Origine et histoire de l'Église Saint-Léger
L'église Saint-Léger, la plus grande de Cognac, est une ancienne prieurale bénédictine devenue l'église paroissiale principale de la ville ; elle est classée monument historique depuis le 28 mai 1883 et se situe au cœur du centre historique, à l'intersection des rues Aristide-Briand et d'Angoulême. L'édifice actuel succède à une première construction en bois du XIe siècle et sa construction en pierre commence à partir de 1130, avec des apports successifs qui expliquent la coexistence de styles saintongeais, angoumoisin et périgourdin dans un assemblage unique pour la région. La façade, bel exemple du XIIe siècle de la tradition romane saintongeaise, présente un portail à quatre voussures richement sculpté, dont la voussure supérieure illustre les signes du zodiaque et les travaux des mois. Ces voussures, ainsi que frises et chapiteaux, sont ornées de motifs végétaux et d'images historiées; on y relève une inversion inexplicable entre Sagittaire et Scorpion, la représentation du Cancer par une tortue et la présence d'une coquille Saint-Jacques qui suggère un rôle de relais pour le pèlerinage vers Compostelle malgré l'éloignement de la route principale. La façade, large d'une dizaine de mètres, s'organise en trois registres et se prolonge par une grande rosace à remplage flamboyant du XVe siècle inscrite entre colonnes engagées, tandis que le sommet est dominé par un fronton triangulaire sobre.
Les travaux se poursuivent aux XIIIe et XIVe siècles : le transept et le chœur sont partiellement reconstruits au XIIIe siècle, puis les coupoles originelles de la nef sont remplacées au XIVe siècle par des voûtes d'ogives prismatiques reposant sur des piles et des faisceaux de colonnes engagées. Deux chapelles latérales sont ajoutées au XIVe siècle, et la façade reçoit au XVe siècle sa large rosace, don attribué à Jean d'Orléans. L'église est également fortifiée à la même époque avec un chemin de ronde. Les guerres de Religion entraînent une brève conversion en temple protestant à partir de 1598, entraînant des destructions partielles des sculptures du portail ; en 1622 une communauté de religieuses bénédictines s'installe dans l'ancien prieuré et en est chassée en 1792.
Au XIXe siècle, Paul Abadie dirige une restauration importante entre 1845 et 1860 qui donne notamment au chœur un décor néo-gothique, remet en état fresques et modillons et installe des galeries ; il n'achève pas l'intervention sur la façade. En 1861 les grandes orgues sont placées sur une tribune derrière le maître-autel et un buffet conçu par les établissements Boccière est installé ; l'instrument, restauré en 1990, compte aujourd'hui 39 jeux dont trois en chamade. Le XXe siècle voit d'autres aménagements, comme l'installation de la chapelle Saint-Pierre en 1960, puis une campagne de restauration générale menée de 1995 à 1999 qui a permis notamment des nettoyages et des constations sur les peintures et les clefs de voûte.
La nef unique, longue d'environ 31,7 mètres et large de 11,1 mètres, est divisée en deux travées et animée par des arcatures aveugles groupées par trois, surmontées d'une corniche à modillons et d'une tribune. Deux tableaux d'auteurs inconnus y sont accrochés, dont une copie de la Dormition de la Vierge d'après Le Caravage. Le transept, refait au XIIIe siècle, présente une croisée d'ogive quadripartite et des croisillons voûtés en six parties ; il abrite la chaire monumentale en acajou datée de 1853, un tableau de Jacques Blanchard représentant l'Assomption (1629) et diverses chapelles dont l'une conserve une Pietà en marbre de Carrare attribuée à Paulo Triscornia di Fernando. Le croisillon nord porte une chapelle romane voûtée en coupole qui soutient un clocher à quatre étages aux baies variées, surmonté d'une flèche en ardoise d'allure XVIIIe.
Le chœur, long de 24,2 mètres et large de 11,2 mètres, est voûté par des croisées d'ogives quadripartites et entouré de stalles en bois du XVIIe siècle ; son chevet plat s'ouvre sur une grande verrière rayonnante représentant, dans sa partie supérieure, Dieu, le Christ, l'Esprit et les apôtres, et, en partie inférieure, quatre évêques saints dont Ausone, Eutrope, Caprais et Léger ; ce vitrail, fortement endommagé par un incendie en 1990, a été restitué à l'identique. Deux collatéraux, larges d'environ 4,45 mètres, forment les chapelles latérales du Sacré-Cœur et de la Vierge, couvertes de croisées d'ogives et décorées de fresques du XIXe siècle.
La chapelle du Sacré-Cœur conserve un retable doré du XVIIe siècle à colonnes torses et un autel du XVIe siècle offert par la famille Chesnel ; le vitrail qui la surmonte évoque deux bougies stylisées et contient quatre scènes évangéliques, réunies selon des thèmes complémentaires. La chapelle de la Vierge, dotée d'un retable en marbre blanc du XVIIIe siècle, présente des vitraux sud composés de dix-huit scènes de la vie de la Vierge agencées par regroupements thématiques plutôt que de façon strictement chronologique ; deux cœurs sont enchâssés dans les murs de cette chapelle, ceux du chevalier Otard et de Jean de Monbron.