Origine et histoire de l'Église Saint-Laurent
L'église Saint-Laurent, aux Arques (Lot), est une église romane du XIIe siècle classée monument historique. Elle a probablement été construite entre 1120 et 1180 et dépendait d'un prieuré-doyenné bénédictin. Sa possession par l'abbaye de Marcilhac est attestée en 1233 ; une opération d'échange avec l'évêque de Cahors est évoquée en 1286 mais ne semble pas avoir été menée à terme. L'archevêque Simon de Beaulieu séjourna à deux reprises dans le prieuré à la fin du XIIIe siècle. Pendant la guerre de Cent Ans, l'édifice fut pillé en 1345 par Philippe de Jean ; son fils Benoît de Jean accepta d'indemniser les dégâts et la peste de 1348 aggrava la situation, si bien qu'en 1408 l'abbé de Marcilhac déclara le prieuré non conventuel. À la fin du conflit l'église était presque entièrement ruinée, seul le chevet restant debout. Antoine d'Alamand de La Rochechinard est mentionné comme doyen en 1486 et une console du chœur porte ses armes, ce qui suggère des travaux de restauration à cette époque. La nef ayant été ruinée, le transept fut partiellement reconstruit pour clore l'édifice, qui devint alors paroissial. Des dégâts supplémentaires sont signalés en 1561 et lors d'un siège en 1622, attribués à des troupes protestantes. Le changement de vocable paraît intervenir au début du XVIIIe siècle ; dans les années 1780 le doyen demanda la démolition, mais les paroissiens s'opposèrent et décidèrent de restaurer Saint-Laurent afin d'y transférer le siège paroissial. Les réparations menées entre 1803 et 1819 comprirent, en 1818, le réemploi des dalles provenant de l'église Saint-Martin pour refaire le pavement. En 1879 on entreprit l'agrandissement de l'édifice : aménagement du transept, ajout d'une travée de nef et fermeture à l'ouest par une façade néoromane, tandis qu'un étage fut ajouté au clocher dans les années 1880 sous la direction de l'architecte départemental, peut‑être Émile Jean‑Marie Toulouse. Face à des désordres, le chevet fut étayé en 1953-1954 par le service des Monuments historiques. Deux campagnes de restauration conduites par l'architecte en chef Pierre Prunet, de 1963 à 1966 puis de 1968 à 1973, ont repris les maçonneries, réparé et déposé les voûtes du chœur, réduit le clocher à un seul niveau, refait le sol, restauré la crypte et réparé les piles orientales de la croisée. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis le 26 septembre 1952. Architectoniquement, l'église présente une nef unique terminée par une abside demi-circulaire et un transept flanqué de deux absidioles ; le chœur et les chapelles sont voûtés en cul-de-four. Le chœur et les chapelles sont ornés d'arcatures en plein cintre posées sur des colonnettes à chapiteaux sculptés, et un passage relie l'abside aux absidioles, caractéristique que l'on retrouve dans certaines églises romanes du Limousin. Sous le chœur s'ouvre une crypte rectangulaire à extrémité arrondie, voûtée d'un berceau prolongé par un cul-de-four. Le clocher barlong, implanté sur la première travée du chœur, avait reçu un étage au XIXe siècle avant les interventions du XXe siècle. Le mobilier contemporain comprend deux œuvres d'Ossip Zadkine : au revers de la façade un grand Christ en croix taillé dans un morceau d'ormeau du village, et dans la crypte une piéta tragique.