Origine et histoire de l'Église Saint-Laurent
L'église Saint-Laurent de Rozoy-sur-Serre (Aisne) est une ancienne collégiale catholique, classée au titre des monuments historiques en 1986 et rattachée aux églises fortifiées de Thiérache. Elle conserve pour l'essentiel des techniques médiévales et présente un plan en croix latine. Le chœur date de la fin du XIIe siècle, le transept du XIVe siècle, et la façade ouest ainsi que les piliers de la nef appartiennent au XIIIe siècle ; ces éléments ont été restaurés à la fin du XIXe siècle. L'élévation de l'édifice se caractérise par trois niveaux : fenêtres basses, tribune aux baies géminées et fenêtres hautes. Les murs de la nef, reconstruits en brique en 1607, résultent de la remise en état et de l'agrandissement entrepris après la destruction de 1602. L'abside en demi-hexagone, le chœur polygonal et le sanctuaire, avec ogives, nervures et chapiteaux variés, relèvent de la première période ogivale de la fin du XIIe et du commencement du XIIIe siècle. Les fonts baptismaux romans du XIIe siècle, classés le 11 décembre 1911, présentent une cuve quadrangulaire portée par un fût central cantonné de quatre colonnettes et ornée de rinceaux discoïdes partant d'une tête renversée. L'église renfermait de nombreux tombeaux de chanoines et de seigneurs ; la plupart des pierres tombales ont disparu, mais subsiste une inscription mentionnant Hortense Mancini, duchesse de Mazarin et comtesse de Rozoy. Selon les sources, Hildegaud, seigneur de Rozoy en Thiérache, fit construire et faire consacrer une église dans l'enceinte de son château sous l'invocation de saint Laurent en 1017, puis obtint en 1018 l'autorisation d'y établir quinze chanoines dotés de biens. Les revenus du chapitre s'étant accrus, le partage des prébendes fut institué en 1223 et leur nombre porté à vingt-neuf, le doyen bénéficiant de deux prébendes ; jusqu'en 1223 les chanoines menaient une vie commune et prenaient leurs repas ensemble. Le chapitre comprenait prêtres, diacres, sous-diacres et clercs mineurs, et le doyen était élu au scrutin par la pluralité des voix. La Révolution bouleversa l'organisation : l'Assemblée constituante abolit les vœux monastiques le 13 février 1790, le conseil municipal procéda le 6 septembre 1790 à la mise en vente des terres du chapitre comme biens nationaux, et le 1er novembre 1790 le chapitre fut dissous ; l'église devint paroissiale. Le chapitre exerçait de larges prérogatives de patronage et pourvoyait à vingt-neuf prébendes ; il présentait les desservants des cures où il dîmait et nommait à sept chapelles et vingt-six cures. Parmi les paroisses relevant de son patronage figuraient Rozoy, Parfondeval, Grandrieux, Brunehamel, Besleu (Belgique), Saint-Clément, Nampcelles, Gronard, Toulis, Lislet, Vincy, Plomion, La Neuville-Bosmont, Renneval, Vigneux, Burelles, Berlise, Chéry-les-Rozoy, Sainte-Geneviève, Noircourt, Montloué, Goudelancourt, Montcornet, Dohis, Cuiry-lès-Iviers et Bosmont, et ses chapelles comprenaient notamment celles de Rouvroy-sur-Serre, Sainte-Madeleine et Saint-Michel de Rozoy, Saint-Jean-Baptiste de Berlise, Saint-Côme et Saint-Damien de Montcornet, Sainte-Madeleine de Vigneux et Saint-Nicolas de Gronard. Sur le plan foncier et seigneurial, le chapitre possédait la seigneurie de Raillimont, Apremont, Moligneaux, Wicheri et Saint-Georges avec haute, moyenne et basse justice, jouissait de droits seigneuriaux et de hallage, percevait rentes et droits sur moulins et une foulerie, et détenait environ mille six cent cinquante jalois de terre sur divers terroirs. En 1728 les revenus du chapitre s'élevaient à 22 580 livres et en 1782 ils furent évalués à 66 820 livres ; ces biens furent vendus à la Révolution comme biens nationaux. L'écu du chapitre se blasonne : de gueules, à un Saint-Laurent de carnation posé en fasce sur une grille de sable. La collégiale conserve divers éléments mobiliers, parmi lesquels un autel en marbre, un baldaquin en bois doré du XVIIe siècle, la chaire et le buffet d'orgue. Des études locales, notamment celles de Gérard Adolphe Martin et d'Isidore-Philoximène Mien-Péon, documentent l'histoire et l'architecture de Rozoy-sur-Serre et de sa collégiale. En 2018, le millénaire de la construction de l'ancienne collégiale a été commémoré par un "Festival du millénaire" organisé par la commune et l'association des amis de Rozoy ; le 2 avril 2018 le prince Albert II de Monaco s'est rendu à Rozoy en lien avec l'inhumation de sa parente Hortense de Mancini.