Origine et histoire de l'Église Saint-Laon
L'église Saint-Laon est une église catholique située à Thouars, dans le département des Deux-Sèvres ; elle est l'ancienne église abbatiale de l'abbaye Saint-Laon. L'abbaye, fondée en 1021 par Achard, seigneur de Saint-Laon-sur-Dive, abritait une relique, le bras momifié de saint Laon (Laud de Coutances). À l'origine placée sous le double vocable de Notre-Dame et Saint-Laon, l'église dépendait de l'évêché de Poitiers jusqu'en 1096. Un acte du 7 mars 1096 la rattache à une abbaye bénédictine saumuroise ; en 1107 les chanoines deviennent autonomes et adoptent la règle augustinienne. L'abbaye prospère ensuite grâce aux dons des vicomtes de Thouars et voit le nombre de chanoines passer à douze. L'église elle‑même a été construite au XIIe siècle sur l'emplacement d'une chapelle du Xe ou XIe siècle où avaient été déposées les reliques. Du bâtiment primitif subsistent essentiellement le clocher et le pignon sud ; le reste a été sensiblement remanié au XVe siècle. Au XVe siècle, le chœur probablement demi‑circulaire est remplacé par une travée à chevet droit, une travée et une nouvelle façade sont ajoutées à l'ouest et une chapelle latérale est élevée au nord. Sauf au sanctuaire qui conserve son berceau, les voûtes primitives ont été remplacées par des voûtes d'arêtes et, dans d'autres parties, par des croisées d'ogives gothiques. Peu avant 1445, Marguerite d'Écosse fit entreprendre la chapelle du Saint‑Sépulcre accolée au chœur pour y être inhumée ; elle y repose à partir de 1479. Au XVe siècle on remplace la charpente apparente par des voûtes en pierre et on installe une flèche. Au XIXe siècle deux travées latérales sont bâties au sud. Les chapiteaux et les culots sont sculptés et le chevet carré était doté d'une grande verrière masquée par un retable du XVIIe siècle. Le fonctionnement de l'abbaye se dégrade : les moines quittent la vie communautaire et l'abbaye est pillée en 1569 par des protestants. À partir de 1667, les chanoines de la Congrégation de France (Génovéfains) reprennent l'abbaye, rétablissent la discipline et procèdent à des travaux intérieurs et au renouvellement du mobilier. Le 10 décembre 1711, un ouragan provoque l'effondrement de la flèche du clocher et cause un décès ; d'autres tempêtes en 1817 et 1847 endommagent encore l'édifice. À la Révolution française l'abbaye disparaît ; l'église devient paroissiale tandis que les bâtiments conventuels sont détruits ou réaffectés, notamment en collège puis en mairie. Sur le plan de la protection, le clocher est classé monument historique en 1840 ; des restaurations non autorisées entre 1863 et 1877 entraînent la perte du classement de l'église en 1879, le clocher conservant son statut. L'édifice est inscrit à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques le 22 octobre 1926, puis classé le 3 février 1988, l'arrêté de 1988 abrogeant l'inscription précédente ; des travaux ont eu lieu au milieu des années 1990. D'un point de vue architectural, l'église résulte d'un mélange d'époques entre le XIe et le XVe siècle et utilise divers matériaux — tuffeau, grison, pierre marbrière — qui permettent de distinguer ses phases de construction. Le clocher roman du XIIe siècle constitue l'un des éléments les plus remarquables de l'édifice. L'église actuelle comprend trois travées voûtées et une quatrième travée ouvrant sur les trois travées du chœur ; il ne subsiste que quelques vestiges de l'édifice primitif au niveau de la nef et de la façade ouest. Parmi les éléments intérieurs notables figurent un retable baroque, la mise au tombeau de la chapelle de Marguerite d'Écosse, son caveau et des peintures de fleurs de lys sur un mur de la chapelle. La partie nord‑est de l'église est accolée aux bâtiments de la mairie, au cœur du centre‑ville de Thouars.