de reconstruction, un nouveau site fut choisi en avril 1949 sur les hauteurs dominant le jardin des plantes, à l'écart des grands axes et à proximité du futur campus 1 ; Henry Bernard, responsable de ce secteur, élabora les plans en novembre 1952. Les travaux débutèrent en septembre 1954, furent momentanément interrompus par des difficultés de financement, et l'édifice fut officiellement consacré le 30 septembre 1959 ; les travaux s'achevèrent définitivement en avril 1963. Dans les années 1980 la municipalité entreprit des travaux de stabilisation du béton abîmé par sa qualité médiocre : en 1983 de la résine époxydique fut injectée dans la structure et les parois. L'église fait aujourd'hui partie de la paroisse Saint-Thomas de l'Université, qui couvre Saint-Julien, le Calvaire Saint-Pierre, le campus 1 de Caen et Épron. L'intérieur se distingue par une ambiance de recueillement créée par 4 500 dalles de verre coloré, conçues de 1956 à 1958 à la demande de l'architecte par le peintre parisien Jean Edelmann ; ces pavés de verre carrés laissent passer une lumière évoquant les vitraux médiévaux. Sur le plan architectural, l'édifice illustre une réflexion liée au mouvement liturgique qui, depuis le milieu du XIXe siècle, préconise de rapprocher la communauté des fidèles du sanctuaire et de faire de la liturgie une action commune. Influencé par ces idées, Henry Bernard estima que le plan elliptique était le meilleur moyen de réduire la distance entre le prêtre et l'assemblée et appliqua ce principe à Saint-Julien. L'église a été labellisée « Patrimoine du XXe siècle » et inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 29 mars 2005 ; le 27 juin 2007 l'église, le presbytère et la galerie qui les relie ont été classés au titre des monuments historiques. Ce bâtiment s'inscrit ainsi dans les enjeux de la reconstruction et de l'architecture moderne, tout en conservant une vocation liturgique contemporaine.