Origine et histoire de l'Église Saint-Julien
L'église Saint-Julien, de culte catholique, se situe à Mars-sur-Allier dans le département de la Nièvre. Elle dépendait d'un prieuré rattaché à la châtellenie de Chateauneuf-sur-Allier et relevait du prieuré de Souvigny, dépendance majeure de l'abbaye de Cluny. L'édifice a vraisemblablement été construit à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle et est resté sous l'autorité de Cluny jusqu'à la Révolution ; en 1789 il fut confisqué puis vendu, donné ensuite à la commune et finalement rendu au culte. Une importante restauration intervient en 1859 et l'église est classée au titre des monuments historiques en 1886. Elle est dédiée à saint Julien, soldat romain originaire de Vienne et martyrisé à Brioude en 304.
La façade occidentale s'orne d'un portail abrité par un avant-corps et une corniche à "têtes de clous". Le portail présente trois voussures en plein cintre qui reposent sur un pilastre cannelé central encadré de deux colonnettes ; leurs chapiteaux sont sculptés de feuillages, d'entrelacs géométriques ou de gueules d'animaux. Le tympan, sans linteau, porte au sommet la gueule d'un monstre crachant des rinceaux et, au registre inférieur, le Christ en majesté dans une mandorle : il tient la Bible de la main gauche et bénit de la main droite, entouré des quatre Évangélistes ailés — Jean l'aigle, Luc le taureau, Matthieu l'homme et Marc le lion — et du chœur des vieillards parmi lesquels se reconnaissent six apôtres pieds nus, dont saint Pierre à la clé et un apôtre déroulant un phylactère, peut‑être saint Paul. Cette iconographie, tirée de l'Apocalypse, représente la vision du Christ en majesté entouré du tétramorphe et du chœur des vingt‑quatre vieillards.
La façade sud, seule visible pour le visiteur, est renforcée de petits contreforts plats et percée de baies modestes ; elle se termine au niveau du toit par une corniche à modillons. La porte latérale est cintrée et bordée d'un cordon de dentelures ; son tympan en bâtière est décoré d'une rosace dite marguerite de Bourgogne. Le chœur présente un chevet à cinq pans coupés à l'extérieur tandis que l'intérieur est semi‑circulaire ; deux contreforts-colonnes renforcent le mur au milieu du deuxième et du quatrième pan. Les trois baies de l'abside sont en plein cintre, la baie centrale étant entourée d'un cordon de billettes.
La toiture de la nef et de l'abside, presque plane, est recouverte de tuiles canal comme à l'origine. Le clocher, de plan carré, s'élève à l'entrée du chœur sur deux niveaux ; à chaque étage et sur chaque face s'ouvrent des paires de baies géminées en plein cintre, encadrées par des arcades retombant sur colonnettes aux chapiteaux ornés, avec des fûts travaillés en polygone ou en traillage ; chaque archivolte est soulignée d'une moulure billetée et la charpente de la flèche repose sur une corniche à modillons rappelant ceux de la façade et du chevet.
Le chevet, la nef et le clocher conservent des modillons sculptés, parfois restaurés au XIXe siècle, dont la diversité révèle l'inventivité des sculpteurs romans : on y reconnaît des représentations animales — vache, mouton, chèvre, écrevisse ou scorpion, chouette, aigle, grenouille ou salamandre, tortues — ainsi que des têtes humaines stylisées, des loups, des félins ou des ours et un masque d'homme hurlant. Ces figures, souvent apotropaïques, traduisent la vision médiévale d'une église protégée des forces menaçantes du dehors.
L'intérieur présente une nef de quatre travées voûtée en berceau légèrement brisé et renforcée par trois arcs doubleaux, flanquée de bas‑côtés étroits voûtés en trois‑quarts de berceau ; les murs des collatéraux sont percés de quatre baies qui éclairent la nef. La couverture repose sur deux piliers circulaires et un pilier à noyau flanqué de quatre colonnes ; les piles circulaires sont surmontées d'impostes tandis que les colonnes latérales portent neuf chapiteaux décorés de feuillage, d'entrelacs ou d'un motif en losange sur le côté sud. L'église ne comporte pas de transept.
L'abside, non séparée du chœur par un transept, embrasse la largeur de la nef et des collatéraux ; elle s'ouvre depuis la dernière travée par deux pans de murs latéraux flanqués d'une colonne portant l'arc d'entrée. Après un avant‑chœur voûté en berceau légèrement brisé marquant le départ du clocher, l'abside est couverte d'une voûte en cul‑de‑four dont la jonction avec le mur est marquée par un cordon de "têtes de clous". Les trois fenêtres en plein cintre sont surmontées d'une moulure et leurs archivoltes reposent sur deux colonnettes. Le vitrail central représente saint Julien, vêtu du soldat romain et muni d'une lance et d'un bouclier, la hache posée à ses pieds en référence à son martyre ; au XIIIe siècle deux autres fenêtres furent ouvertes de part et d'autre des premières, leurs arcs reposant sur des colonnes couronnées de six chapiteaux ornés de motifs végétaux, de monstres vomissant des rinceaux, d'animaux fantastiques et de lions assis.