Origine et histoire
L'église Saint-Laurent-et-Saint-Front se trouve à Beaumont-du-Périgord, en Dordogne. Commencée en 1272 sur l'ordre d'Édouard Ier, elle a été achevée au début du XIVe siècle et constitue un exemple de gothique normand dans le Midi. Les études historiques ne permettent pas de confirmer l'existence d'une paroisse antérieure à la fondation de la bastide en 1272, mais la nouvelle paroisse a nécessitée une grande église paroissiale. L'édifice a été pris et pillé par des troupes protestantes en 1576 ; la ville fut également occupée en 1585 et 1587, sans que l'église semble avoir subi de dommages importants lors des combats. Une partie des voûtes s'est effondrée vers 1810, l'autre partie ayant été abattue ensuite. En 1833 la voûte fut provisoirement remplacée par un berceau en bois et plâtre, la charpente rabaissée et des fenêtres bouchées. Une campagne de restauration en 1869 a restitué le haut des murs, permis la mise en place de voûtes d'ogives en brique et modifié l'aspect fortifié de l'édifice en remplaçant certains dispositifs défensifs par des pignons et des éléments de type pigeonnier. La façade occidentale a fait l'objet d'une restauration importante en 1899. Les vitraux datent de 1876-1877 et ont été réalisés par le maître verrier Joseph Villiet. L'église est classée au titre des monuments historiques.
Conçue pour jouer un rôle défensif, l'église forme un vaste rectangle flanqué de quatre tours d'angle, dont deux sont pleines sur une grande hauteur. Sa nef unique mesure 52,50 m de longueur sur 13,50 m de largeur ; l'épaisseur des murs est de 1,15 m. Les murs latéraux sont renforcés, au nord et au sud, par cinq contreforts rectangulaires massifs, chacun large de 1,80 m et saillant de 2,10 m. Le chevet plat est encadré par deux tours carrées ; leur partie supérieure abrite de petites salles qui communiquaient autrefois avec la salle d'armes des combles et faisaient partie du système défensif. Les tours sont divisées en étages ; la tour sud contient l'escalier en vis d'accès, et certaines zones basses sont en maçonnerie pleine.
La façade occidentale présente un portail gothique remarquable, large de 6,60 m et haut de 8,60 m, composé de cinq voussures retombant sur autant de faisceaux de colonnettes aux chapiteaux sculptés et surmonté de six dais successifs. Entre les deux tours, sous une rose à douze compartiments, une galerie découverte relie les tours et s'orne d'une balustrade formée de vingt arcades trilobées ; sous cette balustrade court une guirlande de lierre en haut-relief, entrelacée d'étoiles, et la courtine repose sur une corniche richement sculptée (harpies, sirènes, quadrupèdes monstrueux, figures symboliques, anges agenouillés). Une frise historiée sculptée en ronde-bosse, composée de vingt et une pierres, représente des sujets variés — homme, taureau, aigle, lion, homme ailé, sirène, dromadaire, scènes de chasse — dont l'interprétation demeure parfois incertaine.
À l'intérieur, seules subsistent les voûtes des transepts, de la chapelle latérale et d'un réduit qui servait de prison ; la voûte de la nef a été reconstruite en brique. Les retombées d'angles et celles des voûtes secondaires s'appuient sur des culs-de-lampe ornés de feuillages, de personnages et d'animaux fantastiques. Le sol du porche s'ouvre sur un puits permettant d'alimenter en eau les personnes enfermées pendant un siège, et un autre puits existe à l'intérieur pour les besoins des habitants et des animaux. L'église est éclairée par la grande fenêtre du chevet, par cinq grandes fenêtres sur la façade sud, par une unique fenêtre sur la façade nord et par la rose occidentale.
Trois chapelles y sont aménagées : deux en vis-à-vis formant un faux transept et une chapelle Saint-Joseph ouvrant sur le mur nord, qui est d'aspect plus ancien et d'origine romane, antérieure à la construction de la bastide. Les travaux historiques et archéologiques sur l'édifice sont détaillés dans le mémoire d'Evelyne Lemasson et dans diverses études citées par les spécialistes du Périgord.