Origine et histoire de l'Église Saint-Léger
L'église Saint-Léger d'Agnetz, entièrement en pierre de taille, constitue un des exemples les plus aboutis des formules gothiques rayonnantes dans le Beauvaisis rural et porte la marque de l'influence rémoise. Implantée sur un coteau, elle présente un plan régulier résultant de plusieurs campagnes de travaux et comporte une crypte sous la sacristie liée à la forte déclivité du terrain. Le village est mentionné dès 1152; la construction commence au XIIIe siècle par les bas‑côtés, puis la nef rayonnante de quatre travées est élevée vers le milieu du siècle. Le transept, la travée droite du chœur et les chapelles latérales sont édifiés à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, la croisée supportant un clocher central trapu. Des différences dans le tracé des remplages indiquent une interruption du chantier entre le milieu et la fin du XIIIe siècle, reprise vers 1270‑1280 selon les études. Les voûtes, à l'exception de celles de l'abside, sont généralement rattachées à la seconde moitié et à la fin du XIIIe siècle, mais leur datation fait l'objet de débat entre les chercheurs. L'abside à pans coupés, de style flamboyant, est ajoutée à la charnière des XVe et XVIe siècles, et son achèvement est précisé par des éléments datés des années 1520‑1540. Une sacristie de facture renaissante est apposée au milieu du XVIe siècle; elle comporte une fausse crypte accessible depuis la chapelle Saint‑Christophe et abrite le groupe sculpté de la Mise au tombeau (milieu du XVIe siècle). Malgré l'étalement des campagnes, la façade occidentale, la nef, le clocher et le chevet forment un ensemble d'une homogénéité remarquable, tandis que des particularités de maçonnerie — notamment des assises inférieures en moellons sur le collatéral nord — témoignent des tâtonnements des maîtres d'œuvre du XIIIe siècle. L'ampleur des volumes, étonnante pour une paroisse rurale, s'explique en partie par l'étendue et la prospérité anciennes du territoire paroissial. L'édifice a subi divers sinistres et dommages : la charpente et la tour de la croisée ont été incendiées en 1743, la Révolution a endommagé la Mise au tombeau, et l'ouragan de 1876 provoqua la destruction de toitures qui furent ensuite reconstruites. Classée au titre des monuments historiques le 9 septembre 1850, l'église a connu de nombreuses campagnes de restauration aux XIXe et XXe siècles, avec des interventions notables sur le clocher, les toitures, le chœur et les vitraux; des travaux plus récents sont recensés en 1924, 1962, 1980 et 1983. Malgré des restaurations parfois discutées, l'église conserve un mobilier et des vitraux anciens ainsi que des sculptures remarquables qui témoignent de son histoire et de son rôle paroissial.
