Origine et histoire
L'église Saint-Laurent est une église catholique située au centre du bourg d'Illats, en Gironde, à proximité de la mairie. Petit édifice à nef unique terminé par une abside en hémicycle, elle présente un sanctuaire roman commencé à la limite des XIe et XIIe siècles. Des fouilles menées en 2007 ont mis au jour des sépultures mérovingiennes, suggérant l'existence d'un édifice cultuel antérieur. L'édifice a été complété à différentes époques : la nef et le portail datent de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, le bras sud du transept du XVIIe siècle, le bras nord de la première moitié du XVIIIe siècle, et les chapelles latérales, dont celle des fonts baptismaux, ont été ajoutées au milieu du XIXe siècle. Lors des Guerres de religion, l'abside a été rehaussée et pourvue d'un chemin de garde. Le cimetière qui entourait l'église a été transféré en 1830, la croix ayant été déplacée à l'écart du village. Le portail a été inscrit au titre des monuments historiques en 1925 et l'église dans son ensemble en 1986.
La façade occidentale est percée d'un porche roman dont les claveaux sont sculptés et surmontée d'un grand pignon percé de deux baies pour les cloches. L'abside, de facture romane, et les murs extérieurs de la nef et du transept sont dépourvus de chapiteaux sculptés et de modillons. Deux petites chapelles ajoutées au XIXe siècle, au nord et au sud de la nef, forment des embryons de transept; la chapelle nord abrite les fonts baptismaux. Le portail en plein cintre comporte une voussure moulurée composée de plusieurs rouleaux ornés d'entrelacs végétaux, de rinceaux, de festons, de rosaces et d'une archivolte, soutenue par piliers, colonnes et chapiteaux dont les tailloirs et impostes portent des entrelacs et des têtes humaines ou des masques. Les ébrasements nord et sud conservent des sculptures romanes lisibles : têtes humaines, corbeilles à feuillages, animaux fantastiques bicorporés et scènes figurées où apparaissent hommes et quadrupèdes. Une pierre sculptée à entrelacs se trouve sur le contrefort nord de la façade.
L'intérieur s'ouvre sur un narthex formé par la tribune puis sur une longue nef unique couverte d'une fausse voûte d'ogives; la croisée de transept reçoit la même couverture, le chœur est voûté en berceau brisé, l'abside en cul-de-four et les bras du transept sont voûtés d'ogives. Le sanctuaire abrite le maître-autel et un retable du XVIIIe siècle. Huit chapiteaux romans subsistent : quatre, les plus anciens, sont dans le chœur et datent de la fin du XIe ou du début du XIIe siècle, tandis que les deux chapiteaux de l'arc triomphal et les deux de la nef appartiennent à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle et sont inscrits à l'Inventaire général du patrimoine culturel. Les chapiteaux du chœur, assez érodés, présentent têtes humaines, masques, atlantes et volutes agrémentées de feuilles. Les deux chapiteaux de l'arc triomphal figurent le Jugement dernier, avec la pesée des âmes et la Résurrection des morts, et le martyre de saint Laurent, représenté étendu sur le gril sous les bourreaux. Dans la nef, un chapiteau montre la Vierge à l'Enfant et un autre un décor de feuillage aux tiges entrecroisées.
Les vitraux, au nombre de six dans la nef et l'abside, sont l'œuvre du maître-verrier Louis-Victor Gesta; quatre verrières de la nef et deux de l'abside sont inscrites à l'Inventaire général, les deux vitraux des chapelles étant de simples motifs géométriques. L'ornementation intérieure comprend un maître-autel et deux autels secondaires datés de la fin du XIXe siècle; le maître-autel en marbre blanc repose sur une structure de briques et présente une arcature aveugle et des colonnettes de marbre rouge, tandis que le retable principal porte un décor de rosaces, d'entrelacs et de figures religieuses. Les autels de la Vierge et du Sacré-Cœur possèdent des décors sculptés et dorés; le retable sud est daté de la seconde moitié du XVIIe siècle et le tabernacle de l'autel sud porte un agneau couché sur le livre aux sept sceaux ainsi que divers motifs sculptés.
Plusieurs tableaux et peintures sont protégés à l'Inventaire général, dont le Martyre de saint Laurent (1760), une Déploration et un Saint Louis recevant l'habit du Tiers Ordre franciscain; une peinture murale de 1840 orne la chapelle des fonts baptismaux mais est en grande partie masquée par du mobilier. Parmi les objets mobiliers figurent un Christ en ivoire classé, deux confessionnaux du premier quart du XIXe siècle, une chaire à prêcher aux éléments datés des XVIIe-XVIIIe et XIXe siècles, ainsi qu'un lutrin inscrit à l'Inventaire. L'église possède trois cloches : une cloche de chœur datée 1756 avec une inscription indiquant sa fabrication à Bordeaux, une cloche de clocher de 1890 œuvre d'Émile Vauthier et une cloche nommée Geneviève, fondue par Cornille-Havard et datée de 2000; ces cloches sont inscrites à l'Inventaire général.
Autour de l'église, une croix de carrefour du XVIIIe siècle, inscrite à l'Inventaire, se trouve à l'intersection des routes de Budos et de Landiras; la croix de cimetière a été déplacée en 1830; une borne paroissiale du XVIIe siècle, gravée de la croix de saint Martin et du gril de saint Laurent, est également répertoriée et semble avoir été remplacée par un Christ en croix. La chapelle Saint-Roch, d'origine XIIe siècle et aujourd'hui disparue, est inscrite à l'Inventaire général du patrimoine culturel.