Église Saint-Laurent de Charentenay dans l'Yonne

Patrimoine classé Patrimoine religieux Eglise gothique Eglise fortifiée

Église Saint-Laurent de Charentenay

  • 17-19 Grande Rue
  • 89580 Charentenay
Crédit photo : Leseb - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIIIe siècle, XVe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Eglise (cad. H 202) : inscription par arrêté du 30 mars 1995

Origine et histoire de l'Église Saint-Laurent

L'église Saint-Laurent, située au cœur du village de Charentenay dans l'Yonne, illustre l'évolution de l'architecture locale du XIIIe au XVIIIe siècle. Elle se présente sur un plan rectangulaire de 27 mètres de long, 11,30 mètres de large et plus de 8 mètres de haut. Une tour fortifiée, dont l'aspect massif est accentué par des contreforts remarquables — notamment au nord où l'un forme une arche passante — domine l'édifice ; la tour est coiffée de clochetons, caractéristiques du XVe siècle. La statuaire, à l'exception de deux pièces modernes, est d'époque : dans le chœur se trouvent, de part et d'autre du retable, la figure d'un pape et celle de saint Étienne vêtu en diacre tenant un évangile ; au-dessus des colonnes d'entrée du chœur se tiennent saint Éloi en évêque, reconnaissable à son enclume, et une statue non identifiée. Dans le bas-côté proche de la chapelle de la Vierge figurent saint Nicolas et saint Vincent « bourguignon », ce dernier représenté avec à ses pieds un écu orné de raisins et de serpettes. Sous le clocher se voient une scène de sainte Anne donnant une leçon de lecture à sainte Marie et un bas-relief de saint Hubert, commandé le 4 juillet 1582 par Claude Vigny et taillé en pierre par Jehan Mignard ; ce bas-relief, qui montre aussi l'abbesse de Charentenay agenouillée, provient vraisemblablement de la chapelle de Nanteau et est entré dans les collections de Charentenay à la Révolution, alors que Migé a récupéré la petite cloche de la chapelle.

Dédiée à saint Laurent, l'église originelle ne comportait qu'une nef. La travée à chevet plat du chœur remonte à la seconde moitié du XIIe siècle ; une autre source y voit une travée ogivale formant la chapelle de la Vierge, et l'ancienneté du lieu se manifeste aussi par le rehaussement des dalles au sol atteignant la moitié de la hauteur des colonnes. Le clocher accolé à cette travée date du XVe siècle, une deuxième nef a été ajoutée au XVIe siècle et la sacristie construite au XVIIIe siècle. La voûte en bois de la nef principale, reposant sur des piliers palmés de style Renaissance, a été restaurée en 2010, tandis que les bas-côtés et sans doute le chœur et l'abside ont été remaniés au XVIe siècle ; le portail date de 1771. La municipalité a financé des travaux importants, dont la couverture complète en 2000, la restauration de la voûte en 2010 et la mise aux normes de l'électricité en 2015, et, avec des associations, elle a lancé une souscription pour poursuivre la restauration — cloches, plancher et accès sous les cloches, palier de montée et pierres de soutènement. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1995.

L'abbaye attenante, liée à l'église, apparaît dans les donations de l'évêque Hugues de Montaigu (1115-1136) qui remet l'église de Migé et celle de « Charentenet » à l'abbaye Saint-Julien d'Auxerre, sur requête de l'abbesse Alix. On ignore la date de construction du bâtiment abbatial à Charentenay ; il sert toutefois de refuge aux moniales de Saint-Julien aux XVe et XVIIe siècles et se compose, en face de l'église, d'une grande maison flanquée d'une tour hexagonale du XVe siècle, avec des entourages de fenêtres contemporains, formant avec l'église les seuls vestiges du XVe dans le village. Au XVIe siècle, l'abbaye d'Auxerre est entièrement dévastée pendant les guerres de religion ; en 1589, peu après le 25 avril, les chaises du chœur sont transférées aux Jacobins et l'église est proposée à la démolition, tandis que les religieuses s'installent dans leur maison de campagne de Charentenet. Possédant le village et d'autres biens, elles y gèrent solidement leurs affaires, en une période de prospérité locale. Au XVIIe siècle, Pierre de Broc entreprend la reconstruction de l'abbaye d'Auxerre de 1647 à 1949, agrandit son enclos et élève de hautes murailles ; les bénédictines y reviennent occuper l'abbaye en 1949. Pierre de Broc les encourage à adopter la réforme du Val-de-Grâce et met fin, par un compromis, à un conflit avec l'abbesse Gabrielle de la Madeleine (1606-1657) : elle reçoit le titre de « Fondatrice-Restauratrice » et les religieuses qui le souhaitent peuvent rester à Charentenay, quatre d'entre elles y demeurant jusqu'à leur décès, laissant Mme de la Madeleine seule dans la maison de Charentenet.

Liens externes