Origine et histoire de l'Église Saint-Lazare
La collégiale Saint-Lazare d'Avallon, située dans l'Yonne en Bourgogne, est une ancienne collégiale de style roman dont le grand portail remonte au XIIe siècle et qui est dédiée à saint Lazare. L'édifice, classé au titre des monuments historiques en 1840, faisait partie d'un chapitre de chanoines et était le siège d'un archidiaconé de l'évêché d'Autun. Sa fondation remonte à une origine ancienne; le comte Gérard (ou Girard) aurait souhaité sa création et l'église primitive, placée sous le vocable de Notre-Dame, se trouvait à l'intérieur de l'enceinte du château. De cette première église du Ve siècle il ne subsiste qu'une petite crypte retrouvée sous le chœur en 1861. Peu après l'an 1000, une relique de saint Lazare donnée par Henri le Grand, duc de Bourgogne, attire les pèlerins en route vers Saint-Jacques de Compostelle et entraîne des dons importants; la collégiale conserve le nom de Notre-Dame jusqu'en 1146 avant de prendre celui de Saint-Lazare. Reconstruite en 1080 selon un plan rappelant les anciennes basiliques, elle présente un chœur voûté en quart de sphère, des arcades en plein cintre, deux chapelles en demi-cercle et une partie des bas-côtés; la nouvelle église fut consacrée par le pape Pascal II en 1106. Au XIIe siècle, l'abbaye de Cluny fit édifier une façade remarquable dont subsistent aujourd'hui deux portails ornés de colonnes torses et de riches sculptures décoratives. L'édifice a subi plusieurs calamités naturelles : la foudre en 1589, des vents en 1601 qui détruisirent des clochetons, puis une tempête en 1633 qui renversa la grande tour et le clocher et fit s'effondrer la première voûte de la nef. Le chapitre releva partiellement le portail et fit édifier en 1670 la tour visible aujourd'hui. D'importants travaux de restauration eurent lieu entre 1860 et 1865 : déblaiement du sol, repositionnement des tombes anciennes et installation d'un grand buffet d'orgues sculpté en 1864. Sur le plan architectural, l'édifice relève de l'école de Bourgogne ou de Cluny du XIIe siècle, reconnue pour l'élégance de ses sculptures; Victor Petit a évoqué la présence d'ouvriers venus de Cluny ou d'Autun. La voûte en cul-de-four de l'abside est caractéristique de la période, tandis que les fresques qui l'ornent datent du XIXe siècle. La collégiale présente des irrégularités de plan : la façade n'est pas perpendiculaire à l'axe de la nef et le chœur est situé 2,50 m en dessous du portail, la dénivelée étant rattrapée par 17 marches et de grands paliers obliques. La chapelle droite du chœur, dotée de stalles destinées aux chanoines, est décorée de peintures en trompe-l'œil du XVIIIe siècle. Le bas-côté sud conserve plusieurs œuvres : une statue en pierre de saint Michel terrassant le dragon (XIVe siècle), une sculpture de sainte Anne et de la Vierge (fin XVe siècle) et des statues en bois peint du XVIIe siècle. Dans la tribune qui surplombe la nef se trouve le grand buffet d'orgue sculpté posé en 1864. La façade conserve deux portails, le portail nord ayant disparu lors de la chute de la tour; Victor Petit les qualifiait de chefs-d'œuvre de la sculpture décorative. Les voussures du grand portail présentent cinq cordons sculptés au décor végétal, alternant colonnes torses et colonnes droites et ornées de nombreuses statuettes. Une grande statue-colonne du XIIe siècle, d'environ deux mètres, représentant un prophète et provenant de l'ancien portail, est visible sur le jambage droit; elle avait été réemployée au XVIIe siècle dans les abat-sons de la tour puis descendue en 1907. Un moulage du grand portail est présenté dans l'aile Est du palais de Chaillot, à la Galerie des moulages du Musée des monuments français. Le petit portail, vraisemblablement refermé vers la fin du XVIe siècle, est surmonté d'un linteau et d'un tympan dont les sculptures ont beaucoup souffert en raison des intempéries et des mutilations liées à la Révolution française. Une grande partie du parvis actuel occupait autrefois le cimetière paroissial, supprimé en 1724. À droite de la collégiale, la salle Saint-Pierre conserve le vestige de l'ancienne église paroissiale Saint-Pierre : une vaste salle voûtée, divisée en deux nefs par des colonnes centrales et reconstruite à la fin du XVe siècle sur des piliers très anciens. Un mur a ensuite séparé ces nefs, l'une devenant chapelle proche de Saint-Lazare et l'autre appartenant à la Fabrique; la salle a servi au XIXe siècle d'école et de pensionnat puis accueille aujourd'hui des expositions temporaires, après avoir reçu des artistes comme Gérard Titus-Carmel, SylC, Éric Michel et Dominique Albertelli. L'église Saint-Pierre possédait un clocher renversé en 1633, qui n'a pas été reconstruit.