Origine et histoire de l'Église Saint-Laurent
L’église Saint-Laurent est un édifice religieux de la commune de Saint-Laurent, dans les Côtes-d'Armor, en Bretagne. La plus ancienne appellation connue de la paroisse, Lanlouran (fin du XIVe siècle), associe le breton "lan" (ermitage) au terme "louran", interprété par les érudits comme désignant un saint breton inconnu. Vers 1550 apparaît la dénomination Saint Laurans Lanlauran, sans doute par attraction patronymique vers saint Laurent, diacre et martyr de Rome, et le nom se contracte en Saint Laurent autour de 1725. Les commandeurs du Palacret, hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, sont cités comme fondateurs et seigneurs spirituels et temporels de l’église, titulaires du droit de présentation du recteur ; on ignore si une chapelle préexistait au site avant l’implantation des Hospitaliers. Plusieurs éléments témoignent de cette origine : la pierre tombale du commandeur Pierre de Keramborgne (décédé en 1449), déplacée au XIXe siècle de la chapelle du Palacret au cœur de l’église, ainsi que les armes de René de Saint-Offange (d’azur au chevron d’argent, accompagné de trois molettes du même) et de Jacques de Jalesnes (d’argent à trois quintefeuilles de gueules, percées d’or) insérées dans l’enceinte paroissiale ; les vitraux ayant beaucoup souffert, les armes qu’ils portaient ont disparu. L’édifice a été remanié à plusieurs reprises ; les premiers travaux, datés de la fin du XIVe et du début du XVe siècle, concernent le porche sud, la nef et le chevet. Le porche sud s’ouvre dans la deuxième travée de la nef sous deux arcs en plein cintre ornés chacun de cinq lobes, séparés par une colonne cylindrique, et trois quadrilobes s’inscrivent dans le pignon qui surmonte le porche. Le pignon ouest, autrefois couronné d’un petit campanile en mauvais état, fut remplacé en 1649-1650 par un clocher-mur de type lannionnais dit "Philippe Beaumanoir", composé de deux baies rectangulaires surmontées d’une troisième baie et d’un petit clocheton en forme de dôme. Au nord, un collatéral de trois travées, qui s’élargit en aile dans sa dernière travée, a été reconstruit entre 1895 et 1897. Dans l’aile nord se trouve la chapelle du Rosaire ; son autel comporte un bas-relief en albâtre daté du XVIe siècle attribué à l’atelier anglais de Nottingham, élément classé. Le retable du maître-autel, également classé et daté du XVIIe siècle, est surmonté d’un fronton triangulaire où figurent des rayons de soleil et un soleil doré d’où émerge la tête symbolique de Dieu le Père ; sous ce triangle apparaît la colombe du Saint-Esprit, le tout reposant sur deux colonnes cylindriques terminées par des chapiteaux corinthiens. Le tabernacle est coiffé d’un pélican nourrissant ses petits, symbole du Christ, et la toile encadrée dans le retable est une œuvre de Loyer Aîné datée de 1841. La nef est couverte de lambris en plein cintre peints entre 1859 et 1865 par la famille Le Loyer, originaire d’Étables, et représente des scènes de la vie des saints, de la vie du Christ et de l’Ancien Testament ; les légendes de ces scènes sont rédigées en breton. Côté sud figurent notamment les rois mages offrant des présents à l’enfant Jésus, la lapidation de saint Étienne, la vie de sainte Geneviève, la vision de Balthazar, le sacrifice d’Isaac et l’Éden ; côté nord se lisent Joseph reconnu par ses frères, Suzanne innocentée, la bonté de saint Vincent de Paul, le martyre de saint Laurent et l’ascension de Jésus. Entre ces scènes sont représentés les évangélistes Jean, Luc et Marc, ainsi que des figures comme saint François-Xavier, saint Augustin, Moïse, Adam, Noé, le roi David, saint Grégoire et sainte Thérèse. Le lambris de l’aile du Rosaire a été peint en 1869 par M. Herlido. L’église abrite encore plusieurs statues, dont saint Laurent (saint Lorans) et la Sainte Vierge (itron Varia St Lorans) encadrant le retable, ainsi qu’un Christ en croix en bois polychrome datant du XVe siècle.