Origine et histoire de l'Église Saint-Laurent
L'église paroissiale Saint-Laurent, appelée aussi le manoir de la Grand'Maison, se situe au centre de Saint-Laurent-en-Gâtines (Indre-et-Loire), en bordure nord de la D766 qui relie Château-Renault à Beaumont-Louestault. Elle occupe une place du bourg médiéval qui s'est développé autour d'un prieuré-cure et se trouve immédiatement au nord-est de l'emplacement de l'ancienne église Saint-Laurent, aujourd'hui rasée et remplacée par une place et un carrefour. Le bâtiment est mentionné pour la première fois en 1494 sous le nom de « Grand'Maison » ; il servait de maison forte et de demeure seigneuriale appartenant aux abbés de Marmoutier, et une partie était utilisée comme grange dîmière. La seigneurie dépendait de l'abbaye jusqu'en 1319, date à partir de laquelle elle devint propriété personnelle de l'abbé. Les étages supérieurs étaient destinés à l'entreposage des dîmes et des récoltes, tandis que les niveaux inférieurs comprenaient des pièces d'habitation pour les seigneurs et leurs domestiques. Le bâtiment, qui était entouré de murs et de douves, a perdu la plupart de ses dispositifs défensifs ; subsistent toutefois une meurtrière à la base du mur occidental et une partie des dépendances. Vendue comme bien national en 1791, la Grand'Maison fut ensuite louée pour divers usages : à partir de 1835 l'instituteur occupa le rez-de-chaussée et, dès 1837, des archives et du mobilier communaux furent entreposés au premier étage. Au milieu du XIXe siècle, l'ancienne église menaçant ruine, le curé acquit la Grand'Maison en 1857 pour en faire la nouvelle église paroissiale ; la transformation fut conduite par l'architecte diocésain Gustave Guérin puis par son fils Charles, malgré certaines réticences communales. Les principaux travaux eurent lieu de 1862 à 1874 ; le curé donna l'édifice à la commune en 1876 et l'église fut consacrée en 1877. Des travaux complémentaires furent réalisés par la suite : le clocher et la sacristie furent édifiés en 1881 et un nouveau portail installé en 1899. L'édifice modifié a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 12 avril 1927.
La Grand'Maison originelle présente un plan carré de 18 mètres de côté et s'élève à 28 mètres au sommet du pignon ; sa construction en briques est ponctuée de chaînages et de cordons en pierre, et les murs extérieurs ont une épaisseur d'environ 1,90 m. L'emploi massif de la brique au XVe siècle répondait aux contraintes locales de matériaux et de transport, mais un souci esthétique apparaît dans l'usage de briques de plusieurs teintes, parfois vernissées, et dans la disposition formant des motifs géométriques où s'insèrent aléatoirement des briques noires. Le bâtiment comportait plusieurs niveaux éclairés par de nombreuses fenêtres à meneaux, desservis par des escaliers à vis logés dans deux tourelles extérieures de hauteur égale aux façades. Avant les transformations, la surface habitable pouvait atteindre 1 000 m2 répartis sur sept niveaux, mais l'organisation intérieure est aujourd'hui difficile à restituer en raison des remaniements du XIXe siècle.
La conversion en église a entraîné la suppression des planchers et des cloisons ; l'édifice a été divisé selon l'axe nord-sud en une nef et deux collatéraux voûtés en briques et couverts de plâtre, le vaisseau comptant deux travées. Des fausses voûtes isolent la partie supérieure de l'édifice sans jouer de rôle porteur ; certaines baies d'origine ont été murées en conservant leurs meneaux, tandis que de nouvelles baies ogivales ont été percées au nord et au sud pour éclairer la nef. L'aspect extérieur a également été transformé : la tourelle orientale a été démolie en 1874 et remplacée par une abside à cinq pans, dont deux sont éclairés par des rosaces et trois par de grandes baies ogivales équipées de vitraux provenant en partie de l'atelier de Julien-Léopold Lobin. Une sacristie a été accolée au flanc méridional de l'abside ; la chapelle prévue côté nord n'a pas été réalisée. La tourelle occidentale a été rehaussée et coiffée d'une flèche en bois recouverte d'ardoise pour former le clocher, l'escalier à vis d'origine restant en service. Les aménagements des ouvertures et l'organisation intérieure reflètent le style néogothique alors en vigueur, en cohérence avec la nature du bâtiment et la période de sa transformation. Des études, notices et ressources en ligne, notamment celles rassemblées dans des bases et portails spécialisés, complètent la documentation sur l'édifice.